Publié le 18 janvier 2023 à 17h10
En 2021, le groupe pop-rock Feu! Chatterton a chanté Un nouveau monde, où tout était à reconstruire. Cette ode au minimalisme et à la réflexion écologique résonne surtout en pleine crise énergétique, où l’appel à la sobriété nous oblige à repenser nos modes de vie. Certains y travaillent depuis des décennies, se lançant dans l’aventure du logement autonome déjà dans les années 2000. L’énergie du futur et la raréfaction des ressources naturelles, même les représentants du néolibéralisme en parlent ! constate Rémi et Bénédicte Richard, propriétaires d’un local écologique situé dans le Cantal et fondateurs du site Nos pieds sur Terre, qui propose des conseils, des cours et des formations à l’habitat résilient.
Aujourd’hui micro-niche, la maison individuelle est un marché en pleine expansion. « Avec l’augmentation des coûts énergétiques, il est évident que des modèles d’autoproduction vont se développer », confirme Olivier Colcombet, PDG de Digit RE, convaincu que le nouveau diagnostic d’efficacité énergétique (DEP) et la réglementation sur les tamis thermiques (l’impossibilité de la location de logements classés G à partir de 2025 et F en 2028) jouera un rôle dans l’accélération de l’immobilier « vert ».
Un bémol : son prix, qui reste un frein majeur au développement du marché. « Le surcoût d’une maison passive varie, en moyenne, entre 20% et 30% par rapport à une construction neuve traditionnelle. Il faudra surtout attendre de nombreuses années, voire des dizaines, pour rentabiliser cet investissement, quand on sait qu’un logement, en moyenne, déménage tous les sept ans », avoue Romain Solenne, fondateur de la plateforme immobilière Promy. Le manque d’offres ne favorise pas non plus la démocratisation du modèle. Alors que de nombreux promoteurs font de l’éco-logement une vitrine ou un laboratoire de l’innovation, très peu de maisons indépendantes (moins de 3%) sont vendues chaque année. Mais la demande est là et une nouvelle génération d’architectes, très soucieux de l’écologie, s’est emparée de la question.
Maisons passives ou positives
La maison passive, dont la consommation énergétique est inférieure à 15 kWh/m2/an et qui ne nécessite donc aucun système de chauffage en dehors d’un appareil d’appoint, est devenue un incontournable des maisons écologiques. Créé en 1991 par un institut formé d’ingénieurs allemands, le concept « passivhaus » repose sur une isolation, une étanchéité et une herméticité renforcées, ainsi qu’un renouvellement d’air grâce à un système VMC double flux. A ce jour, environ 300 000 m2 de bâtiments, dont les deux tiers de maisons individuelles, sont certifiés passifs en France.
« Les maisons passives sont très agréables à vivre. Ils assurent une température constante et homogène, sans surchauffe ni zones froides l’été, et garantissent une excellente qualité de l’air intérieur », explique Ivan Baudouin, directeur général de Positive Home. , privilégiant les techniques « low tech ». « Pour les projets d’économie d’eau, nous installons des cuves de récupération d’eau de pluie, des toilettes sèches et des systèmes de traitement des eaux usées. Pour ceux qui recherchent la performance énergétique, nous travaillons sur le triptyque étanchéité, isolation et protection solaire, en Différentes solutions techniques peuvent alors être mises en place, comme des puits canadiens, des chauffe-eau solaires et thermodynamiques, ou encore des refroidisseurs adiabatiques », décrit-il.
Extrait de la série « Whispers of the World », de Lou Camino. Cloîtrée à Paris pendant le confinement, la photographe juxtapose des photographies de paysages néo-zélandais à des photographies de la caserne de Pepe sur l’île du Lido de Venise, site militaire désaffecté depuis 1999. Ces pièces sont comme des « boîtes à souvenirs où l’extérieur et l’intérieur se confondent », elle. écrit sur son site iLou Camino/Hans Lucas
Pour que la maison passive soit positive, c’est-à-dire capable de produire plus d’énergie qu’elle n’en consomme, il faudra ajouter des panneaux solaires (environ 200 euros l’unité), ou une éolienne à proximité de la maison. Longtemps marginales, ces énergies renouvelables attirent de plus en plus de personnes qui craignent la levée du bouclier tarifaire sur les prix de l’électricité.
