En Bretagne, il vit l’enfer depuis la construction de trois éoliennes…

Didier ne peut plus supporter les trois éoliennes devant sa maison. Il est d’autant plus furieux qu’il a acheté sa maison sans savoir qu’elle serait construite quelques mois plus tard.

Par Laurent Le Fur

Publié le 27 janvier 11 à 00:04

Mis à jour le 27 janvier 11 à 12h16

Didier Georgeais a acheté, au printemps 2021, un ancien corps de ferme dans la campagne bourbriacienne (Bretagne/Côtes d’Armor), non loin de l’axe Guingamp-Carhaix. Au mois de juin suivant, il s’y installe avec sa mère de 80 ans, « pour être au calme, en pleine nature, dans cette maison de pierre en cours de rénovation. Exactement ce que nous voulions. »

Un petit paradis sur terre, sauf que… trois mois plus tard, trois immenses éoliennes de 180 mètres de haut poussaient juste devant sa maison.

« Les lumières des éoliennes font comme des stroboscopes la nuit »

Depuis, Didier n’a pas décollé. Et il veut savoir « pourquoi personne ne m’a dit qu’il y aurait ces éoliennes devant ma maison quand je l’ai achetée, sinon je ne serais jamais venu m’installer ici ! « .

Didier a eu recours à tous ses interlocuteurs pour obtenir des réponses (agence immobilière, notaire, etc.). « Ils m’ont dit qu’ils ne savaient pas. Au fond, personne ne le savait, mais un projet comme celui-ci ne démarre pas d’un coup ! C’est un site industriel qui n’apparaît nulle part, pourtant c’est incroyable ! »

Il a même fait appel à un conciliateur judiciaire et s’est entretenu avec le maire de Bourbriac pour revenir sur les origines du projet éolien et les conditions de sa mise en œuvre. Mais les réponses sont loin d’être bonnes pour lui et il n’exclut pas de consulter un avocat aujourd’hui.

Didier se sent abandonné. Il « ne supporte plus le bruit des pales quand elles tournent, le bruit du vent dans les éoliennes, mais aussi le bruit du rotor électrique qui tourne pour les guider dans le bon sens ».

Mais ce n’est pas tout : « Il y a aussi des flashs, c’est insupportable. La nuit, les projecteurs et les feux rouges clignotants ressemblent à des stroboscopes. Trois points rouges, par pôle, c’est neuf au total ! En journée, l’ombre des pales se projette dans ma maison, dans toutes les pièces, c’est fou ! « .

Didier affirme toujours avoir fait des crises d’épilepsie depuis son arrivée à Kerambellec, « alors que je n’en avais jamais eu auparavant. Quand tu vis avec des stroboscopes devant chez toi, bien sûr… ».

Ce monsieur ne demande qu’une chose : « retrouver le cadre calme et vivant que j’avais en arrivant ici. C’est-à-dire ne plus voir d’éoliennes devant chez moi et ne plus les entendre. Je veux être heureux ici et que ma mère aussi soit heureuse ».

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« C’était un petit coin de paradis… »

Si aujourd’hui ça montait au quart de tour, Didier est arrivé sereinement dans ce petit village, surplombant la gare de Mousteru. Lui qui a grandi à Guingamp et vécu à Louargat pendant plus de 20 ans souhaitait vivre des jours paisibles et heureux dans sa nouvelle maison, avec sa mère à la retraite.

S’il aspire aux beaux jours, il a aussi peur de passer ses journées à l’extérieur, « avec ces machines proches de chez moi, ce n’est pas possible de vivre. Vous ne pouvez même pas manger à l’extérieur sans être dérangé car ils tournent presque constamment. Les techniciens m’ont dit qu’on pouvait planter une haie devant chez moi, les éoliennes font 180 m de haut, ça va mettre du temps à pousser ! « .

Dans la grande ferme qui fait désormais face aux éoliennes, Didier Georgeais a déjà rénové une partie du bâtiment pour sa mère. Il rénove maintenant le reste de la maison pour lui-même. « Nous devrions être bien ici. Nous voulions le calme, nous avons visité et nous sommes vite tombés amoureux. C’était un petit coin de paradis. On a fait un potager, j’ai installé une serre pour avoir des légumes. Nous avons deux chèvres, des poules, un chien… C’était le bonheur… »

Didier a fait les premiers travaux, isolé la maison, remplacé les fenêtres, refait l’électricité, la plomberie… Tout allait bien jusqu’à ce que, soudain, le chantier se profile à l’horizon, au printemps. « De gros travaux ont commencé devant chez moi. Ils ont dégagé tout le sommet de la colline, où se trouvait une petite forêt. D’énormes grues sont arrivées et le parc éolien a été construit. »

Des éoliennes de plus en plus contestées

Didier a mesuré, avec un voisin, la distance entre sa maison et les éoliennes. Il est à environ 610 m du pied. « Mais sachant qu’ils tournent pour suivre la direction du vent, ils sont encore plus près de chez moi quand ils tournent, avec les pales à plus de 50m… ». Rappelons que la distance minimale prévue par la loi entre une éolienne et une habitation est de 500m.

Didier souhaite pouvoir profiter de son terrain de 8 000 mètres carrés, avec des bâtiments attenants. Dans l’un des bâtiments de sa propriété, il rêve de pouvoir construire une maison de campagne. « Mais ces éoliennes gâchent tout, alors que j’ai trouvé un cadre de vie idéal avec des gens sympathiques autour. Je veux juste me calmer. »