La préfecture d’Ille-et-Vilaine a signé, mercredi 14 décembre 2022, un arrêté relatif à la limitation ou à l’interdiction temporaire des prélèvements et usages d’eau dans le département d’Ille-et-Vilaine. Le département a abaissé d’un cran son niveau d’alerte sécheresse, et passe désormais au niveau « vigilance ». C’est le seul département de Bretagne dans lequel un niveau d’alerte persiste. Explications.
Le Comité de Gestion des Ressources en Eau (CGRE) d’Ille-et-Vilaine, composé de différents acteurs tels que Météo France, le BRGM, et des acteurs du monde agricole, s’est réuni à nouveau pour le 13- la première fois depuis la mi- mars, signe que la sécheresse s’inscrit dans la durée cette année précise la préfecture dans un communiqué. C’est l’évaluation de l’état de la ressource en eau et de la situation météorologique durant l’année en cours et notamment les mois de novembre et décembre qui ont conduit les autorités à décider de maintenir l’Ille-et-Vilaine en vigilance face à la sécheresse et suivant les recommandations de l’EMRC.
Météo France a fait les calculs. L’Ille-et-Vilaine connaît un déficit pluviométrique de 24 % cette année. Alors que le cumul pluviométrique moyen est de 760 mm sur les trente dernières années, le département n’a enregistré en moyenne que 585 mm de chute depuis janvier dernier.
Tous les mois ont cessé de pleuvoir cette année, à l’exception d’une légère amélioration en septembre et novembre. Et pas de précipitation annoncée pour les prochaines semaines dans le département ! La situation va empirer, prévenons-nous.
Nous aurons une des années les plus sèches comme en 1976 et 1989. Nous n’avons pas récupéré assez de pluie de cet été sec et l’automne n’a pas été assez humide en Ille-et-Vilaine. Des phénomènes d’hypotension préviennent la Bretagne. L’enjeu est d’espérer qu’ils pourront remplir les réserves en janvier, février et mars prochains, avant le printemps.
Le décret de vigilance vise avant tout à pouvoir continuer à approvisionner la population en eau potable. Avec un million d’habitants, l’Ille-et-Vilaine est le département breton le plus peuplé. Cependant, comme toute la Bretagne, le département est situé sur le massif armoricain avec peu de nappes souterraines : 73 % de l’eau potable prélevée par le département est d’origine superficielle (rivières, barrages) contre 27 % d’origine souterraine (forages, puits) . , drainage).
Les eaux de surface étant plus sensibles, les risques pour la ressource sont plus importants. Pas de grande rivière même pour servir de point d’approvisionnement, précise le Syndicat Mixte de Gestion de l’eau potable 35.
Notre crainte est d’avoir un hiver sec qui risque de ne pas remplir les eaux souterraines et de ne pas remplir les neuf barrages qui alimentent le département en eau potable. Certains ont récupéré après les pluies de novembre, mais il y a des secteurs déficitaires.
Administrateur du Syndicat Paritaire de la Gestion de l’Eau Potable 35
Si certains barrages ont pu remplir un peu leurs réserves avec les pluies de novembre, d’autres restent à des niveaux bas. C’est le cas des barrages de Mirloup et de Beaufort dans le secteur de Saint-Malo.
A Vitré, même contexte sur le barrage de la Volière. Et surtout, inquiétude sur le barrage stratégique de Chèze ; qui sert à approvisionner l’agglomération rennaise et à assurer les secteurs voisins en cas de déficit. « Sur le barrage de la Chèze, il y a actuellement environ 4 millions de mètres cubes de moins que l’an dernier » précise Antoine Deconchy. Une note d’optimisme malgré tout selon lui : « Les messages de prévention semblent toucher la population. On constate une baisse de la consommation d’eau des ménages depuis le mois d’août, mais cela reste à confirmer ».
Bien que le niveau de sécheresse n’impose plus de restrictions ou de limitations à l’utilisation de l’eau, le Préfet invite les particuliers, industriels, collectivités et agriculteurs à poursuivre leurs efforts, sur la base du volontariat, pour réduire la consommation d’eau.