Immobilier : Métiers populaires en reconversion

Publié le 16 février 2022 à 18 h 00 Mis à jour le 21 février 2022. 2022 à 9 h 32

Il est des métiers dont l’image a radicalement changé en quelques années : de l’agent immobilier, un peu escroc, en Ray-Ban et en tailleur rayé. « Il est désormais perçu comme un conseiller juridique et technique qui aide son client », explique David Givaudand, directeur de la formation continue du groupe ESPI, une école privée spécialisée dans l’immobilier. La raison ? Les émissions de télévision vantent les mérites de ces professionnels.

Le secteur attire de plus en plus de travailleurs qui ont déjà exercé une autre activité et se forment au métier par la formation continue, ce qui représente désormais 13 % des effectifs de l’école. « Cela augmente chaque année et nous sommes encore loin de répondre aux demandes du marché », poursuit le directeur. Des métiers chauds ? Des agents, bien sûr, mais aussi des métiers liés à la promotion immobilière et dans une moindre mesure à la copropriété et à la gestion locative, difficiles à recruter.

Dans les agences immobilières, ces profils, qui ont déjà eu leur première vie professionnelle, sont valorisés. « 60 % des salariés n’avaient aucune expérience dans l’immobilier avant de rejoindre le groupe », précise Orpi sur son site internet. « Avec ou sans diplôme, avec ou sans expérience professionnelle, nos critères de recrutement les plus importants sont : votre motivation, votre dynamisme et votre désir de bien performer afin d’atteindre la satisfaction de nos clients », ajoute Century 21.

Des profils recherchés en agence

Selon une étude (2019) de Recrutimmo, site de recrutement spécialisé, 160 000 postes dans l’immobilier sont à pourvoir chaque année. Le secteur a besoin d’armes, l’écrasante majorité des employeurs disent avoir des difficultés à recruter. Chez Liberkeys, nouvelle agence immobilière, les convertis représentent la moitié des effectifs.

Ils sont issus de l’hôtellerie-restauration, de l’événementiel et du commerce et sont « professionnels, orientés client et commerciaux », énumère Julie Loury, directrice des ventes, responsable du domaine des agents indépendants. L’agence travaille aussi bien avec des courtiers salariés qu’avec des agents immobiliers indépendants.

Ces derniers sont plus adaptés au recrutement de profils en reconversion du fait de barrières à l’entrée moindres : pas de diplôme requis, coût de la formation en interne. Contrairement aux agents immobiliers, qui sont soumis à une formation obligatoire (Loi Alur), ils ne disposent pas de la licence professionnelle en transactions immobilières délivrée par la Chambre de Commerce, mais dépendent de celle des agents immobiliers. Il en va de même pour les agents immobiliers qui travaillent sous la direction d’un agent immobilier.

38.000 mandataires indépendants, quatre fois plus qu’en 2015

Caroline Kastler, 34 ans, est passée par là. Ancienne cadre événementielle qui ne « s’épanouissait » plus dans son métier, elle est devenue en un mois agente, montre en main. « Je voulais trouver un métier dans lequel je pourrais facilement m’épanouir, avec des relations multiples et variées. Un métier avec une reconversion facile et rapide et une vie assez bonne », confie-t-elle.

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Elle a appris le métier chez Liberkeys, qui se charge de la formation interne de ses recrues. Comme elle, la France compte environ 38.000 agents indépendants, un effectif qui a quadruplé depuis 2015, révèle une étude du cabinet Xerfi.

Fait rare dans le monde du travail, seuls 7% des employeurs du secteur immobilier considèrent le diplôme indispensable à l’embauche, selon l’étude Recrutimmo (2021). Ce sont les « soft skills » qui sont au premier plan et un métier qui s’apprend sur le tas.

C’est ce qu’a fait Sarah Chavet, 33 ans, agente indépendante qui travaille pour l’agence de Stéphane Plaza. Cette ancienne infirmière devenue directrice d’école maternelle a vu une annonce dans le journal local. « J’ai écrit un mail, le lendemain j’ai eu un entretien », se souvient-elle. La machine est en route, l’agence la prend sous son aile et la forme. « Même 80 % de mes collègues viennent de reconversion. »

Et d’ajouter : « Chaque jour est un challenge différent : on découvre un client, sa maison et son histoire. Il y a aussi les ruptures, les mariages, les naissances, les deuils… Je me retrouve beaucoup de ce côté-ci des relations », témoigne la jeune femme, qui, en revanche, souligne qu’elle « travaille beaucoup ». Reste la partie technique et juridique, qu’elle apprend encore aujourd’hui.

Des rémunérations attractives

On observe également une tendance à la reconversion des profils parmi les demandeurs d’immobilier et titulaires de licences professionnelles. « C’est à peu près ça. Souvent, ce sont des gens qui étaient des cadres commerciaux, des cadres marketing, qui avaient des responsabilités et un jour soif de liberté », explique Delphine Herman, à la tête d’Homelyoo, un cabinet de chasse à l’immobilier.

Les salaires et traitements sont aussi une bonne carotte. La plupart des agents, chasseurs, agents et négociateurs sont payés à la commission. En tant qu’indépendant c’est partagé avec l’agence, en tant qu’employé le salaire s’apparente plus à une commission d’avance.Et du fait des délais d’acquisition immobilière, la première année peut être synonyme de vaches maigres.

En moyenne, un agent immobilier débutant gagne entre 1 500 et 3 000 euros bruts par mois, avec une expérience allant jusqu’à 5 000 euros. « Les professionnels de l’immobilier gagnent bien, voire très bien, leur vie. Côté intermédiaires, ils sont mandatés à durée indéterminée et réalisent même parfois un chiffre d’affaires annuel de 500 000 euros ! ajoute David Givaudand du groupe ESPI.

Comment obtenir la carte professionnelle de propriété

Les agents immobiliers, administrateurs ou fiduciaires sont des professions réglementées. La carte professionnelle (entreprise immobilière, gestion immobilière ou syndic) nécessite un diplôme (ex. BTS Immobilienberufe) attestant d’une formation dans le secteur immobilier ou justifiant d’une expérience professionnelle de trois à dix ans dans le secteur. . Il est délivré tous les trois ans par la Chambre de Commerce et d’Industrie. Pour renouveler, chaque titulaire de carte doit suivre 42 heures de formation pendant trois années consécutives.