Ecolodges et nids douillets
Car si les Français aspirent à réduire leur consommation d’énergie, peu d’entre eux se disent prêts à sacrifier leur mode de vie à l’éco-frugalité. Une logique d’écologie désirable défendue par Manuel et Elodie, deux anciens cadres supérieurs qui ont quitté la région parisienne pour créer une maison d’hôtes près de Nîmes. « Notre projet immobilier comprenait à la fois un lieu d’habitation conforme à nos convictions et un outil de travail éco-responsable », explique le propriétaire des lieux. Ouvert en 2016, Bien Loin d’ici dispose de trois lodges de 30 m2 équipés de terrasses, jacuzzi, sauna/hammam et enceintes Bluetooth : des prestations de luxe, au milieu de la garrigue nîmoise, au sein d’un espace naturel protégé. L’écolodge est entouré d’un jardin méditerranéen sec et possède des plantes endémiques utilisées pour la phytoépuration. « Nous voulions proposer des hébergements de qualité supérieure qui s’intègrent parfaitement à leur environnement naturel et avec une empreinte carbone la plus faible possible », explique Manuel.
Pour mener à bien son concept, l’entrepreneur s’est adressé à PopUp House, une entreprise spécialisée dans les maisons passives préfabriquées en atelier et assemblées à destination, qui commercialise, à partir de 2 500 euros le mètre carré, des modèles à ossature bois, pensés pour être chaleureux. . « cocons ». « Avec leurs 2,70 mètres de hauteur sous plafond, leurs grandes baies vitrées et l’odeur du bois, nos maisons favorisent le bien-être et le confort de leurs propriétaires », décrit Pauline Godard, chef de projet PopUp House.
Célie, 37 ans, rêvait depuis des années de s’offrir un de ces cubes à l’architecture atypique. Poussés par des motivations économiques et environnementales, elle et son mari ont vendu la maison qu’ils rénovaient à grands frais depuis des années, pour acheter un nouveau PopUp clé en main… Livré en huit mois seulement. Son plus grand bonheur ? Il vit toute l’année à 21°C, même en période de froid intense, grâce à l’isolation en fibre de bois et à l’apport énergétique produit par la quinzaine de panneaux solaires installés sur le toit de la maison. Lorsque l’ensoleillement n’est pas suffisant, le ménage passe au contrat heures creuses/heures creuses signé avec son fournisseur d’énergie. « Pour ceux d’entre nous qui ont froid, ce sont des conditions idéales ! Dans notre ancienne maison, même avec un chauffage constant, avec la cheminée allumée, on n’atteignait pas les 20°C », raconte cette mère de trois enfants, qui ne paie que 80 euros par mois de facture d’électricité, pour une surface d’environ 180 m2 . .
Néoautonomes 2.0
La domotique s’avère être un complément à l’autonomie. Très appréciées des écolos technophiles, les solutions logicielles qui font du compteur domotique le mythe de la cabane dans les bois, mais facilitent la vie des utilisateurs. Eclairage, stores, chauffage, ventilation, orientation des panneaux solaires ou fonctionnement des appareils électroménagers : toutes les fonctions d’une habitation peuvent être automatisées et contrôlées à distance, en tenant compte de l’occupation des lieux, des températures extérieures et de la situation météorologique « La technologie rend possible le 100% d’autonomie de la maison en donnant aux propriétaires des outils pour gérer toutes leurs sources d’énergie et adapter leur consommation à leur mode de vie », explique Lionel Ahouandjinou, partenaire acquisition des coachs de Loxone, expert en domotique et en programmation « smart home ». « .
Grâce à une interface de gestion simplifiée – le système se contrôle tout seul : il suffit d’appuyer sur un interrupteur pour l’allumer – Mickaël Pallares-Morel et sa famille (cinq personnes au total) ont ainsi atteint 93% d’autoconsommation dans sa maison savoyarde, embarqué. 850 mètres d’altitude. « Malgré le climat rigoureux et l’absence de chauffage, nous avons réussi à faire pousser un ananas Victoria dans notre salon ! se réjouit le propriétaire. Cela n’exclut pas le scénario de pleine autonomie qu’il pratique par intermittence lors des coupures d’électricité, fréquentes dans ces régions de haute montagne.
