« Cette décision mûrement réfléchie n’a pas été facile à prendre », écrit-il dans un communiqué annonçant sa démission en tant que président de la région Grand-Est. Une décision « sera commentée ». Et pour cause, apprend-on dix jours plus tard : le président sortant de la région Grand-Est va rejoindre la société de conseil et de promotion immobilière Réalités, a annoncé vendredi la société.
« Le Groupe Réalités annonce l’ouverture à l’été 2023 de la Direction Régionale du Grand-Est. Elle sera dirigée par Jean Rottner qui, après avoir quitté la vie publique, rejoint l’entrepreneur », précise l’entreprise sur son site internet. Coté en bourse, Réalités se présente comme un « groupe d’aménagement foncier », réalisant des projets immobiliers comme l’agrandissement de l’aéroport Bauer à Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis) ou le développement d’un nouveau quartier à Saint-Ouen -Brieuc (Côtes-d’Armour).
Le 20 décembre, Jean Rottner (LR) a annoncé qu’il quittait la vie publique et se retirait « de toutes (ses fonctions) » en raison de « l’importance familiale ». Sa démission du conseil d’Etat est effective depuis vendredi. Il a également été président de la Fédération nationale des agences d’urbanisme (FNAU).
Le « oui, mais » de la HATVP
Détenue par Jean Rottner le 22 juillet 2022, avant qu’il n’annonce qu’il quittait la région Grand-Est, la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP) a indiqué dans son avis publié vendredi qu’elle « éliminait » le risque de illégalité d’intérêt, l’ancien élu ayant « tenté de n’exercer, au cours des trois dernières années », aucune activité liée à sa nouvelle entreprise. Mais le HTVP d’appeler Jean Rottner à « s’abstenir », selon le modèle de ses nouvelles activités, « de prendre toute mesure (…) des élus et des régions de la région Grand-Est et des centres publics qui en relèvent » .
« Cette annonce arrive rapidement, ce qui laisse penser qu’elle est déjà finalisée depuis un certain temps », a répondu Éliane Romani, chef de file du groupe écologiste. Jean Rottner « utilise le réseau qu’il a acquis de ses activités publiques au service d’un organisme spécifique en relation avec les collectivités, c’est la définition d’un pantouflage », a-t-elle conclu.
« Il repart avec beaucoup d’informations territoriales », s’inquiète Christophe Choserot (Renaissance), membre du groupe central et maire de Maxéville (Meurthe-et-Moselle). « Nous étions dans la revue de Sradet (NDLR : Plan régional d’aménagement, de développement durable et d’égalité des terres) il sait exactement quels seront les changements dans ce plan, quels sont les points forts et les problèmes des terres, qu’y a-t-il ? Rien . «
« Tromperie des électeurs »
Le maire de Woelfling-lès-Sarreguemines (Moselle), Michaël Weber, également membre du conseil communal, s’est dit « attristé » de voir Jean Rottner quitter ses fonctions « seulement 18 mois après son élection », un arrêté qui et fonctionnera normalement jusqu’en 2028.
Le 13 janvier, le conseil régional élira son nouveau président : Franck Leroy (Horizons), maire d’Epernay (Marne) et membre du groupe majoritaire, fait figure de favori. « C’est un problème », estime Laurent Jacobelli (Rassemblement national). « Les gens votent, mais je ne sais pas quel président et quelle politique ils auront », pointant le fait que Jean Rottner et Franck Leroy ne sont pas du même parti.