Bassin d’Arcachon : un retraité handicapé pris en charge a failli…

Par Bruno BéziatPublié le 05/01/2023 à 14h40 Mis à jour le 05/01/2023 à 21h44

Après la vente d’une modeste maison-tour locative, le nouveau propriétaire a voulu expulser le travailleur retraité, handicapé et soignant. Le tribunal l’a débouté en raison de la faiblesse de l’employeur

C’est une histoire qui couvre la crise du logement des personnes modestes du bassin d’Arcachon, et le boom immobilier qui s’est emparé du quartier. Aujourd’hui âgé de 78 ans, Francis est locataire depuis 2011 d’une partie d’une maison très modeste clôturée. A l’intérieur, une pièce avec une cuisine aux équipements limités et un fauteuil en guise de salon, avec une petite pièce à côté d’une salle de bain très insolite. Un petit terrain complète cette location qui pourrait certainement…

C’est une histoire qui couvre la crise du logement des personnes modestes du bassin d’Arcachon, et le boom immobilier qui s’est emparé du quartier. Aujourd’hui âgé de 78 ans, Francis est locataire depuis 2011 d’une partie d’une maison très modeste clôturée. A l’intérieur, une pièce avec une cuisine aux équipements limités et un fauteuil en guise de salon, avec une petite pièce à côté d’une salle de bain très insolite. Un petit terrain complète cette location qui mériterait certainement une bonne remise en état. C’est l’univers de ce retraité, mais c’est le sien et il s’y dit heureux.

Il est vrai que cette maison est située au calme, au bout d’une impasse dans le quartier prisé de Biganos qui mène à la baie, dans un secteur boisé et agréable. Le secteur alimente clairement la demande immobilière en raison de la hausse des prix et des loyers. François louait à un propriétaire avec qui il entretenait de bonnes relations, pour 500 euros par mois tout compris et le propriétaire payait les charges, avec le loyer donné au départ. Mais au décès du propriétaire, sa fille a vendu en 2020 les maisons adjacentes, dont celle du locataire retraité, à deux associés qui n’étaient pas dans leur activité immobilière d’origine.

« Comportements abusifs »

Les nouveaux propriétaires ont rapidement entamé l’ancienne méthode du « de la vente », qui est légale tant que la loi stricte est respectée, en particulier la vente de biens. En d’autres termes, il s’agissait d’expulser François. Seuls ces derniers sont dans une position particulière. Bien qu’il ait travaillé toute sa vie comme maçon, ouvrier métallurgiste, puis dans une entreprise de travaux publics pendant trente-quatre ans, ce Boian septuagénaire dispose de revenus très modestes. Il souffre également d’un handicap qui l’empêche de marcher normalement. Il est également sous tutelle, avec un budget très strict. François n’envisage pas de partir et ne saura pas « où aller » selon ses dires.

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Le voisin avec qui il s’est lié d’amitié a été choqué par cette demande d’expulsion de la maison et l’a aidé à se défendre devant le tribunal de grande instance d’Arcachon. En mars de l’année dernière, un juge a rejeté les demandes des propriétaires et les a condamnés à payer au retraité 2 000 euros pour « comportement abusif et criminel ». Comme prévu, la cour n’est pas facile. On y lit : « La notification est invalide, faute de pouvoir vérifier le fait de la vente du bien […] la notification a été émise deux mois après l’acquisition sans contact préalable avec un ancien locataire, sans chercher à trouver un solution amiable en raison de sa faiblesse. […] L’irrespect (du locataire) et le non-respect des lois à son encontre est un abus de comportement moral qui déstabilise une personne mature et s’affaiblit facilement ». Pour le juge, « le bail donné a été renouvelé ».

Électricité coupée

En mars, François envisagea de nouveau le silence dans sa résidence. Mais en décembre, lorsque le froid s’est installé sur le bassin d’Arcachon, l’électricité a été coupée par ses propriétaires. Puis son voisin vient le chercher, alerte le gardien, Engie, et lui ordonne de le remettre à la gendarmerie. Le courant a finalement été rétabli après cinq jours. Pourquoi est-ce coupé ? Les propriétaires lui demandent de l’électricité gratuite d’un montant de 932 euros pour les factures de 2021 et 2022. Et ils lui ont mis en demeure de signer le contrat d’électricité à son nom, ce qui n’était pas le cas jusqu’à présent. En effet, ils ont résilié le contrat d’immatriculation souscrit à leur nom auprès d’Engie, et ils l’ont prévenu début novembre par courrier.

Si des charges sont incluses dans le loyer, il s’agit d’arrangements d’honoraires, et de toute façon une régularisation annuelle doit être faite, ce qui n’était pas le cas. Le locataire doit payer autrement l’électricité qu’il utilise. Et nous ne réclamons pas la totalité des factures d’électricité depuis que la propriété a été achetée », a expliqué l’avocat des propriétaires. L’un d’eux, qui a contacté « Sud Ouest », a ajouté que « la résiliation de l’abonnement a été faite en accord avec le tribunal et le tuteur suite à un courrier de notre avocat ». Le différend énergétique serait en cours de résolution. Le retraité avait également informé le maire de Biganos de sa situation. Ce dernier s’est contenté d’annoncer à « Sud Ouest » qu’il était « étonné qu’on veuille sortir une personne âgée handicapée ». Début 2023, François n’a plus à craindre l’expulsion.