A 60 ans, Guy Corbel envisage sérieusement de prendre sa retraite. Installé près de Lamballe, à Trémeur (22), l’éleveur souhaite céder son exploitation de 210 truies et 5 500 poules pondeuses à un jeune. « J’y travaille depuis deux ou trois ans », a déclaré l’agriculteur, impatient de passer le relais.
Un défi pour l’agriculture bretonne. « 40 % des 36 400 chefs d’exploitation ont plus de 55 ans et prendront leur retraite dans les dix prochaines années », rappelle Valérie Lavorel, conseillère en installation de transmission à la chambre d’agriculture de Bretagne.
A l’heure où la Grande-Bretagne compte une installation pour trois départs, la question est l’une des priorités de la profession. L’an dernier, la région – l’une des plus dynamiques – comptait près de 700 installations, dont un demi-millier de transferts aidés, pour la première fois depuis dix ans. Un nombre que la Région Bretagne entend doubler dans les années à venir, dans un contexte où le transfert dans le cadre familial diminue progressivement. Les nouveaux candidats sont plus qualifiés et âgés de plus de 30 ans en moyenne, davantage attirés par des productions végétales moins sujettes à des crises fréquentes.
Jusqu’à 30 000 € d’aides
Depuis 2015, 25 partenaires se sont regroupés en Bretagne pour accompagner les agriculteurs préparant la cessation d’activité et les candidats à la reprise d’exploitation. Avec succès, souligne-t-il Valérie Lavorel : « 95 % des installations qui ont bénéficié d’aides (70 % des installations) sont toujours en activité après cinq ans », souligne-t-il. Une aide de 25 000 à 30 000 € en moyenne pour les moins de 40 ans et de 6 000 € pour les 40-50 ans, que les collectivités peuvent compléter par une subvention pouvant aller jusqu’à 15 000 € selon les territoires.
Anticiper au plus tôt
Succès dont des ingrédients est de préparer le transfert. A Trémeur, Guy Corbel se donne encore deux ans pour passer le relais, quitte à partager son exploitation avec l’activité, si nécessaire. Le 25 novembre, à Saint-Allouestre (56), et le 2 décembre, à Saint-Brandan (22), la chambre d’agriculture réunira candidats à l’installation et agriculteurs. L’occasion de leur rappeler la nécessité d’anticiper leur départ pour aborder les questions d’investissement et de foncier bien avant la retraite.
Une façon d’assurer le succès du transfert, à l’heure où la Région veut doubler le nombre de dossiers aidés. Il pourra compter sur l’attractivité de la Bretagne. Venant d’autres régions françaises, voire de Belgique ou des Pays-Bas, de nouvelles candidatures voient le jour, motivées par l’herbe verte et des prix fonciers abordables.