A fin septembre, en Belgique, les prix de l’électricité avaient augmenté de 81,3% sur un an, et ceux du gaz de 134,9%
, selon les chiffres de Statbel,
400 euros de plus par mois sur la facture d’électricité
l’agence belge des statistiques : c’est 5 à 8 fois plus que les chiffres observés en France sur la même période (respectivement +10% à ce jour sur l’électricité, plus 30% sur le gaz).
S’il augmente autant, c’est essentiellement pour deux raisons : premièrement, la Belgique n’a pas mis en place de bouclier tarifaire comme en France, mais des aides ciblées, et une baisse de la TVA, qui ne jouent pas autant. Ensuite, parce que la Belgique est très dépendante du gaz norvégien, qui a connu des difficultés d’approvisionnement dues au changement climatique, en plus de la pénurie liée au gaz ukrainien.
Pour beaucoup, cette hausse des prix de l’électricité est un véritable défi. Il y a d’abord des particuliers, comme Kévin, un pompier français installé en Belgique il y a cinq ans, à Templeuve (une partie de la ville belge de Tournai), à quelques centaines de mètres de la frontière. « Nous avons payé 150 euros par mois pour l’électricité », se souvient-il. « Mais là, depuis novembre, notre contrat fixe s’est arrêté, pour passer à un contrat variable. On nous dit maintenant des factures d’électricité de 552 euros par mois pour être au prix du marché. Ça va être compliqué pour nous de sortir 400 euros de plus par mois : nos salaires n’augmentent pas comme les prix de l’électricité ! »
Pour les professionnels, des factures jusqu’à 30% supérieures à la France
Depuis octobre, tous les fournisseurs d’énergie avaient cessé de proposer des forfaits gaz et électricité à tarif fixe, ce n’était plus jouable : toutes les entreprises ne proposaient que des tarifs variables, qui flambent en ce moment. Comme beaucoup de Belges ont des contrats qui sont renégociés chaque année, voire plusieurs fois par an, la facture est pénible. Début janvier 2023, les taux fixes seront de retour, mais les conditions ne sont pas bonnes
: le risque est de payer cher aujourd’hui, alors que les prix pourraient baisser dans les mois à venir.
50 centimes de plus la partie de bowling
« Un de mes voisins est monté à 1200 euros par mois en proposition, il a une maison plus grande, une pompe à chaleur… », note Kévin. « Tous les Belges sont dans la même situation aujourd’hui, dès que le taux fixe s’arrête pour passer au taux variable, on se retrouve dans le même pétrin ! »
Une galère que connaissent aussi les entreprises. Kévin Dejas, patron du bowling Thémis, à Mouscron
, voit ses factures s’envoler. « On paye depuis un mois 400 euros de plus par mois, au niveau des factures d’électricité : je suis passé de 1.800 à 2.900 euros par mois ! Et encore, il y a eu des travaux d’isolation… », déplore-t-il. Ici, ce qui coûte cher, ce sont les projecteurs, voire les tapis roulants pour ramener les balles. Il pourrait passer à un système de machine à cordes pour retirer les épingles, plutôt que les ascenseurs actuels à forte consommation d’énergie. « Mais pour ça, il faut investir 300 000 à 400 000 euros ! Et puis on a trois clubs de bowling ici, je ne pense pas que ça leur conviendrait. »