Expert mondial du base jump, le Toulonnais Rodolphe Cassan…

Reconnu comme l’expert mondial du base jump, le Toulonnais aime défier les lois de l’apesanteur, vêtu de son costume ailé. Rencontrez celui qui a plus de 3000 sauts sur son compte.

Publié le 27.12.2022. à 10h00, mis à jour le 27.12.2022. à 09:58

Il a caché sa passion à ses parents pendant plus de dix ans. Juste pour leur épargner une peur inutile. Il est certain que sachant comment son fils saute de la falaise avec tout son équipement wingsuit (un costume avec des ailes) et un parachute, on imagine aisément le souci. Pourtant, rien ne prédestinait Rodolphe Cassano à devenir base jumper.

Enfance à Toulon, études à Nice et à Paris, une carrière de dix ans dans la finance… Loin des sommets qu’il aime souvent atteindre aujourd’hui.

« J’ai découvert la discipline en rencontrant Benoît Paquet, pompier, le seul Toulonnais à l’époque qui pratiquait. » L’homme deviendra son mentor.

Rodolphe commence le parachutisme. Cela devient vite addictif. Puis il a essayé le base jump en 2002, alors qu’il avait 24 ans.

Il fait son premier saut dans le Verdon. L’endroit devient rapidement son terrain de jeu favori. Au début, il n’est lancé que depuis des falaises. Avant d’utiliser des antennes, des bâtiments ou des ponts servent de rampes de saut. Le Toulonnais quitte son job, décide de parcourir le monde à la recherche des meilleurs « spots ». La Norvège, les États-Unis, l’Australie, la Polynésie, la Nouvelle-Zélande ou encore la Chine font partie des sites de débarquement.

Des sauts très préparés

Ce qui le motive : l’aventure et la découverte. « C’est un peu idiot de dire ça, mais quand j’ai commencé, on le faisait vraiment pour nous. Pas pour des photos, des vidéos ou des « j’aime ». On était une poignée d’autodidactes. Non. »

Implicitement, on comprend que l’ancienne génération était plus prudente, plus raisonnable.

« Avec les combinaisons actuelles, il y a un côté plus abordable, plus léger… Du coup, les gens sont moins expérimentés et les risques sont plus élevés. » Et la notion de risque lorsqu’on pratique un sport extrême comme le base jump est cruciale.

« Pour moi, c’est une activité assez sûre. C’est une pratique qui peut être dangereuse. » En tant que base jumper, donc, sautez dans de bonnes conditions, vérifiez les conditions de vent et météo… « Quand tu pars pour la première fois d’un endroit, tu fais beaucoup de repérages. Avec les cartes, tu estimes la finesse (distance parcourue en un vol en planeur, ndlr), verticalité, on trouve lieu d’atterrissage… » Beaucoup de travail en amont pour limiter au maximum les risques.

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« Il n’y a pas besoin de s’inquiéter de ne pas sauter. De plus, vous n’êtes jamais sûr de le faire avant le dernier moment. »

La peur toujours présente

L’athlète prône la maîtrise et… la peur ! « C’est aussi le secret de la longévité. Il y a toujours le stress. Quand j’arrête quelques semaines, la récupération est toujours un peu difficile. Mon esprit sait que j’ai déjà fait ce saut, il sait que c’est possible. Mais au bord de la vide, le cerveau ralentit. Une sorte d’instinct de survie. La sensation disparaît rapidement. La concentration prend le dessus et le plaisir aussi.

« La sensation est difficile à expliquer. C’est de la plongée à l’air, la décision est personnelle. Une fois que c’est fait, vous vous poussez vers les supports. Il ne se passe pas grand-chose dans les premières secondes. Il faut lâcher prise. Ensuite, la combinaison se gonfle. Une fois que vous se stabilise, vous contrôlez votre corps principalement avec les épaules. Jusqu’à ce que le parachute s’ouvre et qu’il tombe finalement. La poussée hormonale ne se produit qu’après cela.

Au début, la sensation de flotter, cette fois au sens figuré, peut durer plusieurs dizaines de minutes. Rodolphe prend généralement moins de temps. « Mais toujours aussi addictif », sourit-il.

Parmi ses plus beaux souvenirs, il aime raconter son passage de la Corse à la Sardaigne en 2018. « J’ai été éjecté d’un avion à 6 000 mètres d’altitude. Le vol a duré environ cinq minutes. C’est très perturbant, on ne voit pas ça. nous avançons. »

Aujourd’hui, quadra est associé à la montagne et au paraalpinisme. « L’idée est de monter avec du matériel et de descendre en volant. » Et il a déjà réalisé quelques prouesses dans ce domaine avec le Pilier Rouge Brouillard, le Pilier central du Frêney et le Cervin en toile de fond.

L’homme volant n’a pas l’intention de raccrocher sa salopette.