Comment les agriculteurs voient-ils leur travail ?

Il y a un mois, la Chambre d’agriculture Bourgogne Franche-Comté donnait la parole aux « producteurs » dans une vidéo sur sa chaîne YouTube pour exprimer « leurs motivations, leurs inquiétudes, leurs espoirs » pour leur métier d’agriculteur, aujourd’hui et demain.

Cliquez sur le curseur pour démarrer la vidéo.

Pourquoi avoir choisi cette profession ?

« C’est un rêve depuis que je suis petit », répond Sébastien Chatelet, un céréalier (Yonne) qui vit loin de sa famille depuis six ans. Il affectionne particulièrement « Terrain et Management ». « Nous sommes des chefs d’entreprise ! » « , décolle. Son associé, Samuel Legrand, partage cette vision entrepreneuriale du métier. Il est « très fier de bâtir » une société agricole qui « lui permet d’avancer et qui se transmettra » plus tard.

Cela a motivé Delphine Antoine, éleveuse polyagricultrice (Doubs), à vouloir devenir agricultrice : « Faire une activité qui a du sens. » Elle est « fière de nourrir les gens avec des produits de qualité obtenus grâce à des pratiques vertueuses ».

Comme Boris Vergne, céréalier (Jura) : « faire pousser des cultures, respecter l’environnement naturel et social, nourrir la France qui fait face à de grands défis en termes de résilience agronomique et économique. » « Etre bon tant techniquement qu’économiquement et combiner ces deux qualités avec un grand manitou, la météo » : ça le passionne !

« On choisit les directions dans lesquelles on veut aller » en fonction « bien sûr du contexte qui nous entoure. Excitant tous les jours! conclut Anne-Marie Barge, éleveuse de vaches allaitantes (Saône-et-Loire).

Les inquiétudes actuelles et pour l’avenir

Principale préoccupation de Delphine Antoine : « Un réchauffement climatique qui nécessite de revoir une grande partie de nos pratiques et de nos cultures. Et pour les éleveurs : « la cohabitation avec le loup », de plus en plus présente dans certains secteurs.

Anne-Marie Barge « n’est pas sûre qu’on puisse nourrir 8 milliards de personnes uniquement avec des protéines végétales ». « Il s’interroge » : « Existe-t-il un système plus vertueux avec une protéine végétale venue du bout du monde qu’avec la protéine d’un animal qui a pâturé dans une prairie naturelle locale ? »

Sébastien Chatelet s’inquiète de la « viabilité de l’entreprise » car « c’est essentiel d’être là demain ». « Il faut réussir à construire une stratégie avec des politiques claires dans un environnement social souvent conflictuel, explique Samuel Legrand. Il explique : « Les gens veulent acheter bon marché et avoir une agriculture vertueuse, et nous sommes au milieu et nous devons construire un modèle pour les 10 à 20 prochaines années qui « nourrit les gens et protège l’environnement ». »

« Bien sûr, selon Boris Vergne, l’agriculture doit évoluer, mais on ne peut pas tout changer. Ces changements « chacun doit les mettre en œuvre à son échelle, sur son exploitation », poursuit-il, estimant que « des changements majeurs dans la communication » seront nécessaires pour que les agriculteurs communiquent mieux sur ce qu’ils font ». Actuellement, « nous avons beaucoup d’agriculture en France, mais nous ne savons pas la valoriser. Un vrai challenge, très intéressant ! »

Les actions concrètes afin d’y faire face

Anne-Marie Barge « a réduit la charge pour avoir un système plus résistant en cas de sécheresse ou autres urgences climatiques ». Elle essaie de « récolter le plus de protéines possible à la ferme, de limiter les achats à l’extérieur et d’être aussi autonome que possible ». Il appelle à une réorientation « vers des filières de qualité pour mieux améliorer la production, notamment l’élevage ». Enfin, il envisage de revoir la génétique de son troupeau, qui consiste à « sélectionner des animaux plus résistants, toujours charolais, mais plus petits ». Afin de « préserver la biodiversité et l’équilibre écologique », il a déjà pas mal de haies sur chacune de ses parcelles. Cependant, il envisage d’améliorer leur gestion.

