Les effets cumulés de la sécheresse et du manque d’eau ont lieu « lors de la pollinisation » du maïs, dans une période critique, explique Xavier de Castelbajac, directeur de
Le maïs est généralement semé entre avril et mai, « les plantes vont pousser et, début juillet, il y aura une saison pollinique », puis la fleur « enflammera la plante et grâce à cette fertilisation un épi de maïs se formera » , avant d’être récoltées début octobre, explique Xavier de Castelbajac.
Le groupe dont 60 % des parcelles sont irriguées constate une nette différence par rapport à celles qui ne sont pas irriguées : les pertes de rendement pour certaines sont estimées à 10-20 % contre 50 % « ou plus » sans irrigation.
Selon le dernier baromètre CéréObs de FranceAgriMer, publié le 29 juillet, sur l’ensemble du territoire, le pourcentage de parcelles de maïs jugées « bonnes à excellentes » est passé de 75% à 68% en une semaine.
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La sécheresse et les trois canicules successives, directement imputables au changement climatique selon le consensus scientifique, ont sévèrement restreint le débit des rivières dans de nombreuses régions, multipliant les mesures de restriction d’eau, parfois à usage agricole.
En France, avec une consommation d’eau annuelle estimée à 5,3 milliards de mètres cubes par an, l’agriculture est la première activité consommatrice d’eau (c’est-à-dire le refroidissement des centrales électriques (31 %), l’eau potable (21 %) et les applications industrielles (3 %), selon au Ministère de l’Agriculture.
« Plus rien à faire »
Face à des sols secs, « l’irrigation est le seul moyen de garantir les rendements du maïs. A l’arrière, des filières comptent sur nous, « notamment pour l’alimentation animale, où l’un des principaux ingrédients est le maïs », plaide Xavier de Castelbajac.
Or, « le problème de cet usage, c’est que cette consommation intervient surtout à un moment où les ressources se font rares », souligne Éric Sauquet, directeur de la recherche hydrologique à l’Inrae.
3 photos résumant l’intérêt du stockage de l’eau en hiver car alors il y aura du maïs avec du grain et une parcelle non irriguée qui s’assèche ! Priorité alimentation vache et besoin urgent d’adopter le prix du lait @FNPLait @MFesneau pic.twitter.com/Gms1dfuysZ
« La sécheresse hydrologique est généralement une conséquence du déficit pluviométrique observé les jours ou mois précédents, et le phénomène de recharge des nappes phréatiques ne s’est pas produit », mais généralement « ce stock accumulé en hiver apportera un soutien en été, lorsque les cours d’eau sont faibles ». – explique le scientifique. Cette année, « la réponse à très court terme au maïs déjà planté, c’est qu’il n’y a rien d’autre à faire », explique Christian Huyghe, directeur de la recherche agronomique à l’Inrae.
Un frein à l’adaptation
La FNSEA prône un meilleur stockage de l’eau avec des réservoirs remplis d’eau de surface et d’eau de pluie. « La France compte 28 millions d’hectares de terres agricoles (SAU) et 1,7 million d’hectares sont irrigués, soit 5 % des SAU », conclut Christian Huygue.
Mais « l’impact de ces réservoirs sur le milieu naturel, certes pas neutre, est encore contestable par les scientifiques », souligne Éric Sauquet.
Considéré comme un « obstacle à l’adaptation au réchauffement climatique », le pari sur les réservoirs de montagne (stockage d’eau) et les réservoirs de rétention pour garantir les rendements agricoles « est conçu pour créer l’illusion que le système peut survivre alors que certainement en même temps il y aura d’autres blocages ou autre » quand « on sait que la taille du gâteau va diminuer » – explique le chercheur.
Si le stockage de l’eau et l’irrigation sont considérés comme l’un des leviers de protection de l’agriculture, selon les chercheurs, « il y en a d’autres » : repenser le système de production, changer les cultures, créer la polyculture voire l’agroécologie.