LA TRIBUNE – Vous venez d’être nommé Directeur de l’Energie et de la Transition au Crédit Agricole d’Aquitaine. Quelle est la portée de cette direction créée pour l’occasion ?
Ludovic CHARBONNIER – Il regroupe une nouvelle activité métier énergie et nos activités existantes directement liées à l’énergie ou à la RSE (responsabilité sociale des entreprises). On y retrouve donc la logistique, c’est-à-dire l’ensemble des biens immobiliers appartenant à la Caisse d’Aquitaine (1). On y retrouve toutes les équipes en charge de la RSE, des achats et appels d’offres, des équipements numériques et informatiques, du marketing et de la communication. C’est donc un périmètre volontairement très large, avec une énergie motrice.
« La RSE sera la révolution de 2023, les entreprises orienteront enfin leurs budgets »
Dans cette nouvelle activité énergétique, quelle est la position du Crédit Agricole d’Aquitaine ?
Nous voulons être un acteur de la production d’énergie renouvelable, en nous concentrant principalement sur l’énergie solaire, car notre territoire est bien adapté et parce que c’est une technologie mature et facile à développer. Celle-ci développera quatre métiers complémentaires : financier, investisseur, consultant et producteur.
Le travail de financement des ENR (énergies renouvelables) est fait depuis 20 ans et nous allons continuer. En termes d’investissements, nous allons lancer le fonds Caap Energies. D’ici 2028, ils disposent d’un capital de 90 millions d’euros à investir pour soutenir les infrastructures d’énergies renouvelables, comme le solaire, le méthaniseur, etc. C’est un montant très important puisque le résultat annuel du Crédit Agricole d’Aquitaine est d’environ 120 millions d’euros.
Qu’en est-il des conseils aux clients ?
Nous ciblons nos clients professionnels, entreprises, agriculteurs, viticulteurs et collectivités locales. Afin d’être pertinents, nous engagerons des ingénieurs ENR capables de réaliser des études pour l’installation d’installations photovoltaïques, notamment sur les toitures. Nous savons que de nombreux installateurs, sérieux ou sérieux, défilent dans les fermes et nos clients nous demandent de les conseiller ou de les aider directement. Et pour démarrer rapidement, nous allons collaborer avec le Crédit Agricole Pyrénées Gascogne, qui compte déjà une équipe de huit ingénieurs ENR.
A l’issue de ces rencontres, si le modèle économique est viable, nous pouvons classiquement intervenir en tant que financeurs. Mais, si le client n’a pas la capacité financière et décide d’abandonner le projet, alors la nouveauté c’est que nous pouvons devenir producteurs, car nous sommes convaincus qu’aujourd’hui il est impossible d’abandonner un projet d’énergie renouvelable !
Pourtant, de nombreux agriculteurs et notamment les viticulteurs bordelais sont dans une situation financière tellement précaire qu’il est impensable d’investir dans l’énergie solaire…
Oui, tu as raison. Et c’est aussi pour cela que nous développons notre activité de production. Nous proposons à l’exploitant de signer un bail de 30 ans, pendant lequel nous lui verserons un complément de loyer, par exemple, en échange de l’aménagement de sa toiture, où nous installerons les panneaux solaires correspondants. Ensuite, nous avons un troisième rôle de confiance entre l’agriculteur et l’installateur de panneaux solaires, porteur de la dette. Mais l’usine de production sera la nôtre. Avec ce modèle, nous visons à produire 15 MW de panneaux solaires par an. C’est ce qu’a réalisé Crédit Pyrénées Gascogne ces dix dernières années.
J’ajouterai que pour les opérateurs qui le souhaitent, au lieu de payer des loyers sur 30 ans, on peut payer comptant dès le départ. Cela représente une réduction d’environ 30 % du montant, mais cela peut apporter de l’argent frais aux exploitations qui en ont besoin. Au-delà des éleveurs, ce modèle a profité aux producteurs de canards, qui ont pu financer de nouveaux bâtiments avec du soleil sur le toit et le soutien de la Région Nouvelle-Aquitaine sans endettement supplémentaire pour protéger les canards et respecter les normes de biosécurité. .
Face aux vents contraires, l’agriculture considère le stockage du carbone comme une source de revenus
Ce modèle peut-il être dupliqué en viticulture, beaucoup d’exploitations sont au bord du gouffre et le Crédit Agricole se plaint du tarissement des crédits, justement ?
C’est un vrai problème en viticulture et il faut l’analyser au cas par cas. Le fonds a des actifs de 2,6 milliards d’euros dans la viticulture, nous suivons donc cela de près. S’il n’y a plus de modèle économique, notre rôle est de dire stop aux équipements ou autres investissements. Nous ne sommes pas là pour surendetter les exploitations agricoles et à l’inverse, l’énergie solaire peut être une solution dans ce type de situation.