Fragment de la série « Whispers of the World », de Lou Camino. Lou Camino/Hans Lucas
« Avec les 3 900 watts fournis par nos panneaux solaires, les 15 kWh supplémentaires stockés dans nos batteries et notre réservoir de collecte d’eau de 5 000 litres, situé sous la maison, nous pourrions faire face à des risques plus importants », explique-t-il. Un choix qui impliquerait cependant quelques investissements. « Pour qu’un lieu soit totalement autonome, il faut avoir cinq jours de consommation d’énergie devant soi. Avec nos deux véhicules électriques, nous devrions multiplier par quatre ou cinq notre capacité de stockage, sachant qu’une batterie coûte entre 5 000 et 6 000 euros, et réduire l’utilisation de nos appareils électroménagers ou électroniques », ajoute-t-il. Des limites injustifiées, selon cet informaticien de formation qui préfère l’écologie 2.0 au minimalisme de survie.
Vaincre l’éco-anxiété
Le logement indépendant, cependant, répond souvent à un idéal de vie anti-matérialiste. C’est la direction prise par Brian Ejarque, fondateur de la chaîne YouTube L’Archi’Pelle qui diffuse des contenus sur l’autonomie. « Je voulais montrer au public ce qui était possible ou non pour réduire la consommation et entrer dans une logique de résilience », explique le vidéaste qui a plus de 150 reportages à sa disposition. Ce Parisien d’origine, né dans les années 80, a adopté un changement de vie radical en 2017. « Être propriétaire d’un appartement de 20 m2, que j’aurais fini de rembourser à 47 ans, ne me faisait plus rêver. J’ai rejoint le Tarn où j’ai acheté, pour 40 000 euros, à un quart d’heure de Castres, un cabanon de 25 m2, entouré de 3 000 mètres carrés de terrain », déclare-t-il.
Leur objectif : résister aux chocs sociaux, énergétiques et financiers en devenant le plus indépendant possible. Il utilise donc des toilettes sèches, une chaudière à bois pour le chauffage et l’électricité, boit de l’eau de pluie filtrée et dispose d’une petite éolienne et d’un kit de panneaux solaires. Pour mener à bien ses activités sur Internet, il achète deux cartes SIM et jumelle les connexions afin d’augmenter son débit. « Nous n’inventons rien en vivant hors réseau : nos ancêtres l’ont fait avant nous. C’est une vie plus complexe, où parfois on a froid le matin au réveil, mais moins stressant et sans éco-anxiété », plaide Brian Ejarque.
La hausse des prix de la construction pousse les acquéreurs découragés à se tourner vers des solutions alternatives. Le logement léger en fait partie. Avec leur rondeur agréable, les yourtes, en particulier, attirent les visiteurs âgés de 25 à 40 ans, aux fortes convictions environnementales. « Pour un budget de 100 000 euros, on peut s’offrir une très belle yourte avec terrain et garder ses économies pour d’autres projets », précise Nicolas Chailloux, fondateur de Yourteco. Implantée dans le Maine-et-Loire, l’entreprise existe depuis 2015, mais le rêve de vivre dans une yourte remonte à l’enfance de son créateur.
« Les yourtes françaises sont inspirées des habitats mongols utilisés par les nomades, mais elles ont été adaptées au climat européen et au mode de vie sédentaire des utilisateurs. Faits de bois et de toile, ils sont très bien isolés, chauffés au poêle et dotés d’un système de ventilation manuel ou mécanique », précise-t-il. Pour donner de la clarté à l’intérieur, un dôme en verre ouvert fait office de puits de lumière et les murs ont été surélevés à une hauteur de 2,30 mètres afin d’améliorer l’habitabilité de la tente. Les modèles standards couvrent une superficie d’une soixantaine de mètres carrés avec un grenier et sont équipés de trois ou quatre chambres, d’une cuisine, d’une salle de bain et d’un WC. Ils peuvent être autonomes à condition d’ajouter un module dédié à l’autonomie. Cerise sur le gâteau, les réalisations à venir répondront aux normes RE2020.
Autrefois victime de son image « zadiste », le concept convainc désormais même les collectivités locales. « Les demandes de permis de construire reçoivent des avis de plus en plus favorables et le plan local d’aménagement intercommunal (PLUi) prévoit, à partir de 2020, la possibilité d’installer des logements légers dans les communes », précise Nicolas Chailloux. Un signe que les mentalités évoluent.
