Avant tout, le choix du Cloud Provider est déterminé par des contraintes métiers, réglementaires et organisationnelles. Vos limites techniques vous aideront alors à finaliser votre décision.
La crise sanitaire a accéléré la transformation digitale des entreprises il y a 10 ans selon le Boston Consulting Group. Nombre d’entre eux ont fait le choix, ou s’apprêtent à le faire, de faire le saut vers le cloud. A l’heure du « passage au cloud », il ne faut pas confondre rapidité et urgence. Adopter le cloud, c’est se poser les bonnes questions, notamment en matière d’hébergement.
Bien que le cloud présente de nombreux avantages, il a aussi une mauvaise réputation, notamment sur des modes de facturation peu clairs, des dépenses cloud non maîtrisées. Une étude récente de Veritas révèle que 94 % des personnes interrogées déclarent des dépenses cloud plus élevées que prévu. Pour ceux qui ont dépassé leurs estimations, ils prétendent que la surtaxe est de 43 %. Vous devez donner la priorité à la gestion des coûts associés au cloud.
Cela constitue la base d’une vue complète des ressources et des applications que vous hébergez dans le cloud. Trop d’entreprises choisissent de migrer vers le cloud sans se préparer à cette migration. Une erreur qui peut coûter très cher. Cela peut créer des problèmes de trésorerie, de maintenance et de sécurité, impactant négativement vos développeurs, vos clients et donc votre entreprise.
Il y a de nombreuses questions à se poser avant d’héberger vos applications dans le cloud. Quel budget ? évidemment, mais aussi quelle technologie ? Quelles priorités ? quelles sont mes applications critiques et lesquelles n’ont pas besoin de migrer vers le cloud ?
Voici comment faire les bons choix en matière d’hébergement d’applications cloud.
Hébergement cloud : faut-il opter pour un AirBnB ou un hôtel de luxe ?
L’hébergement cloud, c’est comme dans la vie. Ne vivez pas au-dessus de vos moyens.
Si se loger dans un hôtel 5 étoiles fait souvent rêver, AirBnB peut parfaitement convenir et répondre à nos attentes. L’adoption du cloud répond à la même logique. Vous ne devez pas avoir les yeux plus gros que le ventre, sinon le « nuage » peut devenir une tempête.
Vous devez donc bien identifier vos besoins, vos usages dans le respect de vos contraintes budgétaires. Quel budget puis-je allouer ? Suis-je juste un problème local/national ou multi-pays ? Quelle est la sensibilité des données à gérer ?
En utilisant ces questions de bon sens, vous pourrez éliminer de votre benchmark les acteurs qui ne correspondent pas à vos besoins et contraintes. Par exemple, si votre activité est dite « essentielle » (armement, énergie, santé), vous avez l’obligation de conserver vos données en France.
Cela réduit considérablement la liste des fournisseurs de cloud qui peuvent vous aider car tous ne disposent pas de centres de données en France ou ne sont pas certifiés par HDS (Health Data Hosts/ISO 27001. Uniquement Amazon Web Services (AWS), Google Cloud Platform (GCP) , Microsoft Azure et OVHcloud sont désormais certifiés HDS.
Quelle est ma stratégie Cloud ?
Autre exemple, si vous démarrez un e-commerce, est-il vraiment judicieux d’héberger vos données et applications sur Amazon Web Services (AWS) ? Amazon est en concurrence directe avec vous.
En matière de cloud, établir votre stratégie en amont est essentiel. C’est comme si votre parachute était en chute libre, il vaut mieux l’avoir prêt avant de plonger, sinon la chute sera dure. 2 méthodes s’offrent à vous.
Vous n’avez pas de DevOps interne : vous pouvez donc passer à l’utilisation de services gérés. De cette façon, vous simplifiez et surtout accélérez le processus de déploiement et de gestion de vos applications. Seule limitation : les services dits « propriétaires » sont majoritairement des services managés, ce qui vous obligera à effectuer un « rework » de vos applications lorsque vous devrez migrer vers un autre Cloud Provider pour telle ou telle raison.
Vous avez toutes les compétences techniques en interne : dans ce cas, privilégiez la stratégie « Cloud Agnostic » avec l’utilisation de services open source. Si cette méthode est plus compliquée au début, elle a l’avantage de réduire considérablement le coût de la migration.
