« Stressé ? Pourquoi serais-je stressé ? Sauf quand j’ai eu une mitrailleuse pointée sur mon ventre au Congo, je ne me souviens pas avoir eu peur dans ma vie. Camille Ragon, 80 ans dans quelques semaines, sait ce qu’elle veut et n’est pas du genre à hésiter. « Je n’ai jamais été très sportif, mais j’aime les sensations fortes. J’ai déjà fait du parapente et j’aimerais essayer la montgolfière et le vol à voile. »
«Pour partager les sensations avec mon fils, qui est paralysé»
Ce samedi, c’est à l’aérodrome de Temploux qu’elle a réussi son premier saut en double accompagnée d’un moniteur. Un projet qui lui tenait à cœur à la fois pour le plaisir de la découverte et pour l’amour de son fils : « Il faisait du parachutisme ici, mais il a eu un grave accident de travail il y a 20 ans et est depuis paralysé. Partagez-lui ces sentiments. une fois… »
Au Namur Paraclub, les sauts d’initiation sont extrêmement fréquents. Ce n’est pas aussi courant avec les candidats de l’âge de Camille, mais ce n’est pas un problème, raconte Francis, son moniteur du jour : « J’ai sauté avec une dame de 88 ans et un de 8 ans. Il n’y a pas de contre-indications physiques tant qu’on a bon cœur… « Il faut quand même suivre quelques consignes de sécurité, que Francis détaille dans un bref briefing à Camille après l’avoir équipée d’une combinaison et d’un baudrier dans un coin du table, il met sa cliente en situation, elle devant lui, dos contre lui : Ce qu’il faut faire c’est essayer de les faire revenir sous l’avion Tu poses ta tête en arrière sur mon épaule et tiens les sangles du harnais au niveau de la poitrine Une fois en l’air, assure Francis, détendu, Camille peut se détendre et profiter : « Je gère tout, même si tu te trompes de position, je suis formé pour la corriger. La seule chose importante que je ne peux pas faire, c’est lever les jambes quand on va atterrir. Si vous ne le faites pas, vous risquez de les casser. » Camille souligne : « Non merci, je l’ai fait. Je me suis fait exploser la rotule en novembre dernier. »
«Génial!»
Embarqués dans la cinquième rotation de l’avion après la pause déjeuner, le duo est largué à 4000m. Apparaît dans le ciel entre les autres bougies quelques minutes plus tard. Francis est prudent, mais la vitesse impressionne toujours tout le monde autour de Camille, y compris sa fille Véronique, qui sursaute lorsque sa mère glisse par terre. Mais l’octogénaire est hilare. Cheveux flamboyants et yeux brillants, elle remercie le guide : « C’était super ! C’est difficile à mettre en mots, c’est tellement intense. la vue, les sensations, tout… J’ai hâte de partager ça avec mon fils et de lui montrer les images. »