Dans des bureaux qui ne dépassent pas toujours 16,5°C, les élus du Palais-Bourbon utilisent différents modes de chauffage. Considérés comme des passoires thermiques, ces locaux sont équipés de thermomètres par l’administration. Dans la lignée des représentants de la Renaissance, on refuse de se plaindre.
La France est froide, même les députés. Face à la baisse des températures, les parlementaires utilisent le système D à l’Assemblée nationale, véritable passoire thermique.
« Deux doudounes »
L’Assemblée nationale, construite en 1722, possède de nombreuses fenêtres très larges, rarement à double vitrage. « Les faire remplacer par des fenêtres à double vitrage représente un coût exorbitant », reconnaît un membre de la direction des affaires immobilières à l’Assemblée nationale.
A l’exception de la verrière demi-cycle, très endommagée et qui a bénéficié d’importants travaux à l’automne 2021, peu de bâtiments, même les plus modernes, sont construits aux normes d’isolation énergétique.
Cependant, l’institution tente de faire respecter les 19 °C exigés par les autorités. Avec un seul objet : un thermomètre désormais installé dans chaque bureau de député.
« Des courants d’air glaciaux »
L’administration n’hésite pas non plus à prendre des libertés avec les consignes sanitaires pour tenter de réchauffer l’atmosphère. Alors que les portes du demi-cycle avaient toujours été ouvertes depuis le Covid-19 pour renouveler l’air, elles sont désormais refermées et les grands rideaux de velours servent à bien les isoler.
Au Palais-Bourbon, on rappelle que Yaël Braun-Pivet a démarré début août un groupe de travail sur le « développement durable » dans l’établissement, chargé de travailler sur des mesures « d’efficacité énergétique » et dans quelques mois avec une « démarche écologique ». plan de transition ».
Froid en plein vote sur les énergies renouvelables
Le bureau, organe suprême de l’assemblée, a également enregistré mercredi 2,3 millions d’euros de crédits supplémentaires pour 2022 pour faire face spécifiquement aux « effets de l’inflation sur les dépenses énergétiques » de l’institution.
La plupart des départements sont dans le même bateau. Souvent installées dans d’anciennes maisons bourgeoises, elles sont souvent non chauffées correctement en l’état.
« L’administration doit être exemplaire. On ne peut pas demander aux Français de faire un effort pour isoler leur logement et de notre côté de ne pas faire les travaux nécessaires. Nous sommes encore en train de voter un texte sur les énergies renouvelables, c’est très paradoxalement . » , note cet élu de la Loire.
« Malvenu de se plaindre »
Sur les bancs Renaissance pas question de se plaindre. Il faut dire que l’exécutif marche sur la corde raide. Après avoir mis en garde contre d’éventuels black-outs début décembre, les ministres ont été sérieusement remaniés par Emmanuel Macron.
Autant dire que les élus de la majorité présidentielle font profil bas dans ce domaine. « Je respecte les 19°C, donc je mets une combinaison d’hiver. Ce serait franchement déplacé de se plaindre quand on voit ce qui se passe en Ukraine », assure le député Hadrien Ghomi.
Le parlementaire suit l’exemple vu d’en haut : Élisabeth Borne, Agnès Pannier-Runacher et Bruno Le Maire portent des cols roulés et des doudounes depuis septembre.