Geoffroy Cormorèche, agriculture sans concessions

Interrogé sur sa vision de l’alimentation, Geoffroy Cormorèche évoque la possibilité de vivre dans un pays où l’on peut manger des produits sains toute l’année. L’agriculteur lyonnais de 38 ans, président de l’association Demain la Terre, a repris cette année les rênes de la culture de la betterave de ses parents après trois générations. Portrait d’un homme juste dans ses bottes et pour qui l’agriculture est une affaire de bon sens.

Une histoire de famille

Pour les Cormorèches, l’agriculture est une affaire de famille. Geoffroy Cormorèche, digne héritier, est revenu dans l’entreprise familiale en 2007 après un apprentissage Agricadre à l’ESA d’Angers.

« Nous avons toujours cultivé des betteraves ici, même si mes grands-parents et mes parents cultivaient aussi des pommes de terre, de la laitue, du chou et des céréales. Aujourd’hui, nous nous concentrons sur les betteraves, qui représentent 80 hectares de nos 350 hectares de terres. Le reste est céréalier : blé, maïs, soya et canola. »

Quelle est la particularité de l’entreprise ? Elle est à la fois productrice et transformatrice de légumes. La famille décide de racheter la société Peyronnet en 2002 pour étendre la production agricole à la phase de transformation. Les betteraves sont désormais cuites, épluchées, conditionnées sous vide et stérilisées sur place.

« Sur 6 entreprises de transformation de betteraves en France, seules 3 assurent la production. Nous sommes les seuls prestataires du sud-est de la France. Ce double profil nous donne une image spécialisée. »

La production agricole de Geoffroy Cormorèche tourne presque toute l’année. Ce n’est qu’en basse saison du 1er mai au 1er juillet que la production doit avoir lieu en Espagne et dans le sud de la France.

« Nous semons en avril, nous récoltons de juillet à octobre et nous stockons tout l’hiver. Selon la météo, il y a un risque d’effusion de sang lors du semis ou de la récolte. »

Car le climat reste l’une des plus grandes difficultés pour les agriculteurs. En plus des sécheresses comme 1976, 2003 et 2022, le professionnel doit surveiller quotidiennement les cultures et contrôler précisément leur arrosage.

« La météo rend notre volume de production et notre charge de travail aléatoires. Grâce à des équipements sophistiqués, nous parvenons tout de même à aller le plus vite possible dans les meilleures conditions pour nos collaborateurs. »

La ferme emploie deux ouvriers agricoles à temps plein et quelques ouvriers saisonniers. La partie industrielle a aussi des inconvénients : d’une part le coût de l’énergie, mais aussi et surtout le recrutement. « C’est compliqué de rendre ces métiers sexy, de garder les gens sur le long terme. Et puis il faut maîtriser les coûts, gérer les 16 salariés, commercialiser le produit… Des enjeux qui font de Geoffroy Cormorèche bien plus qu’un agriculteur.

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L’aventure Demain la Terre

La famille de Geoffroy Cormorèche a toujours été impliquée dans des démarches collectives dans le domaine agricole. Fort de cet héritage, il se lance dans l’aventure Demain la Terre en 2015.

« Nous avons rejoint ce club car il correspondait à nos valeurs. Nous voulions montrer, comme nous le faisons avec d’autres certifications comme Label Rouge ou Global Gap, que nous faisons des choses pour proposer des produits de qualité. »

Geoffroy Cormorèche y voit une approche cosmopolite, des rencontres enrichissantes et un grand challenge dans la démarche. En 2016, un an après son adhésion, il prend la présidence de l’association.

Un des piliers de Demain la Terre : son référentiel qui oblige chaque membre à respecter des critères de durabilité. « Chaque audit est épuisant, mais aussi exigeant. Cela nous permet d’avancer et de ne pas rester inactifs dans nos secteurs. »

Car le référentiel Demain la Terre ne repose pas uniquement sur la qualité des productions. Elle s’appuie sur les piliers du développement durable : l’environnement, mais aussi le contexte économique et social.

« Pour les Cormorèches, aujourd’hui comme hier, cette idée est fondamentale. Penser globalement et de manière responsable à nos activités est toujours une longueur d’avance pour nos enfants et petits-enfants. »

Demain, une alimentation durable pour tous ?

Geoffroy Cormorèche tire plusieurs enseignements de son engagement d’entrepreneur et de président d’association. « Parfois on oublie, mais en France c’est l’occasion de se rassasier trois fois par jour. Il existe une variété de produits dans les magasins, des étagères pleines. Ce n’est pas le cas dans la plupart des pays. » L’agriculteur admet volontiers que les fruits et légumes sont des produits vivants, soumis aux enjeux sanitaires (climat, maladies, insectes), aux fluctuations des marchés et aux enjeux géopolitiques.

« Demain la Terre valorise la biodiversité, les savoir-faire, les entreprises agricoles et leurs salariés. Les politiciens et les médias doivent faire de même ! »

Toujours animés d’une volonté d’acier, Geoffroy Cormorèche et son épouse continuent de développer leurs activités et d’asseoir le dynamisme de leur entreprise, dans le respect des leviers sociaux et environnementaux. Du côté de Demain la Terre, la question du carbone sera bientôt mise sur la table. L’association souhaite élargir ses horizons internationaux pour promouvoir des entreprises vertueuses dans leur pays. « Nous devons aller plus loin, augmenter le nombre d’adhérents et notre volume de production en termes d’étendue et de profondeur de notre gamme. Totalement engagé dans sa mission, le Président rêve d’une société où l’agriculture responsable aura un impact encore plus grand sur les consommateurs.

Découvrez d’autres actions concrètes des membres de Demain la Terre sur le site de l’association.