Samuel Legrand et Sébastien Chatelet ont d’ores et déjà déclaré vouloir que leur opération se poursuive. Alors « comptez, écoutez » et « construisez » – ils ont utilisé ce mot à plusieurs reprises. Ils prennent un exemple : « Nous avons compris que l’entreprise voulait moins d’intrants, nous avons obtenu le label HVE et avons investi dans la transformation et la vente directe pour cela. »

Boris Vergne continue de « s’appuyer sur des considérations techniques et économiques », comme il l’a précédemment déclaré. Elle s’efforce de « grandir avec peu d’intrants, sur le sol et dans un environnement respectable », mais en même temps « d’offrir des marchés ».

Les enjeux et attentes qui subsistent

Sébastien Chatelet rejoint ci-dessus Boris Vergne : « L’agriculture s’est toujours adaptée aux consommateurs, à l’environnement, aux besoins du moment. Cependant, ces adaptations ne peuvent pas se faire du jour au lendemain, cela prend du temps. Là encore, dans un souci « d’être là demain », il incite « à un objectif commun, prenant en compte tous les usagers de la nature ».

Delphine Antoine en convient : « Aujourd’hui, nous attendons une fédération autour d’un même projet, au moins à l’échelle d’un territoire, avec des objectifs clairs pour que tous les acteurs soient traités sur un pied d’égalité. égalité. »

Anne-Marie Barge appuie : « Beaucoup de choses doivent être communes entre les productions pour qu’elles se complètent. Pour ce faire, il demande « le soutien des politiques » : « ils ont besoin de comprendre nos problèmes pour mieux défendre nos causes ». Il cite notamment « l’aménagement du territoire », source « d’économies de coûts (carburant, main d’œuvre) et de bénéfices environnementaux ».

À Lire  Atelier Montessori 3-6 ans - Montetibou, Espace Montessori pour les familles à Nancy : dates, horaires, tarifs

Dans le même esprit, Boris Vergne plaide pour une « véritable politique agricole commune, simplifiée », notamment au niveau « réglementaire ». « ZNT, DAR, DEP, DVBE… Tout ça pour quoi ? » elle demande. Il revient sur un point qui lui tient à cœur : « Si on veut diversifier notre agriculture pour la rendre plus résiliente d’un point de vue écologique et économique, il faut offrir des marchés. Je veux dire aux pouvoirs publics : à quand la nourriture 100% française dans les cantines scolaires, les hôpitaux, etc. ? ? Et arrêtons ce battage médiatique : on ne renouvellera pas des générations d’agriculteurs si on n’encourage pas les gens à se lancer dans ce métier. »

Un métier aux multiples intérêts

Toujours active dans l’agriculture, la Chambre d’agriculture des Hauts-de-France a réalisé il y a un an la websérie Opinion Forte. Le but ici : déjouer cinq stéréotypes véhiculés sur ce métier, un par vidéo, sur un ton inhabituel. Tour à tour, il s’agit de montrer ses différents atouts.

Cliquez sur le curseur pour démarrer la vidéo.

Dans le premier épisode, Antoine Helleboid, producteur de céréales et de légumes (Pas-de-Calais), présente son distributeur automatique de produits agricoles, les outils informatiques de gestion des parcelles qu’il utilise et comment il communique sur les réseaux sociaux ; Marie Lardier, éleveuse laitière (dans le même département), les directions GPS qui équipent son matériel, la page Facebook qu’elle a créée pour la vente directe, et comment elle essaie sans cesse de mettre de nouveaux produits sur le marché.

