Environnement : chaleur, sécheresse, ours, étoiles…

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D’un procès sans coupable pour pollution des eaux à Foix à un procès emblématique contre des ruraux et des écologistes, l’environnement a souvent été au cœur de l’actualité. Une nouvelle que l’ours et une canicule historique ont largement absorbé.

Pollution au « perchlo » : un procès pour rien

Dans un département rural comme l’Ariège, l’agriculture et l’environnement sont des sujets récurrents, et 2022 ne dérogera pas à la règle.

L’Ariège revient en force au Salon de l’agriculture

Une année marquée avant tout par une canicule historique  : les températures ont commencé à grimper à la mi-mai et ont atteint des records tout au long de l’été, pour ne retrouver des niveaux proches de la normale qu’à l’approche de l’hiver. Jean-François Quiniou, prévisionniste à Météo France, a été interrogé à la mi-septembre que les températures maximales moyennes étaient de 3°C à 5°C supérieures à la normale de la saison pendant 75 des 90 jours d’été. Alors que la normale tourne autour de 20°C depuis 20 ans, 4 records de chaleur ont été battus à Aulus, Bélesta, Pamiers et Cos, avec un maximum de 38,8°C le 18 juillet. En conséquence de ces températures excessivement élevées, la sécheresse a également frappé, endommageant les réserves d’eau telles que le lac de Montbel et affectant gravement la production agricole.

5 louveteaux naissent à Orlu

Et pendant ce temps, comme toujours, l’ours est apparu avec deux grosses pierres notamment, le 19 août à Sentein et le 13 septembre à Aulus. De quoi faire monter la température dans le monde agricole – et dans la préfecture, victime de trois déboires judiciaires sur la question de l’effarouchement de l’ours.

Le préfet ours s’en va en catimini

En 2011, une contamination massive du puits d’Ayroule à Foix a été révélée par le tétrachloroéthylène, un cancérigène probable communément appelé « perchlo ». Celle-ci se serait déroulée entre 2006 et 2009 et aurait impliqué 8 000 à 10 000 litres de ce solvant nocif, déversés au sol par une station de lavage de camions et entraînant des niveaux de pollution 1 000 fois supérieurs à la normale. . 11 ans plus tard et après une enquête ratée, le « procès perchlo » s’est tenu le 1er février au tribunal de Foix, les associations de défense de l’environnement étant convaincues qu’il n’aboutirait à rien. Et pour cause  : les véritables auteurs des déversements n’ont pas été identifiés, seul le propriétaire de la station de lavage a été poursuivi pour «  manquement volontaire à une obligation de précaution ou de sécurité  ». Le verdict sera rendu le 5 avril, l’accusé sera libéré faute de preuves. Deux semaines plus tard, le parquet a abandonné son appel. Reste à savoir qui remboursera les dizaines de milliers d’euros que la ville de Foix a dépensés pour nettoyer l’Ayroulen avec des filtres à charbon…

L’effarouchement de l’ours retoqué par la justice

Les agriculteurs ariégeois n’ont pas manqué le salon de l’agriculture en 2022, enfin de retour après une année vide en raison de la pandémie de Covid-19. Outre Jean-François, pilier de la chorale Pastous et candidat l’année précédente pour «  L’amour est dans le pré », 18 producteurs ariégeois ont fait le déplacement, répartis sur trois stands fréquentés par en moyenne 250 personnes chaque jour. Parmi les vedettes deux taureaux gascons du Mas d’Azil, deux chevaux Castillon et trois Mérens, véritables symboles du département, et pour la première fois depuis 6 ans un fromager de Moulis. Le conseil départemental n’a pas manqué l’occasion de promouvoir l’Ariège dans la capitale et a dépensé au total près de 200 000 euros pour promouvoir le département. Seule absente au final, la famille Lacube, pourtant fidèle à l’événement, a été retenue par son restaurant des Cabannes et son engagement dans le projet du nouveau plateau de Beille.

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Plus de 200 brebis meurent dans deux dérochements

L’événement a eu lieu en mai et n’a été annoncé que fin juin  : 5 oursons, 3 femelles et 2 mâles de type Mackenzie, une race canadienne, sont nés à la Maison des Loups. Un événement alors que seulement deux naissances avaient eu lieu en plus de 10 ans, en 2010 et 2019. Allaités par leur père avant d’être sevrés et nourris de carcasses de poules, les 5 oursons sont rapidement devenus les stars de la Maison des Loups grâce à la nouvelle « vision tunnel », ce qui permet de les admirer de près.

3 000 manifestants au « procès de la ruralité »

La nouvelle est découverte par hasard dans l’agenda du préfet fin septembre  : Denis Olagnon, le préfet de l’ours, fait valoir ses droits à la retraite, un vœu entériné par le ministère le 4 juillet. La personne en question n’aura exercé ses fonctions que pendant 5 mois, comme son prédécesseur Jean-Yves Chiaro. « Nous sommes les oubliés de la République  ! « Stormen Christine Téqui, la présidente du conseil de branche.

L’ours s’invite au ministère de l’Agriculture

3 août, 22 août, 30 août  : il aura fallu moins d’un mois à la préfecture de l’Ariège pour subir une série d’amers déboires judiciaires, attaquée par l’association animalière One Voice pour plusieurs arrêtés pris pour permettre l’effarouchement de l’ours sur plusieurs été pâturages en Ariège  : Ustou, Arreau, Ourdouas, Sentenac-d’Oust, Coumebière – où un important détachement de brebis a eu lieu à la même période. Le troisième jugement du tribunal administratif de Toulouse est particulièrement dur pour le représentant de l’Etat, notant qu’en prenant un troisième décret le 30 août, « méconnaît l’autorité attachée à ces décrets des 3 et 22 août 2022 ». Rarement le tribunal administratif a statué aussi rapidement, puisque la dernière décision est rendue le jour même du dépôt de la plainte. Quelques jours plus tard, parlementaires, élus et représentants du monde agricole ariégeois annoncent avoir sollicité une rencontre avec le ministère de l’Agriculture pour évoquer la question.

Non à l’extension des gravières

Alors que polémiques et procès entourent l’ours, deux attaques plantigrades font des ravages dans le cheptel ariégeois. Le premier s’est produit le 19 août sur l’herbe de montagne à Sentein et a causé la mort de 47 brebis. Moins d’un mois plus tard, un autre drame se produit sur une autre estive, cette fois à Aulus-les-Bains, où environ 170 brebis sont bercées. Ces deux attentats représentent à eux seuls le quart des pertes des équipages ariégeois cette année.

Un défi pour accueillir Thierry Hegay, 3e préfet ours en un an

Le 5 mai 2018, près de 800 représentants des communautés rurales ont manifesté violemment en marge d’une réunion environnementale à La Bastide-de-Sérou. Six des meneurs de cette manifestation ont comparu devant le tribunal de Foix le 18 octobre pour «  entrave concertée et atteintes à la liberté de réunion  », soutenus par environ 3.000 manifestants rassemblés dans les ruelles de Villote, au coeur du chef-lieu. La peine tombe un mois et demi plus tard  : trois mois de prison avec sursis, 500 euros d’amende et 5 000 euros de dédommagement à chacun des prévenus, qui annoncent aussitôt qu’ils feront appel de la décision.