Hébergement de vos applications : comment vais-je procéder ?
Il n’y a pas de bonne ou de mauvaise méthode, votre choix doit être fait en fonction de votre contexte. Avant tout, le choix du Cloud Provider est déterminé par des contraintes métiers, réglementaires et organisationnelles. Vos limites techniques vous aideront alors à finaliser votre décision.
Tout d’abord, le conteneur de vos applications est un pré-requis. Cela vous permettra de rendre votre logiciel modulaire, portable et standardisé. Par conséquent, il peut être utilisé sur n’importe quel environnement informatique et permet de gagner du temps. Vos développeurs vous remercieront. Après cette étape, vient le choix du type d’hébergement.
Vous êtes dans le monde du gaming, du trading haute fréquence, vous pouvez choisir d’héberger vos applications sur du bare metal, c’est à dire des serveurs physiques. Performances et sécurité sont au rendez-vous, mais attention tout de même : la maintenance, qui peut être à votre charge, est assez complexe et peut devenir très coûteuse et chronophage.
Une autre option consiste à héberger vos applications et vos conteneurs sur des machines virtuelles (VM). Grâce à la technologie de virtualisation et à leur hyperviseur, vous pourrez exécuter plusieurs applications et les faire coexister sur une seule VM. L’avantage de cette méthode est qu’elle est très simple à mettre en place et pratique pour les applications pour lesquelles vous souhaitez faire du lift and shift car c’est proche de ce que vous trouvez sur le défaut. En revanche, toutes les forces du cloud (et notamment les services managés) ne sont pas exploitées.
Serverless est également une autre option à considérer. Il vous permet d’utiliser votre code très facilement. Dès qu’il est prêt à l’emploi, vous pouvez le confier au Cloud Provider qui se chargera de l’utiliser sur les serveurs, sans avoir à vous soucier de leur configuration, de leur évolutivité ou de leur sécurité, qui est de leur responsabilité. Gain de temps important et gain de productivité puisque vous n’avez plus qu’à vous consacrer à la conception de votre application.
Autre avantage du serverless : sa facturation. Elle se fait à la demande, en fonction du niveau de trafic de vos applications. Pour les structures à petit budget, sans Ops et dont le trafic applicatif est aléatoire (pic saisonnier), le serverless est l’approche à adopter. Google Cloud Platform (GCP) Cloud Run, AWS Fargate et Heroku valent tous la peine d’être surveillés.
Dernière option : hébergez vos applications conteneurisées sur le système open source Kubernetes (K8) qui vous permet de personnaliser votre équipe (pile de journalisation, monitoring, CI/CD) pour automatiser le déploiement de vos applications dans les conteneurs, leur taille et leur gestion.
Cette option est à privilégier lorsque vous avez en interne les compétences fines et connaisseurs de cette technologie, de nombreuses applications à maintenir, lorsque vous souhaitez être Cloud Agnostic ou encore lorsque vous souhaitez créer des environnements à la volée.
Les meilleurs Cloud Providers pour héberger des clusters Kubernetes sont : GCP d’abord (ils ont inventé la technologie !) puis AWS et Microsoft Azure. Vous pouvez également choisir d’aller sur Scaleway, Alibaba Cloud ou Oracle Cloud qui proposent également ce type d’hébergement.
Après avoir répondu à ces questions ci-dessous, classez vos applications selon leur criticité, celles qui sont cœur de métier ou non. Faites une liste et classez-les en 3 catégories pour savoir s’ils doivent ou non migrer vers le cloud :
> Ceux que vous souhaitez laisser dans leur centre de données, car vous envisagez de les retirer ou de les rendre natifs du cloud. Cela vous ferait perdre du temps car cela prend beaucoup de temps et nécessite beaucoup de formation.
> Celles que vous ne prévoyez pas de mettre à niveau, les applications dont vous souhaitez vous épargner la maintenance. Mieux vaut se lever & déplacez-les et déplacez-les tels quels sur les machines virtuelles.
> Celles qui génèrent beaucoup de trafic, sur lesquelles l’utilisation de nouvelles fonctionnalités est importante. Ici, leur migration est recommandée pour gagner en optimisation, maintenance, productivité et agilité.