Pour les fermes agricoles et viticoles, il y a l’énergie solaire sur le toit et il y a le sujet plus sensible de l’agro voltaïque, qui est l’installation de panneaux photovoltaïques au milieu des fermes, des cultures ou des vignes. Comment l’attrape-t-on ?
Il est nécessaire! Si on veut respecter la programmation énergétique pluriannuelle, recouvrir les toits et les parkings ne suffira pas, il faudra poser des panneaux au sol. Et qui a le terrain disponible dans la région ? Ce sont principalement des fermes. D’autre part, il s’agit d’un problème émergent qui doit être souligné. Faut-il sacrifier des terres agricoles pour produire de l’énergie ? La réponse est évidemment non! Il faut donc innover pour combiner ces deux activités, ce qui n’est pas évident car plus les panneaux solaires sont éloignés ou surélevés, plus le modèle économique est viable. Il faut donc travailler sur des panneaux pivotants ou verticaux, les types de cultures correspondants, la compatibilité avec les AOC, les thématiques paysagères, etc.
Agriculture dans la vigne : L’indicateur Vitisolar devrait être opérationnel début 2023
Pour en revenir à votre parc immobilier, que vous réserve la production solaire ?
Au siège de notre département à Aire-sur-l’Adour, nous allons cette année agrandir 4 600 m2 de panneaux photovoltaïques en autoconsommation avec la vente du surplus. Ensuite, nous souhaitons couvrir au maximum nos agences et nos parkings, notamment en zone rurale. Par ailleurs, nous allons étendre les bornes de recharge pour véhicules électriques avec trois installations expérimentales dès 2022 à Mérignac, Agen et Tarnos (Landes).
En juin 2022, il s’agissait de moduler les taux d’intérêt en fonction des performances environnementales de vos clients ou d’arrêter de financer des projets polluants. Où est cette stratégie ?
Tout d’abord, la priorité est de renforcer la connaissance et la gestion de nos activités. Alors, quand arrêterons-nous de financer les activités liées aux combustibles fossiles ? La démarche doit être progressive et inclusive et à travers la répartition de nos clients nous voulons faire bouger nos 25 millions de clients en France dans leurs pratiques. A partir de 2022, chaque euro distribué par le Crédit Agricole aux entreprises, agriculteurs et agriculteurs correspond à un questionnaire RSE simplifié, par exemple, écologique, HVE, bien-être animal, intéressement, formation, qualité de vie au travail, etc. Cela se traduit par un score de 30 points qui détermine votre cote de crédit : plus votre score est bon, plus vous êtes disposé à déposer une marge pouvant aller jusqu’à un quart.
Alors, oui, c’est juste un constat et n’a aucune vocation scientifique, mais c’est une première phase qui nous permet d’aborder toutes ces problématiques avec nos clients, de leur montrer que ce sont des éléments importants et qu’ils ont besoin de faire bouger les lignes. Enfin, sans date fixe à ce stade, c’est le contrat de crédit lui-même qui sera suspendu si la note minimale est atteinte.
La réforme de l’assurance-récolte entre en vigueur pour soulager les agriculteurs et les assureurs
(1) Il regroupe le siège social de Bacalan à Bordeaux, les bureaux d’Agen et d’Aire-sur-l’Adour et 200 agences bancaires réparties sur trois départements.
Newsletter – Nouvelle Aquitaine
Du lundi au vendredi, à 19h00, recevez les principales actualités
Inscription à la newsletter Nouvelle Aquitaine
Région Nouvelle Aquitaine
Créer un compte
Merci pour votre inscription !
Du lundi au vendredi, les dernières nouvelles
Dans votre boîte aux lettres à 19h00.
Dernière étape : Confirmez votre inscription dans le mail que vous venez de recevoir.
Inscription à la newsletter L’Actualité économique de Bordeaux et de Nouvelle-Aquitaine
Pensez à vérifier vos spams.
A très bientôt sur le site de La Tribune et dans nos newsletters,
Inscription à la newsletter Nouvelle Aquitaine
Rédaction de La Tribune.
Connexion à mon compte
Tous les jeudis, les dernières nouvelles
Merci pour votre inscription !
Dans votre boîte aux lettres à 09h00.
Vous êtes déjà inscrit !
Voulez-vous vous inscrire à la newsletter?
Réinitialisez votre mot de passe
Du lundi au vendredi, les dernières nouvelles
Email envoyé !
Dans votre boîte aux lettres à 19h00.
je n’ai pas encore de compte