Les prix du blé et du maïs, en forte baisse depuis la mi-juin, ont fortement chuté mardi pour plusieurs raisons, selon une analyse d’Agritel : à la Bourse de Chicago, le marché se rééquilibrait après d’importantes ventes et avant un nouveau rapport de la L’union. Le Département de l’agriculture d’État (USDA) devrait enregistrer « l’augmentation de la superficie de maïs au détriment du soja » aux États-Unis.
Sur Euronext, le retour était également dû au retour de certains acheteurs sur le marché, comme l’Algérie, qui aurait acheté une énorme cargaison (740 000 tonnes de blé), et la Tunisie (100 000 tonnes de blé et 50 000 d’orge). Le Pakistan a lancé un appel d’offres pour 500 000 tonnes de blé meunier.
?? Algérie??? OAIC réservé jusqu’à 740k blé ?? les commerçants disent .. @ReutersSupporting MATIF, bien sûr! @euronext @RoryDeverell @grainburger1 @DHadelin @bentleystweet @laurdelcourt https://t.co/1MUsJDHDfo
Retour de la Chine
Autre facteur clé, la montée des restrictions sanitaires en Chine : « La plupart des flux entrant sur le marché des matières premières sont déterminés par des algorithmes, qui lisent les titres (sites d’actualités) et les signaux techniques (seuils ou mouvements). Avec des gros titres qui disent que la Chine, qui est le plus grand importateur de matières premières au monde, rouvre, ça ne peut être que positif (pour les prix), a déclaré Arlan Suderman, de la plateforme StoneX.
La « correction » est-elle complète ? Sur le marché américain, « ça dépendra beaucoup de la suite de l’été, notamment des prochaines semaines pour le maïs, car la pollinisation commence », précise Jack Scoville du groupe Price Futures.
« Tout le monde parle d’une possible récession et c’est dans toutes les têtes, car les prix des céréales sont vraiment élevés », malgré la correction, précise-t-il.
La tendance baissière des semaines précédentes s’expliquait par une combinaison de « conditions météorologiques améliorées », « situation relativement gelée en Ukraine » et « craintes croissantes d’une récession » : des facteurs « toujours présents », selon Edouard de Saint-Denis, courtier chez Plantureux & associé.
Moissons
Dans les grandes plaines d’Europe, la moisson du blé commence. En France, principal producteur européen de blé tendre, la récolte s’annonce correcte en volume mais inégale en qualité, certaines régions ayant été touchées par des épisodes de cailloux ou de fortes chaleurs en pleine période de remplissage des grains.
En Russie, la récolte s’annonce record avec des prévisions de 88 millions de tonnes, contre environ 75 millions l’an dernier.
Mais de nombreux opérateurs hésitent à soumettre des navires à la mer Noire et le rouble est à un « plus haut de sept ans » en raison de l’obligation de traiter les transactions en rouble. Pour favoriser ses exportations, Moscou revoit son mode de calcul des taxes à l’exportation (actuellement à 146 dollars la tonne de blé), selon Agritel.
« Système de troc »
Grâce à la reprise des achats sur les marchés, une nouvelle logique de flux est visible. La Russie s’est engagée lundi à garantir un « approvisionnement ininterrompu » en engrais au Brésil, indispensable à la puissante industrie agroalimentaire brésilienne qui importe 80% de sa consommation d’engrais, dont un quart de Russie.
Le président brésilien Bolsonaro et le président russe Poutine se sont entretenus lundi au téléphone du sommet des BRICS et des questions relatives aux engrais et à la sécurité alimentaire. L’appel a été annoncé par le conseiller en politique étrangère de M. Poutine et confirmé par le site officiel du Kremlin : https://t.co/SRNOYxe5yg
« S’agit-il de trouver un accord de libre-échange, incluant par exemple l’éthanol brésilien, ou est-ce le signe d’une volonté d’orienter les flux de matières premières agricoles vers des pays qui pourraient être des alliés comme la Chine ? demande Edouard de Saint-Denis.
« D’autre part, l’Égypte a acheté du blé indien et a promis de fournir des engrais à New Delhi. Cet accord d’État à État s’apparente à un système de troc. Et cela suggère une réponse à l’insolvabilité de certains États », note-t-il.