Dans la seconde vidéo, Marie parle de ses ‘différentes casquettes’ : productrice laitière, productrice de lait, transformatrice, vendeuse, fournisseur, enseignante… ‘Nous ne sommes pas que productrice ! assure Antoine, qui produit, cultive, vend aussi, est conducteur de tracteur, informaticien, comptable, mécanicien et même petit électricien. « Un chef d’entreprise qui a besoin de connaître son environnement pour ajuster ses productions ! conclut Antoine. « Et on ne s’ennuie jamais ! » se réjouit Maria.

Antoine met en avant la sélection de variétés de céréales plus résistantes aux maladies et la mise en place de bandes fleuries pour réduire les mesures phytosanitaires et leur impact, ainsi que sa jachère fleurie où se trouvent les ruches de l’apiculteur. De plus, il s’est engagé dans la certification HVE. Aussi pour Marie, « c’est important d’être soucieux de l’environnement », notamment l’exploitation à travers la valorisation de l’herbe, une démarche bas carbone et zéro déchet en vente directe aux clients qui le souhaitent.

Antoine explique qu' »il y a tellement d’aspects et de choses à savoir qu’on ne peut pas être agriculteur sans être formé non pas au minimum mais au maximum » et « tout au long de sa carrière car le métier change ». Marie, par exemple, est ingénieur agronome avec une formation à la fois technique et pratique, avec des stages et diverses expériences en France et à l’étranger. Ce qu’ils savent, ils aiment le transmettre aux élèves de Marie et de son élève Antoine, qui leur enseignent différentes choses sur la base de la réciprocité.

Marie précise qu’elle ne manque pas de contact entre les employés, les clients et la famille. Il en va de même pour Antoine, pour qui « parler aux consommateurs est un plaisir ». Sans oublier les techniciens et vendeurs qui visitent régulièrement les exploitations, ainsi que les nombreux groupes d’échanges au sein de la coopérative et de la chambre d’agriculture, entre autres. De plus, Marie est membre du conseil municipal et de la société de chant chorégraphique.

Tout cela, ces témoignages le confirment encore !

Les Jeunes Agriculteurs du Centre-Val de Loire permettent également de découvrir, en vidéo sur sa chaîne YouTube, l’éventail des métiers proposés par la production agricole régionale : céréalier, bovin viande, volaille, caprin, éleveur de chevaux, vigneron, arboriculteur, jardinier, horticulteur, apiculteur, pisciculteur…

Xavier Maupoint, 30 ans, cultive des céréales (Indre-et-Loire) depuis 2016. Son métier pour lequel il se formait (BEP et bac agricole + CS et BTS mécanique) et qui « l’a fait voyager » à travers des stages en France dans plusieurs régions et productions, et en Europe notamment en Pologne avec la découverte de « très grandes exploitations et une autre vision de l’agriculture. Ce qu’elle « aime » par dessus tout, c’est « nourrir les gens en leur apportant des produits de qualité dans leurs assiettes ». La « fierté » d’un jeune producteur, passionné par « les nouvelles technologies optimisant le travail ». De cette façon, il libère du temps libre pour la famille et les loisirs. Il apprécie également la polyvalence de son métier, où il « touche à tout, s’investit à fond et s’épanouit ».

Cliquez sur le curseur pour démarrer la vidéo.

Alexandre Plateau, 30 ans également, est éleveur mixte de bovins allaitants en vente directe (Eure-et-Loire). Avec de nombreux diplômes en poche (Bepa, Bac pro CGEA, BTS Acse, apprentissage en conseil en productions végétales) il « aime être son propre patron, organiser ses journées, travailler au contact des animaux et des consommateurs ». « J’aime vraiment essayer d’améliorer leur point de vue sur l’agriculture », ajoute-t-il. « Il y a moyen de développer un produit, on mangera toujours de la viande en France, mais il faudra peut-être miser sur la qualité plus que sur la quantité et on sait le faire ! »

Cliquez sur le curseur pour démarrer la vidéo.