« L’amateurisme n’a pas sa place dans l’immobilier », Loïc Cantin, nouveau président de la FNAIM

Alors que le secteur immobilier devrait être interrompu dans les prochains mois, le nouveau président de la FNAIM, Loïc Cantin, prône l’union et la réunion.

JDA : Pourquoi le poste de président de la FNAIM vous a-t-il intéressé ?

Loïc Cantin : En 2012, quand je me suis présenté pour la première fois à la présidence de la FNAIM, je l’ai fait par engagement militant. Il savait qu’il avait peu de chances de gagner cette élection. Pourtant, je souhaitais une rupture dans le mouvement syndical, dans lequel je ne me reconnaissais plus. Cette année, j’ai abordé cette élection avec l’ambition d’incarner une troisième voie, plus modérée, qui prône l’apaisement et l’unité. La campagne, qui dura six mois, fut cependant trop longue ! Il m’amènera à modifier les statuts de la FNAIM, afin que tous les membres de la FNAIM puissent y participer, au moins à hauteur de la moitié des suffrages exprimés, et que cette élection ne soit plus réservée aux seuls électeurs désignés par nos chambres. . syndicats

JDA : Vous prenez officiellement vos fonctions le 1er janvier 2023. Quel président serez-vous ?

L. C. : Je serai le garant du respect des règles et j’essaierai d’être intransigeant dans la programmation de mon métier. Mon parcours syndical très engagé (voir encadré) a démontré au fil des années ma capacité à fédérer et fédérer. Le regroupement de tous les talents de la fédération me paraît indispensable pour la mise en œuvre de notre intelligence collective. Dans un contexte de turbulences économiques, notre métier a besoin d’une vision différente et plus tournée vers l’avenir. La FNAIM, qui a aujourd’hui 76 ans, a surmonté toutes les crises et a su accompagner ses adhérents. J’ai donc confiance en ses capacités et dans le rôle qu’il saura jouer.

JDA : Vous semblez être un fervent défenseur de la loi Hoguet… La modifier sera-t-elle votre priorité ?

L. C. : Durant ma campagne, j’ai beaucoup insisté sur l’importance de ce texte fondateur qui garantit aux consommateurs un certain niveau de sécurité. En fait, mon objectif est de travailler sans relâche pour que la loi Hoguet soit renforcée afin de défendre notre environnement professionnel, régulièrement attaqué par les tentations de paresse et de nivellement. Concrètement, je souhaite rendre les conditions d’accès à notre profession plus contraignantes et la formation professionnelle plus sélective. L’amateurisme n’a pas sa place dans l’immobilier, il faut tout faire pour relever la barre ! Je suis également favorable à la création d’une commission de contrôle et de discipline pour remettre de l’ordre dans l’exercice de nos métiers.

Face à une conjoncture qui risque de nous affaiblir, nous ne pouvons pas nous permettre d’être divisés. Loïc Cantin, nouveau président de la FNAIM

JDA : Quel regard portez-vous sur les réseaux de mandataires, justement critiqués pour la qualité de leurs formations ?

L. C. : Je ne serai pas le président d’un modèle contre un autre ! Les réseaux d’agents ont des modèles qui méritent d’être analysés voire orientés. 11 réseaux d’agents sont membres de la FNAIM, sans que cela présente de difficulté particulière puisque l’orthodoxie continue d’être le garant de l’évolution des modèles. A cette condition, il ne faut pas leur fermer la porte, d’autant plus que l’immobilier des 10 prochaines années ne ressemblera pas à celui des 10 dernières. Nos entreprises seront affectées par un changement de conjoncture économique qui aura un impact plus important que les Modèles. Cependant, vous ne pouvez pas avoir un emploi le matin et être consultant immobilier l’après-midi. Dans le secteur immobilier il ne suffit pas d’avoir la volonté, la compétence et la rigueur sont nécessaires. Ce qui m’intéressera durant mon mandat, c’est de voir si son mode d’exercice est compatible avec les valeurs de la FNAIM.

