Vendre des cuisines haut de gamme à Paris est une chose. Vivre de la même activité en Balagne en est une autre. Onze ans après ce pari audacieux, Thomas Suzzoni ne s’était clairement pas trompé. Dans sa boutique-showroom de 300 mètres carrés située au premier étage de la résidence Les 3C à L’Île-Rousse, l’entrepreneur revient sur un parcours insolite.
LIRE AUSSI : Entrepreneur face à la crise : les paris audacieux de Thomas Suzzoni
Balanin de cœur et d’origine a grandi à Montauban, laissant toutes les chances de revenir à la campagne. Après l’obtention d’une maîtrise de commerce à l’université de Toulouse, le jeune homme entame une vie professionnelle qui l’amène rapidement dans la capitale. Bon artisan, le métier de cuisiniste lui convient parfaitement.
« Faire des cuisines, c’est de l’électricité, de la plomberie, de la peinture, des meubles, du bois, énumère le chef d’entreprise. Je suis artisan, j’aime mon travail et je ne me suis pas vu salarié de toute ma vie. En 2006, j’ai acheté une boutique à la région parisienne, d’une dame qui le faisait depuis 48 ans. Il m’a accompagné pendant la transition et m’a beaucoup appris. »
Le chiffre d’affaires du magasin de Suresnes, dans les Hauts-de-Seine, a augmenté en quelques années seulement. Il s’est vite montré même trop petit.
Pratique et design
Thomas Suzzoni s’est découvert une passion pour les cuisines haut de gamme, le design et la qualité des marques prestigieuses. Mais à chaque fois qu’il revenait dans ses villages de Lumiu et Lavatoghju, il réfléchissait de la même façon : « J’ai remarqué qu’il manquait en Balagne un magasin de cuisine haut de gamme. A cette époque, il y avait Mobalpa, qui faisait déjà de belles cuisines. un manque de vrai matériel haut de gamme de tous ces merveilleux terrains pour équiper des villas montantes.Les gens avaient le réflexe d’aller à Bastia pour avoir des cuisines ou même acheter directement en région parisienne.Alors je me suis lancé.Vivre en Corse n’était pas mon but à Mais j’ai pensé que ça pouvait marcher. J’ai calculé mon seuil vital et j’ai commencé.
LIRE AUSSI : Thierry Marx, un chef étoilé, innovant en cuisine et engagé socialement
En 2011, Thomas Suzzoni déménage sa boutique, mais aussi sa maison et sa famille à L’Île-Rousse pour un nouveau challenge. Des espaces commerciaux sont disponibles à Ferrandini Gallery. Seul, sans grands moyens, mais avec passion, il se met à proposer une cuisine d’exception.
« Le top niveau de l’assortiment, des matières nobles, une production européenne et surtout durable, vante l’entrepreneur. Un tel objet que l’on garde et transmet de génération en génération. On ne choisit rien au hasard. Il y a toujours l’intérêt et les prix correspondent au produit. »
Des cuisines bien faites
Ainsi, Suzzoni peut proposer des cuisines design à partir de 7 000 euros ainsi que des produits de luxe à partir de 100 000 euros. Une grande différence, qui s’explique par la qualité des matériaux, ainsi que les détails de finition.
« Je suis un professionnel et j’aime particulièrement la relation avec mes clients. Je prends autant de plaisir à cuisiner avec un budget de 8 000 euros que pour quelqu’un avec un budget de 50 000 euros. C’est tellement de patience, tellement de temps de travail. Cela me rend particulièrement heureux lorsqu’un client à faible revenu m’achète un produit. Des années plus tard, ces clients sont tout aussi satisfaits de l’achat. Mon principal intérêt est que mes cuisines soient bien faites. Qu’elles soient pratiques, mais aussi élégantes. . »
Des clients Cortenais
En 2016, Thomas Suzzoni décide de mettre fin à ses activités avec la vente de mobilier design. Il rachète alors une boutique à Calvi. « Dans les cuisines, nous avons souvent besoin de tabourets, de chaises, d’éclairage, etc. » Malgré l’incertitude des affaires, l’entreprise a parcouru un long chemin à ce jour. L’an dernier, le patron a décidé de réunir ses deux magasins en un seul lieu, la résidence 3C à L’Île-Rousse.
LIRE AUSSI : Accord vins et mets pour les fêtes : le sommelier cuisinier à la baguette
« C’est vrai, cette proportion n’a jamais existé dans l’entreprise. Actuellement, j’emploie cinq commerciaux, deux installateurs et un comptable. Le chiffre d’affaires de la partie cuisine est d’environ 650 000 €, la partie mobilier est suffisamment complète. La cuisine reste mon activité principale. Mais le créateur de mobilier évolue aussi. Et professionnellement, je m’amuse, je me régale. »
Les réseaux sociaux permettent à Thomas Suzzon de promouvoir sa boutique en dehors de la Balagne. Grâce à quelques objets subtilement mis en valeur sur la toile, il parvient à attirer les visiteurs de Nebbius et de la Corse centrale. De plus en plus de clients aiment offrir de petits cadeaux, de quelques dizaines d’euros à quelques centaines tout au plus. La présentation d’objets et de mobilier d’intérieur et d’extérieur permet désormais à un large public de trouver ce qu’il recherche. Ce qui bouleversait une certaine réputation qui voudrait que « tout se paye d’une main chez Suzzoni ».
L’idée n’est peut-être pas parfaite, mais l’entrepreneur a réussi à implanter en Balagne ce qui n’existait pas auparavant.