Microhabitat, maxi-sobriété
Nées aux États-Unis après la crise des subprimes et l’ouragan Katrina, les « tiny houses » (mini-maisons) sont également entrées sur le marché français à partir de 2011, avec une vocation environnementale marquée. D’une superficie de 13 à 20 m2, ces microhabitats, mobiles (lorsqu’ils sont montés sur remorque) ou fixes (sur pilotis), s’inscrivent dans une démarche de sobriété et de délabrement. « Face à la rareté des ressources, nous allons tous devoir prendre des décisions et apprendre à vivre avec moins », observe Christian La Grange, architecte d’intérieur. Défenseur de la simplicité volontaire, il est convaincu que « la fin de l’abondance rimera avec modération heureuse ».
Faciles à chauffer, à construire et à entretenir, les mini-maisons obligent leurs propriétaires à réduire drastiquement leur consommation. Lecteurs avides, musiciens, fashionistas et collectionneurs s’abstiennent. « Nous avons dû expliquer à un client qu’il ne pouvait pas faire entrer son piano à queue dans sa petite maison… C’est dur, quand on n’a pas l’expérience, de se projeter dans 20 m2. Même si les espaces sont optimisés et agencés pour couvrir l’essentiel de nos besoins quotidiens, il n’y a pas de rangements et l’espace est encore très restreint », avoue Lucie Jolivot, responsable du site internet et des projets de Ma Petite Maison. L’entreprise, qui accompagne ses clients dans son projet de microhabitat, a vu exploser les demandes ces trois dernières années. Le prix d’entrée de ces logements (25 000 euros pour l’auto-construction et 50 000 euros pour un projet monté) intéresse les primo-accédants… jusqu’à ce que la naissance d’un premier enfant les pousse à déménager dans un logement plus grand.
L’éco-activiste et conférencière Fanny Moritz a quant à elle opté pour le nomadisme. Après huit ans de vie citadine à Hong Kong, il a décidé de réduire son empreinte carbone et de construire sa propre petite maison mobile. Un terrain sur lequel il travaille depuis 2021 et qui lui permettra, avec un budget de 56 000 euros, de vivre en toute autonomie. « J’ai opté pour des matériaux recyclés et issus de l’économie circulaire, comme le métisse, un isolant fabriqué à partir de fibres de jeans transformées », explique-t-il. Outre ses qualités environnementales, ce matériau a le mérite d’être léger, adapté au mobil-home qui ne doit pas peser plus de 3,5 tonnes. Une fois les travaux terminés, Fanny Moritz envisage d’organiser un « slow tiny tour » : un voyage de deux ans, à travers les principales régions de France, pour exposer son mode de vie au grand public.
« Je souhaite inviter un maximum d’élus pour leur faire visiter ma tiny house et les aider ainsi à accepter plus facilement l’installation de ce type d’habitat sur leur terrain », annonce-t-il. En Seine-et-Marne, Guillaume et Diane contribuent également à démocratiser le modèle en louant leur petite maison, située à la campagne, via Airbnb. « Nous avons voulu permettre à nos visiteurs de vivre, le temps d’un week-end ou d’une semaine, la vie dans un micro-habitat. Plusieurs d’entre eux nous appellent après leur séjour pour recueillir un maximum d’informations et envisager un projet d’habitation », raconte Diane. Depuis l’ouverture à la location en juin 2022, le taux d’occupation est de 80%. Le couple s’est rapproché des offices de tourisme pour implanter cinq à dix nouvelles mini-maisons en Ile-de-France.
L’autonomie érigée en art de vivre
Une chose est sûre, la quête d’autonomie ne se limite pas au logement mais s’inscrit dans une pensée globale, parfois politique, proche de l’effondrement. Engagés contre le nucléaire et désireux de vivre, dormir et manger sans abuser des ressources naturelles, Patrick et Brigitte Baronnet ont passé quarante ans à construire leur lieu de vie. Le couple achète une maison ancienne en 1973 qu’ils rénovent, agrandissent et rendent complètement indépendante. « Notre réflexion est à la fois holistique et synthétique, intégrant tous les pans de notre vie de manière cohérente. Nous avons réduit nos consommations d’eau, de chauffage et d’électricité mais nous avons aussi fondé l’une des premières coopératives écologiques de France », explique Patrick Baronnet qui revendique être « autonome mais solidaire ».