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JDA : Selon vous, qu’est-ce qui a favorisé le développement des réseaux de mandataires ?

L. C. : Si le décret formation de la loi Alur avait été publié, qui prévoit d’imposer à tous les salariés une formation initiale d’au moins 50 heures, on n’aurait pas vu le nombre de commerciaux exploser. La profession attendait ce décret depuis 8 ans. En partie à cause de cet échec, les agents agents sont passés de

JDA : L’un des regrets de votre prédécesseur Jean-Marc Torrollion est de ne pas avoir entériner le rapprochement avec l’UNIS. Allez-vous poursuivre cette bataille ?

4 000 en 2012 à 81 000 aujourd’hui, soit une population multipliée par 20 en 10 ans. De plus, nous ne pouvons pas accepter que les salariés aient un statut tel que micro-entrepreneur, qui ne s’accompagne d’aucune sécurité au travail. Il est de l’intérêt de tous, y compris des consommateurs, qu’ils puissent jouir d’un statut social stable et durable.

JDA : Quelles seront les premières mesures que vous défendrez en tant que président ?

L. C. : Ma présidence succèdera à celle de mon prédécesseur. Ainsi, les beaux projets initiés par Jean-Marc Torrollion vont se poursuivre. Le rapprochement avec UNIS en fait partie car nous avons des intérêts communs. Dans certains territoires, comme les Pays de la Loire, la FNAIM et l’UNIS travaillent main dans la main, alors que dans d’autres une forme de résistance et d’animosité persiste. Face à une situation qui menace de nous fragiliser, nous ne pouvons nous permettre d’être divisés. Notre ennemi est ailleurs, il n’est pas dans nos rangs. C’est pourquoi je souhaite non seulement poursuivre ce rapprochement avec l’UNIS mais aussi échanger avec le SNPI. Mon rôle est de porter une vision d’intérêt général, donc de convaincre tous les professionnels d’intérêt d’adhérer au syndicat de leur choix.

Je souhaite rendre les conditions d’accès à notre métier plus restrictives. Loïc Cantin, nouveau président de la FNAIM

JDA : Alors que les taux de crédits augmentent et que l’inflation ne cesse de grimper, quelle mesure pourrait faciliter l’accès au financement ?

L. C. : Alors que la météo &AMP ; La résilience oblige les propriétaires à rénover leurs propriétés classées F et G à partir de 2025, je voudrais introduire un système d’exonération fiscale. Il consiste à exonérer les propriétaires qui partent à la retraite de l’impôt sur les revenus locatifs, dès qu’ils réalisent les travaux de rénovation. Cette solution pourrait répondre aux exigences de décarbonation établies par le gouvernement et éviter de fragiliser une catégorie de population qui peut difficilement se permettre le coût d’une rénovation. Cette mesure permettrait également de remettre sur le marché les 100 000 nouveaux logements inoccupés qui sont recensés chaque année et qui sont conditionnés par une exigence de travaux. Pour l’Etat ce ne serait pas plus cher que d’autres dispositifs comme Pinel.

L. C. : Depuis 1996, les taux d’intérêt baissent régulièrement ; la hausse de ces derniers liée à la crise des subprimes n’a été qu’un épiphénomène. Une augmentation régulière des taux étant désormais certaine, je propose d’inscrire la notion de portabilité des financements dans une future loi. Concrètement, je souhaite qu’un propriétaire vendeur puisse conserver son hypothèque dans le cadre d’une nouvelle acquisition mais aussi la transférer à ses acquéreurs lors de la vente, sous réserve d’éligibilité bancaire. C’est une mesure simple, lisible par tous les Français, qui ne nécessite aucune contribution de l’Etat. Son point fort est qu’il améliore le pouvoir d’achat des Français sans pénaliser les banques puisque les garanties ne changeraient pas. C’est donc avant tout une question de volonté politique.

Entretien avec Aurélie Tachot