La disparition imminente des crèches : des craintes…

Depuis l’adoption de la loi Blanquer « Pour une école de confiance » en 2019, les écoles maternelles sont menacées de disparition. Cette répression touche aussi bien les professionnels de la petite enfance, les parents que les élus locaux.

Dès la rentrée 2024, les écoles maternelles doivent être totalement transformées ou fermées. La loi du 26 juillet 2019 « Pour une école de tutelle » prévoit une obligation de fréquentation de l’école maternelle « pour tout enfant à partir de trois ans ».

Cette loi a pour effet pervers de « la fin d’un système qui existe depuis plus d’un siècle », explique Caroline David, co-présidente de la Fédération nationale des écoles maternelles. Les maternelles – lieux d’accueil « à mi-chemin entre la maternelle collective et la maternelle » inspirés de la pédagogie Montessori – proposent « une forme de pédagogie alternative à la maternelle qui est la bienvenue et c’est pourquoi il y a un malentendu face à cet effacement. »

– Cette décision est regrettée par de nombreux parents, professionnels et élus locaux, indique Caroline David. Déjà en 2019, des voix s’élevaient contre cette disposition légale, qui met fin aux activités traditionnelles dans les jardins d’enfants. Une pétition lancée en avril 2019 a recueilli plus de 14 000 signatures.

Un avenir incertain 

Le ministère de l’Éducation a fixé à 2024 la date à laquelle ces structures auront adopté un nouveau modèle. Si le gouvernement préfère parler « d’évolution », pour les professionnels du secteur, il ne s’agit que d’une stratégie pour rendre la pilule plus facile à avaler.

En réalité, les crèches n’ont d’autre choix que de se transformer « soit en crèche privée sans contrat, soit en crèche », précise Caroline David. On parle de véritable oppression et de disparition, insiste-t-elle.

Le délai est aussi jugé « particulièrement court » pour ces structures, qui n’ont eu que 5 ans, dont deux ans touchés par l’épidémie de covid, pour construire un projet de transformation. En 2020, une mission générale de surveillance a été confiée pour évaluer les possibilités de développement de ces entreprises. Cette dernière a proposé d’étendre les conditions d’accueil aux enfants âgés de 18 mois, mais rien d’autre n’est prévu, notamment pour « les 130 maternelles municipales qui ne peuvent pas devenir des écoles privées sans contrat et qui ne disposent pas non plus de locaux adaptés pour devenir une maternelle. »

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Pap Ndiaye, ministre de l’Education nationale et de la Jeunesse, avait laissé entrevoir une lueur d’espoir pour l’avenir de ces structures lors de son audition au Sénat en juillet dernier, indiquant avoir été alerté « sur la question des crèches par plusieurs élus et plusieurs députés du gouvernement ». Sans donner plus de détails, il a déclaré que le gouvernement « doit trouver une solution légale pour s’assurer qu’ils puissent continuer à admettre des enfants ». »

Des conséquences pour les communes 

Ce changement pour les maternelles ne sera pas financièrement neutre pour les communes et les intercommunalités. Certains sont même leaders (130 sur 260 en France). « Pour se transformer en crèche, par exemple, les investissements financiers peuvent être très lourds », explique Caroline David. Les chambres d’accueil pour enfants entre 2 et 6 ans ne sont pas les mêmes que les chambres pour bébés entre 0 et 3 ans. »

Autre difficulté annoncée : les municipalités et les rectorats doivent s’attendre à ce que davantage d’enfants soient scolarisés dans les écoles existantes. – Les jardins d’enfants publics doivent s’attendre à accueillir des enfants qui ne sont plus les bienvenus et il n’y a pas forcément de place. Il sera éventuellement nécessaire de créer des jardins d’enfants ou d’ouvrir davantage de classes… » Des exigences accrues pour d’autres services de jardins d’enfants peuvent également en être la conséquence. Il convient également de noter que les jardins d’enfants offrent des formes d’enseignement particulièrement favorables pour certains enfants plus vulnérables, comme les handicapés.

L’AMF soutient donc la demande de la confédération nationale des écoles maternelles d’allonger la période de transition pour leur permettre de s’adapter aux conséquences de l’abaissement de l’âge légal de scolarisation à 3 ans. Caroline David encourage les maires à interpeller le gouvernement sur ce sujet qui concerne les 260 écoles maternelles existantes en France. &#xD ;