Sans réfrigérateur, la famille concentre son alimentation sur les produits de son jardin, à l’exception du poisson. « L’autonomie est un mode de vie », souligne le septuagénaire qui a travaillé à temps partiel pendant quinze ans, avant de prendre sa retraite, pour se consacrer à son écosystème. « Une fois que vous produisez autant que vous en avez besoin, vous n’avez plus besoin de gagner autant d’argent », dit-il. Le couple organise régulièrement des stages de découverte sur les différentes méthodes d’autoconstruction. « Les gens ne savent plus être autonomes chez eux et dépendent de professionnels pour toute réparation. Maîtriser les savoir-faire autour de son habitat, c’est prendre sa vie en main et être libre », explique Patrick Baronnet.
La tentation de l’autarcie
A la ferme biologique du Bec-Hellouin (Eure), Charles Hervé-Gruyer a fait de la résilience une véritable recherche. Ce qui était au départ un projet de vie commun est devenu, après leur divorce, leur aventure personnelle. Sa maison est chauffée par un poêle à bois, qui sert aussi à cuisiner. Il coupe ses esters dans la forêt voisine avec des outils à main qui n’utilisent pas d’huile (haches, scies japonaises). « J’aime vivre dans ces conditions. C’est très agréable de faire des exercices physiques, en pleine nature », raconte le propriétaire. Valorisant les métiers traditionnels, il valorise les ustensiles en bois, l’artisanat, la céramique, la teinturerie et la vannerie. Les téléphones portables et les ordinateurs sont rechargés grâce à des panneaux solaires. Un puits a été creusé pour garantir l’autonomie en eau de la ferme, en cas de besoin, et la terre est labourée avec un cheval de trait. Les serres sont alimentées par des pompes solaires.
« Nous avons toutes les roues de secours pour le jour où le système dominant s’effondrera », assure Charles Hervé-Gruyer, qui vient de lancer un programme de recherche sur le blé de grande culture sans outils motorisés. Cet autodidacte, qui a appris l’agriculture et l’horticulture sur le tas, cultive 600 variétés de fruits, légumes et plantes sauvages. Il possède également un corral, un troupeau de 50 moutons, des ânes et des ruches. « De plus en plus de gens aspirent à renouer avec la nature et à vivre de la terre », a-t-il déclaré. A travers une série de guides pratiques, il donne aux novices les clés de l’autoproduction et propose des formations en ligne à la création et à la gestion de microfermes.
Extrait de la série « Whispers of the World », de Lou Camino. Cette série sera exposée à la Maison des Artisanes de Rochefort-en-Terre (Morbihan) du 20 mars au 21 mai, puis à Molac (Morbihan) où le photographe Lou Camino / Hans Lucas s’est installé
La permaculture (agriculture durable) est l’un des éléments constitutifs de l’autonomie, qui boucle la boucle d’un système vertueux (la maison produit de l’énergie, fertilise le sol avec du compost, récupère l’eau pour irriguer les plantations, etc.). « La culture de la permanence s’inspire de l’intelligence de la nature et de la vie pour régénérer ce qui a été détruit », commente Kevin Simon, photographe et expert en agroforesterie. Il découvre la permaculture lors d’un stage de fin d’études en Asie du Sud-Est, durant lequel il réalise un long métrage sur la déforestation de la jungle cambodgienne. En 2019, il se lance dans un tour de France à vélo, le Permacooltour, et parcourt plus de 5 000 km en trois ans pour découvrir des lieux écoresponsables.
Adepte de l’habitat léger et nomade (éco dômes, yourtes, maisons), il aime vivre au rythme des saisons et déménage tous les deux ans. En 2022, il rejoint Les Alvéoles, un bureau d’études en agroécologie situé dans la Drôme, qui travaille à régénérer les paysages en créant des forêts comestibles et en restaurant les nappes phréatiques. Le groupe recherche des terrains pour construire un habitat groupé, zéro déchet, passif et autonome, appliquant des méthodes de construction ancestrales (enduit à la chaux), utilisant des matériaux naturels (chanvre, paille, bois, terre crue, briques, etc.). Conscient de la force du collectif, Kevin Simon ne croit pas au mythe du « jardinier, seul dans son hamac », mais aux projets participatifs qui mobilisent la solidarité et l’engagement de tous. Selon lui, pour qu’elle soit durable, l’autonomie « ne doit pas conduire à l’autarcie mais repose, au contraire, sur la régénération des liens sociaux et humains ».
