Condé/l’Escaut : Expulsés à 60 ans, ils vivent dans leur garage et dorment dans la voiture

Entre le chapeau et la barbe touffue, ses yeux clairs fixaient les briques rouges. Cette maison, Daniel l’habite depuis plus de 30 ans.

Avec Claudy, sa femme, il y élève deux enfants et se forge des centaines de souvenirs au cœur de Saint-Pierre à Condé-sur-l’Escaut.

Mais depuis quelques semaines, ce logement minier n’est plus le sien. Erreurs d’une série de rebondissements du destin et trop de documents techniques à comprendre.

Un enchaînement de problèmes

Reconnu travailleur handicapé, Daniel perçoit l’Allocation Adulte Handicapé (AAH), tout comme son épouse. « Avec l’aide au logement, je dépense 250 euros par mois, rien », a-t-il expliqué.

Mais voilà, suite à l’évolution de la situation, les droits ont été révisés. « AAH ma femme a été supprimée, après la mienne. Après on a dû se mettre sur le même compte… », a-t-il tenté d’expliquer, ébahi.

Couplée à la nouvelle suppression des aides, celle-ci définitive, en raison de l’âge de la retraite. « Nous avons dû déposer une demande puis renouveler l’AAH de mon épouse. « Situation décevante qui a eu pour conséquence de voir leur aide au logement suspendue. « Je me suis retrouvé pauvre, en double loyer. Ce n’est plus possible. »

Des mois passèrent sans que Daniel et Claudy parviennent à normaliser leur situation. Jusqu’au jour d’avril où le couperet est tombé. Ici, ils ont été expulsés de leurs habitations. « J’étais même inscrit à la Banque de France. »

Des nuits en voiture

Des nuits en voiture

Alors depuis deux mois, le couple a trouvé refuge dans son garage. « Je peux prendre le poêle pour manger et vivre convenablement », murmura-t-il d’une voix déterminée, éteignant une cigarette avant d’en allumer une autre.

Chaque nuit, ils quittent leur abri au toit en amiante pour trouver le sommeil dans leur Peugeot 407… « Ma femme est asthmatique, mais elle ne peut pas dormir avec l’appareil allumé car on ne peut pas le brancher. »

Une situation pour le moins inconfortable, sans parler de l’hygiène et de l’assainissement, devient plus difficile à vivre à 63 et 60 ans.

Une journée pour tout déménager

Une journée pour tout déménager

À la porte, Daniel ne pourra retourner qu’un jour dans ce qui est maintenant son ancienne maison. « Je dois tout déménager avant juillet. Mais seul, en une journée, c’était impossible. J’ai des meubles, des objets lourds qui prennent de la place. »

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Le lotissement entièrement rénové, comme les 79 autres de la ville de Saint-Pierre, sera entièrement réhabilité.

S’il s’est rendu compte des difficultés à gérer son compte et à naviguer dans les démarches administratives, la surprise n’en a pas été moins grande. « En 30 ans, j’ai parfois eu des soucis, des retards, mais j’ai toujours payé mon loyer. Et avec l’isolation qu’on a, quelques hivers, les factures s’envolent. »

« J’ai jamais été à la rue, je n’irai pas en centre »

« J’ai jamais été à la rue, je n’irai pas en centre »

Introverti par nature, Daniel a essayé de demander de l’aide pour lui permettre d’être transféré, mais en vain. « Ma fille a essayé de contacter le CCAS, mais je n’ai pas eu de réponse. Il a quatre enfants, le mien en a cinq. Ils vivent dans de petites maisons, il n’y a pas de place pour nous. »

Le seul conseil qu’il ait donné jusqu’à présent est de contacter les Restos du cœur ou de se mettre à l’abri via le 115. « Je n’ai jamais été dans la rue, je ne me vois pas faire ça », dit-il en tournant la tête.

Alors que sa situation financière s’améliore, Daniel espère que ces semaines de galère ne deviendront bientôt qu’un mauvais souvenir. Rêvant secrètement de retrouver sa maison. « Maintenant que je suis à la retraite, je peux payer le loyer. »

Une demande de logement prioritaire ouverte

L’adjoint de Solidarité Marc Pontus est au courant de la situation du couple Richard. S’il démontre que le maire ne peut légalement s’opposer à l’expulsion, il détermine que le CCAS prend en charge le dossier. « Après vérification, j’ai remarqué qu’ils n’étaient pas arrivés. Chaque situation est unique, mais risque de se multiplier dans les mois à venir. »

Une rencontre est prévue avec les résidents pour étudier en détail leur situation. Par ailleurs, l’UTPAS (Unité Territoriale de Prévention et d’Action Sociale) du Département a lancé une demande de logement prioritaire.