Bathsimply (35). Dans tout le processus de collecte de fonds, il a vaincu près d’une centaine d’entreprises de construction

Alexandre Moison a beaucoup d’idées. Surtout, il connaît à portée de main les points douloureux des artisans du bâtiment. C’est la construction d’une « maison, pour lui » qui décroche et il crée, à 23 ans, Amelec, une entreprise d’électricité et de plomberie basée à Renac (35). Une quinzaine d’années plus tard, c’est avec le produit de la vente de cette même petite maison qu’il investit dans Batisimply, une application numérique de suivi de sites. Une première version est déjà commercialisée, adoptée par environ 700 utilisateurs. Les retours sont excellents. Double lauréat aux derniers Trophées du numérique Crisalide, Alexandre Moison vient de lancer une campagne de financement participatif. Rien ne semble pouvoir l’arrêter.

C’est dans le village de CA Ille-et-Vilaine que nous rencontrons Alexandre Moison suite à un programme d’accélération sur mesure. A 38 ans, de formation électrotechnique, l’artisan est à la tête d’Amelec, une PME basée à Renac en Ille-et-Vilaine, qui emploie une quinzaine d’ouvriers et génère 1,5 million d’euros de facturation. Très investi dans la fédération française de la construction depuis sa création, il est également président de la FFB du pays de Redon.

Lutter contre l’usure professionnelle

L’entrepreneur résume ainsi son quotidien : « Être artisan, c’est parcourir en moyenne 60 000 km par an, répondre à 80 appels téléphoniques et 50 mails par jour. Après tout ce qui est fait, il nous reste à faire nos coûts, nos études techniques, nos approvisionnements, etc. L’avènement d’Internet et des smartphones : Franchement, nous n’étions pas prêts à absorber cette accélération de la vitesse des échanges. Les erreurs de coordination entre le contremaître et les équipes sur le terrain n’ont fait qu’augmenter et le stress aussi. De nombreux artisans sont épuisés. La transition numérique, nous avons raison. Elle doit nous permettre de gagner en efficacité, d’améliorer notre rentabilité et, en somme, de retrouver l’équilibre entre vie privée et vie professionnelle, informe le PDG. C’est pourquoi j’ai créé Batisimply. »

Suivre en temps réel l’avancement du chantier

L’aventure commence en 2020. L’artisan rejoint l’équipe 1Kubator à Rennes. « Mon idée était de créer le « Facebook » des artisans, ceux qui emploient entre 5 et 20 ouvriers, à partir duquel ils pourraient suivre et partager en temps réel avec le terrain, les plans de chargement, les documents techniques… Mais aussi gérer les plannings des employés et lieux, échanger via la messagerie, recevoir des notifications lorsque les plans changent… Bref, suivre l’évolution du lieu avec validation des horaires par les accompagnants ainsi que le budget. À l’intérieur de l’incubateur, vous présentez votre idée à des experts, obtenez autant de commentaires que possible et commencez à créer votre communauté d’utilisateurs. « Mon obsession était de créer un outil simple et intuitif, accessible à tous. Alexandre Moison a fait appel aux compétences de Ronan Bouchard, expert en développement numérique et maintenant co-actionnaire de Bativision, l’entreprise derrière Batisimply. « On s’est focalisé sur les points douloureux des collègues. Camions mal préparés, manque de matériel, mauvais plans, l’information dans le métier artisanal n’est pas sécurisée. De plus, c’est souvent la propriété du seul dirigeant. Une première version de Batisimply est mise en ligne marché au printemps 2022 avec 700 utilisateurs, soit 70 entreprises clientes. « Ils sont de toutes tailles et représentent tous les métiers. »

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Un marché cible de 180 000 artisans

Batisimply est disponible sur tous les app stores, aux formats tablette et smartphone. Le modèle économique repose sur un abonnement annuel de 890 euros auquel il faut ajouter 100 euros par accompagnateur. « Ce prix, en moyenne de 1 800 euros par entreprise, comprend un accompagnement de toute l’équipe pour prendre en main l’outil. La pédagogie est fondamentale, notamment parce qu’alors qu’on évangélise le marché, on se rend compte qu’il est peu digitalisé. Le marché cible de Batisimply représente 180 000 artisans, ce qui signifie que le potentiel est suffisamment important pour investir et grandir. C’est du moins le souhait d’Alexandre Moison qui entend consacrer 100% de son énergie au lancement et au développement de nouvelles fonctionnalités. Ayant déjà investi 250 000 euros dans son projet avec le soutien de la Région Bretagne, Bpifrance, BNP et CIC, il vient de lancer une campagne de crowdfunding sur WE DO GOOD. « Nous visons entre 800 000 et 1 million d’euros. L’objectif est de recruter deux développeurs supplémentaires et un commercial. Nous passerons de 3 à 6 personnes, nous structurerons l’entreprise et surtout nous continuerons à améliorer l’application. Village by CA, je m’épanouis énormément. Ici, on crée un produit avec des retours constants des utilisateurs. Cette agilité, je ne l’ai jamais trouvée dans l’artisanat ou dans l’industrie. C’est aussi ce qui me pousse à continuer », conclut le dirigeant qui attend 200 clients. entreprises d’ici fin 2023, 400 d’ici fin 2024.

Ce parcours exemplaire a été récompensé jeudi 24 novembre lors de la remise des trophées Crisalide Numérique organisée par la CCI Ille-et-Vilaine et Bretagne Compétitivité. Il récompense les entreprises bretonnes qui intègrent les usages numériques innovants dans leur activité, leur organisation et leurs marchés. Exceptionnellement, Alexandre Moison a reçu lors de cette soirée deux prix pour sa solution Batisimply, celui du jury et celui du public.