Comment le changement climatique va-t-il se manifester en France ? Qu’est-ce qui a déjà changé ? Combien de gaz à effet de serre la France émet-elle et comment ? Reporterre décrit le phénomène de notre époque au niveau national.
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1. Quels sont les indicateurs du réchauffement ?
2. Comment sommes-nous français déjà touchés ?
3. Combien de gaz à effet de serre la France émet-elle ?
4. Quels sont les principaux secteurs qui génèrent des émissions ?
1. Quels sont les indicateurs du réchauffement ?
🔸 Les hivers s’estompent et les canicules se multiplient
Le rythme s’est accéléré depuis les années 1980. La température moyenne annuelle en France métropolitaine a atteint 14,1 °C en 2020, dépassant la norme de 2,3 °C (la « normale » est fixée par rapport à la période de référence 1961-1990).
L’année 2020 se classe ainsi au premier rang des années les plus chaudes de la période 1900-2020, devant 2018 (13,9°C) et 2014 (13,8°C).
Les températures de l’été 2019 de 46°C dans le sud de la France et de près de 43°C en région parisienne sont le résultat direct du changement climatique. Et en juin 2022, la France, l’Espagne et les pays du Maghreb ont connu une « canicule exceptionnelle dans leur précocité » en juin, a relevé Météo France. En France comme ailleurs, ce phénomène est appelé à s’aggraver.
De toutes les conséquences du réchauffement climatique, celle-ci est la plus alarmante car elle est irréversible (à moins que nous ne connaissions une nouvelle ère glaciaire à grande échelle, ce qui n’est pas prévu). Le rythme s’accélère : + 1,3 mm/an jusqu’en 1971, mais + 3,7 mm/an à partir de 2006 [4]. La France est évidemment concernée par ses 7 000 km de côtes (dont 1 500 km outre-mer). Les mesures satellites les plus récentes et les plus fiables montrent que le niveau de la mer sur les côtes atlantique et méditerranéenne de la France a augmenté légèrement moins que la moyenne mondiale entre 1993 et 2013.
🔸 Les épisodes méditerranéens se multiplient
🔸La neige tombe et les glaciers fondent
La température hivernale a augmenté de plus de 0,9°C. Plus généralement, en dessous de 2000 m, la période pendant laquelle la neige est au sol en hiver est passée de 34 jours à 22 jours dans les Alpes entre 1971 et 2019.
🔸 Les êtres vivants s’adaptent
2. Comment nous, Français, sommes-nous déjà affectés ?
La côte sableuse d’Aquitaine perd en moyenne 1 à 3 m/an, parfois jusqu’à 20 m lors d’une forte tempête. Les falaises de craie de la Seine-Maritime reculent d’environ 20 cm par an, mais les effondrements provoquent une perte de 10-15 m en quelques secondes.
Le long de la Méditerranée, la Camargue est lentement submergée. L’élévation irréversible du niveau de la mer amplifie-t-elle le phénomène ? On pourrait le penser, mais quantifier les effets spécifiques du réchauffement sur l’érosion côtière sableuse est aujourd’hui un défi scientifique sans réponse claire.
🔸 Montagne : White Gold End et plus
Selon une modélisation par une équipe de Météo-France, du CNRS et de l’INRAE réalisée dans 129 stations des Alpes françaises, si 45% du domaine skiable est recouvert de neige de culture, l’enneigement jusqu’en 2050 sera comparable aux années 1986-2005. Pour ceux qui skient pour gagner leur vie, la neige artificielle est une bouée de sauvetage. Mais les besoins en eau sont énormes : en moyenne environ 40 millions de m³. Les ardentes disputes portent sur l’augmentation des réservoirs d’eau pour alimenter les canons à neige en hiver.
🔸 Villes sensibles aux canicules
🔸 Moustiques, pollen, pollution : des risques sanitaires au plus haut
Aujourd’hui, une épidémie de dengue en France métropolitaine n’est pas à exclure (la maladie est déjà largement répandue dans les départements et régions d’outre-mer et les collectivités d’outre-mer). Une réémergence du paludisme, une maladie propagée par d’autres espèces de moustiques, semble hautement improbable, mais elle n’est pas totalement exclue dans les zones humides. Les moustiques sont également porteurs d’autres dangers : la leishmaniose (maladie parasitaire dont le principal réservoir est le chien) ou encore le virus du Nil occidental, dont certains cas existent dans le Sud-Est de la France. A cause du réchauffement climatique, la France pourrait bientôt être comme la Grèce et l’Italie, qui luttent contre de véritables épidémies de ce virus.
🔸 L’eau : de plus en plus capricieuse dans le ciel
🔸 Des forêts prises entre deux feux
En France métropolitaine, depuis 2018, plus de 3 000 km² de forêts publiques françaises (soit 30 fois la superficie de Paris) ont subi des taux de mortalité sans précédent. En Guyane, la plus grande forêt domaniale est également menacée par la sécheresse et la déforestation liées à l’exploitation minière et à l’élevage de bétail. En 50 ans, la moitié de la forêt française aurait pu changer de visage.
🔸 Événements extrêmes : les assureurs n’assurent plus
Les assureurs sont de plus en plus exigeants. Pour eux, les inondations en régime de catastrophe naturelle constituent le premier point d’indemnisation, avec une indemnisation cumulée de 21,6 milliards d’euros entre 1982 et 2020. Entre 1989 et 2020, le coût cumulé de la sécheresse s’élève à près de 15,2 milliards d’euros, principalement en compensation. aux propriétaires dont la propriété a été endommagée en raison du tassement des sols argileux sous l’influence de la chaleur.
Les inondations et les sécheresses deviendront plus fréquentes et plus intenses à l’avenir. Quant aux tempêtes en France métropolitaine, les prévisions scientifiques ne montrent pas d’augmentation significative de leur fréquence et de leur violence. En ce qui concerne les territoires d’outre-mer, l’avenir des cyclones tropicaux reste très incertain.
Plus de la moitié des Français sont directement concernés par le réchauffement climatique
3. Combien la France émet-elle de gaz à effet de serre ?
Au total, du fait des avalanches, cyclones et tempêtes, feux de forêt, inondations, etc., selon les experts, 62% de la population est très ou très fortement exposée aux risques climatiques.
4. Quels sont les principaux secteurs émetteurs ?
🔸 Il faut distinguer les émissions territoriales des émissions importées
Les émissions de gaz à effet de serre en France par secteur
Tous les grands secteurs connaissent actuellement des réductions de leurs émissions. Transport, industrie, agriculture, bâtiments : ce quatuor représente près de 90 % des émissions territoriales. Sans surprise, le principal gaz émis (75 %) est le dioxyde de carbone, ou CO₂, suivi du méthane (13 %), du protoxyde d’azote (9 %) et des gaz industriels fluorés (3 %).
La France a également moins réduit ses émissions agricoles que ses voisins européens. De plus, les forêts et prairies françaises tendent à stocker moins de carbone du fait de l’artificialisation rapide de certaines terres agricoles (zones d’habitation à bâtir, parkings, etc.). Les importations de soja pour l’alimentation animale et d’huile de palme pour le biodiesel contribuent également à la déforestation sous les tropiques et donc à l’affaiblissement des puits de carbone dans ces pays.
– Dossiers Reporterre : Climat, Climat : de COP en COP, Agriculture et climat.
– Rapport 2021 du GIEC sur les changements climatiques : Bases des sciences physiques, Résumé à l’intention des décideurs ; l’analyse a été résumée par Reporterre.