Ecovillages, une aventure collective
Depuis la crise sanitaire, des centaines d’écoloks organisés dans les communes autonomes ont vu le jour. « Les gens voulaient sortir de la ville et d’une société bâtie sur l’accumulation de richesses pour vivre une nouvelle expérience sociale, au sein d’une communauté qui partageait des valeurs communes », plaide Clément Champault, co-fondateur de JPC Events (Vivre en autonomie et Expo de survie). ). Sollicité par les promoteurs pour transformer un parc de logements situé à une heure de Paris, en Seine-et-Marne, il a été l’initiateur du projet d’Ecovillage de l’étang, qui abrite une centaine de logements.
Les propriétaires disposent d’un terrain de trois à quatre hectares équipé d’une villa indépendante et bénéficient de nombreux services tels qu’un potager collectif, une production solaire, un droit de pêche, un potager, un poulailler, un système d’épuration des eaux usées et un gardien en charge. de ressources communes. « Les lieux écologiques sont le meilleur moyen d’apprendre à vivre dans un petit habitat et à partager avec les autres. Mais ils demandent beaucoup de tolérance », avoue Christian La Grange.
L’échange de services, le transfert de compétences et les systèmes d’entraide seraient donc les fondements d’une vie indépendante. Ecologiquement, la mutualisation a du sens. « Au niveau du quartier, il est possible de mettre en place des mesures efficaces de sobriété énergétique bien moins coûteuses que pour un particulier, via l’installation d’une chaudière collective, la réduction de l’éclairage public ou l’utilisation de panneaux solaires dans les bâtiments tertiaires », insiste-t-il. Gautier Villard, directeur de l’activité solaire et renouvellement énergétique chez Hello Watt, membre des 20 French Tech Green.
Pour la famille Richard, c’est une philosophie de vie… qui fait boule de neige. « Depuis quinze ans, nous avons construit un espace écologique capable de couvrir 100% des besoins de notre famille. Nous avons alors accueilli de nombreux woofers (travailleurs bénévoles qui échangeaient leurs services contre un logement et de la nourriture) qui nous ont incités à ouvrir notre ferme à des familles qui aspiraient à une vie plus sobre proche de la nature », écrit Bénédicte Richard. La prochaine étape, pour ces pionniers de l’environnement, est d’augmenter la résilience des communautés des townships et de réduire leur empreinte carbone, par exemple en plantant des clôtures nourricières ou en créant des jardins participatifs ou des composteurs. Faire du mythe de l’autonomie une réalité, à l’échelle territoriale.
La vague du photovoltaïque déferlera-t-elle en France ?
Le photovoltaïque est en difficulté en France. Les prix bas de l’électricité jusqu’à l’an dernier, puis la mise en place du bouclier tarifaire fin 2021, n’ont pas vraiment incité les ménages à l’utiliser. Cependant, la hausse de 15 %, en moyenne, des tarifs réglementés de l’électricité (désormais limitée à 4 %) et du gaz, prévue pour le 1er février prochain et la suppression à terme de ces aides économiques, pourraient changer la donne. « Les prix de l’électricité ont augmenté de 300 % sur le marché européen au cours de l’année dernière. Sans le bouclier tarifaire, les citoyens français verraient leur facture multipliée par trois », prévient Julien Mawet, fondateur de la société belge Wattuneed, développeur de kits solaires photovoltaïques. En Belgique, où les prix du marché s’appliquent librement, le mégawattheure s’élevait à plus de 410 euros en décembre dernier, contre 85 euros au 1er janvier 2022, pour une facture annuelle moyenne de plus de 2.000 euros pour les particuliers, selon l’Office européen de l’électricité. réseau. gestionnaires de systèmes de transport. De quoi faire changer d’avis les Français…
Huttopia : les cabanes en danger
Les campings nature Huttopia sont menacés par la loi climat et résilience qui va soumettre les Habitats Lumière et Loisirs (HLL) aux exigences RE2020 à partir du 1er juillet 2023. Ainsi, les cabanes dans les arbres et les bungalows en bois devront respecter les règles de la réglementation environnementale qui, selon Philippe Bossanne, le fondateur d’Huttopia, entraînerait une augmentation des coûts de fabrication de 50% à 70% : une augmentation impossible à répercuter sur les tarifs à la nuitée. « L’application de cette règle mettrait un terme à notre aventure française », craint-il. Il espère convaincre le gouvernement d’exclure de la loi les HLL de moins de 35 m2 pour les destinations touristiques, rappelant aussi que, dans le cadre du Plan de relance du tourisme 2021, ces habitats avaient été identifiés comme des outils de développement du territoire. protection des paysages et de la nature. À ce moment-là, leur part de campings était passée de 20 % à 40 %.