Changement climatique : l’Aude au cœur des risques à réévaluer

essentiel

Depuis mars 2022, l’Aude est le territoire d’un projet labellisé par l’Observatoire Spatial du Climat. Son objectif est d’améliorer les modèles qui déterminent le risque d’incendies de forêt qui augmentera avec le changement climatique.

L’objectif principal du SCO (Space for Climate Observatory) est clair : « Promouvoir l’adaptation aux effets complexes du changement climatique ». ALEOFEU, tagué en mars 2022 avec le projet Aude, le projet est dédié à un sujet qui a fait l’actualité cet été : les feux de forêt, qui ont laissé 62 000 ha en fumée sur tout le territoire national. Globalement – et paradoxalement – l’été chaud a été épargné, puisque 88 feux de forêt couvrant 244 hectares ont été signalés les 15 juin/15 septembre, selon la base de données Prometheus.

De l’opérationnel au prévisionnel

Mais les étés 2021 et 2019, avec respectivement 1 166 et 1 768 hectares détruits, ont clairement démontré que l’Aude est en première ligne. Entre « le changement climatique », « la dégradation du contexte naturel » et « l’évolution rapide des enjeux », tout justifie le projet ALEOFEU et son implantation à Auden. Un territoire rare, « soumis à de multiples influences climatiques, avec une grande diversité végétale », rappelle Jean-Paul Baylac, chef du service des incendies de forêt du Service départemental d’incendie et de secours (Sdis), avec pour metteur en scène Fabien Dall Occhio, roi de ALEOFEU. Cellule du Système d’Information Géographique (SIG) (DDTM) de la Direction Départementale de la Terre et de la Mer.

Les satellites à l’œuvre

Avant chaque « saison des feux de forêt », selon une cartographie des risques, et du risque incendie selon les secteurs, le Sdis prévoit ses ressources. Risque lié au couvert végétal notamment. Sauf ce que précise Jean-Paul Baylac, « dans certains secteurs, on a 20 ans de données. On peut considérer que dans un tiers du département on a des données fiables ; dans un autre tiers, un peu plus anciennes, peu fiables. ; et enfin, le dernier tiers, où nous manquons clairement d’informations. Par exemple, le Piémont à l’est des Montagnes Noires, un secteur à risque élevé à très grave. C’est ce que le Centre national d’éducation spatiale (CNES) devrait permettre d’aborder avec ses images -notamment- : « Avoir des mises à jour annuelles du territoire et non plus décennales, pour une analyse fine et détaillée du risque d’incendie de forêt ». « . Indispensable pour le côté opérationnel. D’autant plus dans un territoire où le « grand déclin de l’agriculture » change la donne, et qui crée des secteurs qui « ont parfois un comportement au feu surprenant ». Mais il est aussi prévu que l’ALEOFEU doit changer la donne : et elle doit guider le Sdis dans les décisions à prendre en matière d’urbanisme, ainsi que mieux évaluer les potentielles fragilités créées par l’installation de projets éoliens ou photovoltaïques. Julia Pineda, responsable de l’activité forêt et de la protection contre les incendies de forêt (DFCI) à la DDTM, « y voit aussi l’intérêt de données plus précises, qui permettront à l’État de prioriser les contrôles réglementaires sur le débroussaillage, notamment autour des routes, des voies ferrées ou d’aider les maires à identifier secteurs ». Précieux, souligne Jean-Paul Baylac : « Aujourd’hui, nous sommes obligés de le contrôler de première main, maison par maison. t auprès des propriétaires et cela demande du temps.

À Lire  Consultant Immobilier (H/F)

L’Aude, « un hot spot du réchauffement »

En juillet, puis en août 2022, le satellite Pléiades, avec ses images de résolution 70 x 70 cm, était programmé pour magasiner une zone de 245 km2, entre Narbonne et Lézignan-Corbières. De quoi mesurer et comparer les données concernant l’évolution de la végétation et de l’occupation du sol des limites de la ville. Pléiade sera également testée dans « des points chauds, des zones de nouvelle urbanisation, à proximité de forêts », explique Hélène de Boissezon du Cnes. Sentinel 2, associé à un autre satellite, ce sont des images de 10 m x 10 qui permettront d’enrichir les connaissances. En conséquence, les cartes de puissance firefront. Selon Jean-Paul Baylac, « on connaîtra, en 25 mètres par 25 pixels, la puissance de feu que peut atteindre une maison, une piste DFCI… Cela doit permettre d’avoir une vision globale du comportement d’un feu de forêt ». « 

Végétation et climat : se projeter

En identifiant les satellites ayant déjà traversé la même zone d’intérêt, le CNES constituera une véritable banque d’images de résolution moyenne. « 10 térabits de données, depuis 1999, prenant quatre images par mois », explique Raquel Rodriguez-Suquet. Dès 2023 Jorge-Castel Clavera, les données qui alimenteront une thèse de l’Inrae (Institut national de la recherche agricole, alimentaire et environnementale), intitulée « Analyse et modélisation de la dynamique spatio-temporelle des incendies en région méditerranéenne ». : à de nouveaux indicateurs de risque ».

L’Aude (et le Sdis) peut désormais s’appuyer sur les stations d’analyse de la végétation et l’indice météo forestier (IFM) fournis quotidiennement par Météo France pour estimer le risque de feux de forêts. Matériel déjà précieux, que l’ALEOFEU permettra d’améliorer considérablement, en premier lieu « fournir des données sur le stress hydrique sur l’ensemble du territoire, en tous points », a précisé Jean-Paul Baylac. Mais aussi d’envisager l’avenir, « avec un regard sur l’impact du changement climatique sur notre couvert végétal actuel ». Un changement qui va avoir beaucoup de poids dans l’Aude, se souvient l’ingénieure météorologue Florence Vaysse, référente territoriale de Météo France : « Quand on prend 1° à l’échelle mondiale, on prend un peu plus à l’échelle française, et même plus. La Méditerranée régions, et donc l’Aude, un point chaud ».

Le SCO au service de l’adaptation au changement

Avec des conséquences déjà pressenties par Jean-Paul Baylac : « Des espèces plus sensibles au feu, comme le pin d’Alep, sont susceptibles de s’installer à des altitudes plus élevées. Jusqu’à 700 m, au lieu de 300 à 400 actuellement » par Corbières et Hautes-Corbières être colonisé, et par conséquent, nous pourrions trouver les mêmes incendies que nous avons sur la côte aujourd’hui. » Sans oublier que « nous avons encore aujourd’hui des feux d’hiver qui deviennent aussi problématiques que des feux d’été ». Des preuves de changement déjà en cours devraient être nécessaires. C’est aussi la preuve que, pour Jean-Paul Baylac, l’acculturation de la population est nécessaire : « On continue à vouloir faire des feux d’artifice comme il y a 30 ou 40 ans, alors que le territoire a changé, principalement à cause de l’abandon et du changement climatique ». Ne devrait-on pas penser aux incendies du 1er janvier, au lieu du 14 juillet ?