La moitié des actions d’Ile-de-France peut être retenue à…

Les entreprises du BTP verront leurs travaux coupés en Ile-de-France. Pour accélérer la rénovation énergétique, la loi Climat et Résilience de 2021 prévoit l’interdiction de la location de filtres thermiques, labellisés de G à E selon leur diagnostic de performance énergétique (DPE). Certes, elle sera progressive, à partir de G 2025, F 2028 et E 2034, mais elle a déjà commencé depuis le 1er janvier, pour les foyers classés G+, c’est-à-dire ceux qui consomment plus de 450 kilowattheures par an. , la location est interdite. Mais surtout, elle concerne un grand nombre de logements, puisque la moitié des résidences principales sont actuellement classées E, F ou G, en Ile-de-France.

L’Institut régional de Paris (IPR) a publié un communiqué en octobre dernier : « L’Ile-de-France a un parc de logements énergivores plus élevé que les autres régions (45 % contre 40 %). Mais avec les nouveaux DPE (voir encadré), les chiffres ont été affinés et donc on est passé à la moitié des maisons. » En arrondissant, on a 27% d’habitats classés E, 13% de F et 11% de G, explique Sandrine Beaufils, démographe du département Habitat et santé Et dans une région sous tension comme l’Ile-de-France, supprimer 10 % du parc de logements en deux ans n’est pas négligeable.

560.000 logements G en Ile-de-France

Alors bien sûr, tous les logements G ne sont pas loués et les propriétaires résidents pourront garder le leur. Mais il s’agit tout de même d’un bien de surclassement si vous souhaitez conserver la même offre locative. « Pour réaliser une commande d’amour, il y a 560.000 logements G dans la région, l’objectif de construction en Ile-de-France, qui n’est souvent pas atteint, alors qu’il est de 70.000 logements », a précisé Sandrine Beaufils. « On sent déjà la pénurie de l’offre locative depuis janvier », constate Olivier Princivalle, président de la Fnaim Grand Paris. Soit les propriétaires ne veulent plus louer, soit ils préfèrent le mettre en vente. A Paris c’était déjà très difficile de louer un logement, là ça devient un parcours du combattant. »

L’objectif est donc très ambitieux, certains diront trop, et le problème, c’est qu' »en ce moment, c’est un peu louche de tous les côtés », estime Sandrine Beaufils. « Il n’y a pas d’éléments positifs qui laissent présager que ce sera viable », a ajouté Olivier Princivalle. Premièrement, il y a la question du coût. « En moyenne, pour le renouvellement énergétique, on est à 1.000-1.500 euros le m² sans compter l’augmentation du prix des matériaux, a déterminé l’agent immobilier. Et quand l’isolation ne peut se faire par l’extérieur, par exemple dans l’Haussmannia à Paris, elle doit se faire par l’intérieur. Cela signifie réduire la surface au sol de sa maison, refaire le câblage, peindre et tout ce qui fait grimper la facture. Sans compter que « l’isolation intérieure fait disparaître moulures et boiseries ». « La première question que les gens posent lors de la réunion publique sur les énergies renouvelables est de savoir combien cela coûte et de quel soutien ils ont besoin. Ils sont très riches », rapporte Jacques Baudrier, le député parisien chargé de la transition écologique des bâtiments.

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Le pouvoir magique de l’argent public

Si Olivier Princivalle déplore la faiblesse des mécanismes de financement, il assure que c’est « la majorité » des élus communistes, sachant pertinemment que « si vous n’accompagnez pas le peuple avec l’argent public, vous ne pouvez pas le faire ». Ainsi, l’été dernier, le conseil municipal a décidé de renforcer le dispositif des copropriétés pour « l’éco-renouveau de Paris » en y ajoutant un « + ». Cela signifie que non seulement les propriétaires à faible revenu en bénéficient désormais, mais également les copropriétés classées de G à E, ce qui signifie que la « très grande majorité des copropriétés » sont éligibles. Cela s’est vu dans les inscriptions sur la plateforme « coachcopro » qui donne accès au dispositif d’accompagnement, qui ont quasiment décuplé entre 2021 et 2022.

« Par exemple, pour un travail de rénovation moyen de 20 000 € par logement, vous pouvez toucher 3 750 € de Ma Prime rénov’ [le dispositif gouvernemental], plus 4 000 € d’Eco-rénovons + et 2 100 € de défiscalisation foncière, ce qui donne. 50% de cofinancement », a expliqué Jacques Baudrier. Avec ce dispositif, la Ville de Paris espère passer de 2 000 logements rénovés en 2021 à au moins 6 000 en 2026, sachant qu’en 2030 il faudra en avoir 40 000 par an pour réaliser les objectifs fixés par le gouvernement. »C’est un grand pas », a reconnu le consultant parisien.

Des entreprises introuvables

Surtout, selon Olivier Princivalle, « dans certains immeubles, comme les haussmanniens, malgré tous les travaux, on n’atteindra jamais D ». « L’avis montre […] que les travaux réalisés ne seraient pas synonymes de gains énergétiques suffisants », indique le communiqué de l’IPR. Enfin, même si vous décidez de vous lancer dans les travaux de rénovation, encore faut-il trouver les entreprises qui doivent les faire. « Il n’y a pas assez de professionnels RGE formés et agréés », déplore Sandrine Beaufis.

Face à ces difficultés, la présidente d’Ile-de-France, la Fnaim, demande au gouvernement d’adapter le calendrier à la réalité, notamment en « levant l’interdiction de location, lorsque la copropriété s’est engagée dans une démarche d’amélioration énergétique ». Il conseille également aux propriétaires de bien se renseigner et de ne pas être là pour commencer les travaux. Jacques Baudrier anime de grandes réunions publiques (la prochaine aura lieu le 19 janvier à la mairie du 13e) pour présenter le dispositif Eco-Rénovons +. « De toutes les réunions publiques que je fais, ce sont celles qui attirent le plus de monde », dit-il. « On sent un changement dans le comportement des ménages qui font plus attention à la labellisation des logements », ajoute Sandrine Beaufils. Mais cette prise de conscience sera-t-elle suffisante pour atteindre les objectifs à temps ?