Eau : sécheresse record depuis 1958 et sans fin dans le Gers

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Les lacs sont presque asséchés, les rivières sont à leur plus bas niveau, l’agriculture est à moitié cuite et les nappes phréatiques sont asséchées. Le Gers ne voit pas de fin à la crise de l’eau après des mois de sécheresse en termes de pluviométrie.

Réserves attaquées

A quelques jours de la fin de l’arrêté préfectoral de restriction d’usage de l’eau, le Gers a encore soif. Cette année, Adrien Ariès, agriculteur à Maurens, ne doit que ses trois lacs de montagne pour avoir «  le rendement exact, rien de plus  ». L’agriculteur a mis toutes ses réserves «  à zéro, ce qui a permis la fin des récoltes de printemps  », auxquelles il faut ajouter tous ses quotas de pompage dans le système Neste. « J’ai eu une perte, certes, mais je pourrais me comparer à des fermes qui ne pouvaient pas irriguer comme moi, et on ne traverse même pas la même année ! L’eau est vraiment une assurance. »

«  La situation dans le département du Gers reste tendue, notamment dans le bassin de la Neste  », assure la préfecture. Le règlement qui limite drastiquement l’usage de l’eau, face à une crise de la ressource, expire le 31 octobre. « Des discussions sont en cours avec les acteurs sur les mesures à prendre à partir du 1er novembre », précise la préfecture, qui ajoute : « Aucune tension n’a été identifiée concernant l’eau potable : les besoins sont assurés. Le préfet maintient sa recommandation d’utilisation maîtrisée de l’eau. »

La sécheresse de 2022 met à mal tous les modèles existants, dans un département habitué à manquer d’eau. Et si on n’a pas pu remplir les piscines dans les villes, à la campagne les dégâts affectent les outils de travail. Pour les agriculteurs, l’hiver a commencé en juin… Les prairies d’Arnaud Capdeville, qui produit du lait en bordure des Hautes-Pyrénées, se sont un peu verdies grâce à des orages localisés. “ Mais pas assez pour stocker pour l’hiver. Et nos réserves sont déjà attaquées depuis cet été. En raison du manque de nourriture, le producteur laitier envisage de vendre une partie du troupeau.

Espoir à consolider

« Les besoins en irrigation ont commencé en mai, pour les céréales à paille, se souvient Bernard Malabirade, président de la chambre d’agriculture. Après ça ne s’est pas arrêté… Malgré toute la gestion prudente, nous avons dû arrêter l’arrosage avant la fin des besoins, certaines mares à partir de juillet comme pour le Midour, l’Adour jusqu’au 15 août. Le système Neste est gardé en réserve pour l’eau potable. Et nous avons bien fait : cette sécheresse est historique. Le président de la Chambre le confirme : « Nous avons bien géré la ressource. Au cours de la difficile année 2003, tous les systèmes ont été arrêtés fin juillet  : trop d’eau s’est échappée. Pas en 2022  »

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L’espoir, Bernard Malabirade le situe dans le cycle des saisons. Même si les températures restent élevées, les jours et le soleil raccourcissent. Le sol retient mieux l’humidité. « Mais l’évolution nous oblige. Vous devez prendre différentes mesures, pour différentes situations. L’espoir, cependant, ne suffira pas. Face au réchauffement climatique, Bernard Malabirade appelle à travailler sur les réserves hydrauliques de toutes tailles. « Les localisations sont connues, il y a des projets, dans les Pyrénées, qui assureraient la ressource en eau et la production d’électricité. Des réserves de taille moyenne sont également nécessaires, mais le Gers n’a plus beaucoup de sites pour en créer, comme le lac d’Astarac. Le plus important est de créer de petites réserves qui sont à l’arrêt à cause de la réglementation.

L’année la plus sèche depuis soixante ans

Le Gers compte plus de 3 000 réserves de ce type, soit plusieurs millions de m3. Les agriculteurs recherchent le réseautage, les livres et renvoient ceux qui ne sont plus utilisés – il y en a des centaines. Et leur entretien : l’absence de nettoyage réduit le volume de la cuve. Tous ces points dépendent de choix politiques, très débattus par le monde agricole et le monde politique.

Dans le Gers, il pleuvra a priori aux alentours de la Toussaint. Le fruit du passage éphémère d’une petite nuisance. Pas de quoi réduire le manque d’eau, loin de là… Selon un technicien de Météo France, «  Octobre 2022 est le mois le plus sec depuis 1958. Seulement 12% des précipitations normales sont tombées  ». Octobre 2022 est très similaire à 1969, où environ 10 mm de pluie sont tombés, et octobre 1978, avec 12 mm.

Un triste record, qui tombe surtout après des mois d’été très secs.

Car septembre et octobre correspondent normalement au début de l’année, pour le remplissage des capacités en eau  : lacs, étangs, naturels ou non, sont toujours au plus bas. Or, durant ces deux mois, la pluie n’a apporté que 55 mm d’eau, même s’il n’en est tombé que 28 mm en 1985. 55 mm de pluie dans le département en septembre-octobre, c’est 51 % des précipitations normales, et très peu de supplément.