Les inondations font rage contre Montréal

Les résidents de la rue Wurtele, dans la municipalité de Ville-Marie, sont en colère après avoir appris que la ville de Montréal n’est pas responsable des inondations qu’ils ont subies lors des fortes pluies survenues le 13 septembre 2022. travaux de réparation dans leurs maisons, les habitants prétendent plutôt qu’un système d’égouts désuet est responsable des dégâts.

Le 13 septembre 2022, de fortes pluies s’abattent sur la métropole. Dans le secteur des rues Montgomery, Wurtele et Rouen, l’eau est montée jusqu’à 50 centimètres dans la rue, selon des habitants. Ce jour-là, Montréal a reçu 50 mm d’eau en deux heures, ce qui équivaut à la quantité de pluie que la métropole reçoit habituellement en un mois. Dans plusieurs maisons, les principaux dommages n’ont pas été causés par des refoulements d’égouts, mais par des fuites d’eau par les portes et les fenêtres à la hauteur des crues.

Les résidents de la rue Wurtele avec qui Le Devoir s’est entretenu ont déploré l’état de délabrement du réseau d’égout qui, incapable d’absorber toute la pluie ce jour-là, a causé d’importantes accumulations d’eau dans les rues avoisinantes. La zone serait située dans une « cuvette » où coulait autrefois un ruisseau qui a disparu en raison de l’urbanisation, soulignent-ils.

Des lettres

Chez Alexandre Delierre, l’eau pénétrait majoritairement par les murs. Les dommages estimés à 20 000 $ ont été payés par la compagnie d’assurance.

Cependant, en décembre, il reçoit une lettre de l’inspecteur de l’approvisionnement en eau de la ville qui, après avoir visité les lieux, l’informe des différents travaux qu’il devra effectuer dans les 90 jours, faute de quoi il s’expose à des poursuites pénales. Puis, le 4 janvier, c’est au tour de la firme d’expertise en règlement de sinistres, retenue par la Ville, de les informer que l’inondation était attribuable aux « conditions météorologiques exceptionnelles » du 13 septembre 2022, et que la Ville s’était dégagée de toute responsabilité pour la question.

Ce dénouement exaspère Alexandre Delierre, d’autant plus que ce type de précipitations extraordinaires pourrait devenir « normal » compte tenu du changement climatique. « Nous demandons à être protégés et à vivre en paix, mais la Ville décline toute responsabilité », a-t-il déclaré. Je peux mettre un million de vannes dans ma maison, mais quand l’eau passe par les portes et les fenêtres, on les met dedans, où sont les vannes ? »

Pour sa voisine, Joannie Roussin-Morin, les dégâts étaient encore pires car le sous-sol de cette maison boîte à chaussures comportait des chambres, une salle de bain et une salle de lavage. Chez elle, l’eau est entrée par la porte du garage et non par les égouts, affirme-t-elle.

Mme Roussin-Morin a reçu les mêmes lettres que M. Delierre. « La Ville nous a dit que notre clapet anti-retour est défectueux. Cependant, nous avons acheté la maison il y a trois ans et l’avons rénovée, y compris la plomberie et l’électricité. Nous avons creusé un drain français. Nous avons trois vannes et une pompe. Nous sommes bien équipés, dit-elle, exaspérée. La ville nous dit de travailler jusqu’à ce que la rue se transforme en rivière. »

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Sa compagnie d’assurances l’a même avisée qu’à l’avenir elle refuserait de couvrir les dégâts d’eau tant que la source du problème, le réseau d’égouts de la ville, ne serait pas réparée, a précisé Mme Roussin-Morin. « Nous sommes tous très préoccupés par cela et la Ville s’en moque. Il essaie juste de nous le mettre sur le dos. »

Séquelles psychologiques

Le 13 septembre 2022, Alice Dufour Thériault s’est fait proposer de surélever les seuils des portes et fenêtres par lesquelles l’eau entrait. Sauf que cette mesure est impossible à appliquer pour des raisons de sécurité, précise-t-elle.

Selon elle, en plus des dommages matériels, les locataires subissent également des dommages psychologiques. « Chaque fois qu’il y a une prévision d’orage, je réussis à travailler à domicile. L’hiver, je nettoie les regards quand il pleut. Nous sommes dans une situation d’ultra-vigilance – explique-t-elle.

Rien ne sera résolu si la Ville ne restaure pas les conduites d’égout, a-t-elle déclaré. Cependant, la Ville n’a présenté aucun plan à cet égard.

La ville nous dit de travailler jusqu’à ce que la rue se transforme en rivière

Attaché politique au bureau de la mairesse de Ville-Marie, Valérie Plante, Simon Charron n’a pas pu fournir de détails sur l’état de délabrement des conduites d’égout ni dire si des travaux de réseau souterrain sont prévus dans le secteur. « Nous sommes conscients des problèmes auxquels sont confrontés les habitants de la rue Wurtele, mais aussi des autres quartiers de Sainte-Marie depuis la crue du 13 septembre. Nous sommes en communication constante avec les citoyens », a-t-il déclaré.

La municipalité entend également organiser prochainement une rencontre d’information avec les citoyens, a précisé M. Charon, rappelant que la ville souhaite adopter une stratégie d’intervention pour rendre la ville plus résistante aux changements climatiques.

En effet, quelques heures avant le déluge du 13 septembre 2022, la mairesse Valérie Plante et les maires de neuf autres grandes villes québécoises ont demandé au gouvernement du Québec un « pacte vert » pour aider les municipalités à lutter contre les changements climatiques.

Les habitants n’excluent pas d’aller en justice, mais ils savent que la lutte pourrait être longue. L’an dernier, plus d’une décennie après avoir déposé un recours collectif, les victimes des inondations de Rosemont ont finalement conclu un règlement avec la Ville pour recevoir une indemnisation.