MADRID : la guerre en Ukraine sera au cœur du sommet de l’Otan à Madrid mercredi, où plus de 40 chefs d’État et de gouvernement sont réunis pour discuter de l’avenir de l’Alliance, à laquelle la Suède et la Finlande pourront adhérer après l’érection du veto de la Turquie.
« Le sommet de Madrid va être un sommet pivot » pour l’avenir de l’Otan, a déclaré mardi le secrétaire général de l’Alliance atlantique Jens Stoltenberg, à l’ouverture de cette rencontre prévue de longue date mais dont les enjeux sont démultipliés par la Russie. l’invasion de l’Ukraine.
Invité à participer à l’échange, le président ukrainien Volodymyr Zelensky s’exprimera à deux reprises par visioconférence, alors que Kyiv continue d’exiger davantage de livraisons d’armes de ses partenaires.
Les pays de l’OTAN, qui ont déjà fourni des milliards de dollars d’aide à Kyiv, conviendront à Madrid « d’un programme d’aide global à l’Ukraine pour l’aider à faire respecter son droit à une protection légitime », a promis mardi Jens Stoltenberg.
« Il est très important que nous soyons prêts à continuer à apporter notre soutien car l’Ukraine est aujourd’hui confrontée à une cruauté que nous n’avons pas vue en Europe depuis la Seconde Guerre mondiale », a-t-il insisté.
Un message transmis par le président français, Emmanuel Macron, appelant l’Alliance à un « message d’unité et de force » après la réunion du G7 en Allemagne, organisée en amont du sommet de l’Otan. « La Russie ne peut pas et ne peut pas gagner » la guerre, a-t-il insisté.
De son côté, le Premier ministre britannique Boris Johnson appellera mercredi tous les pays de l’Alliance à augmenter leurs dépenses militaires en réponse à l’invasion russe, afin de « restaurer la retenue et assurer la protection pour la décennie à venir », selon Downing Street.
Au-delà de l’Ukraine, mercredi devrait être l’occasion pour l’Otan d’adopter son nouveau « concept stratégique », la première révision de sa feuille de route depuis 2010, qui devrait rappeler pour la première fois les défis présentés par la Chine.
Ce sera également l’occasion de lancer le processus d’adhésion de la Finlande et de la Suède, qui ont décidé de rejoindre l’OTAN en réponse à l’attaque lancée par la Russie contre l’Ukraine le 24 février, rompant avec une longue tradition de neutralité.
Jusqu’ici cette adhésion a été bloquée par la Turquie, membre de l’Otan depuis 1952, qui a accusé Stockholm et Helsinki de cacher notamment les militants de l’establishment kurde du PKK, qu’Ankara considère comme « terroriste ».
Mais après de longues négociations en marge du sommet, la Turquie a donné mardi soir son accord à l’entrée de ces deux pays nordiques dans l’Otan, après que le président turc Recep Tayyip Erdogan a estimé qu’il s’était assuré de leur « pleine coopération » dans sa bataille par les PKK.
La « politique de la porte ouverte » de l’Otan a conduit à un « succès historique », s’est félicité Jens Stoltenberg. « Accueillir la Finlande et la Suède dans l’alliance les rendra plus sûres, l’OTAN plus forte et la zone euro-atlantique plus sûre », a-t-il insisté.
Dans un communiqué, le président américain Joe Biden a « félicité la Turquie, la Finlande et la Suède » pour la signature de cet accord.
« Alors que nous entamons ce sommet historique à Madrid, notre Alliance est plus forte, plus unie et plus déterminée que jamais », a-t-il déclaré.
Cet accord permettra aux pays de l’Otan de montrer mercredi leur unité. Mais l’adhésion formelle des deux pays, qui doit être ratifiée par les parlements des 30 États membres de l’Alliance, est un long processus qui prend des mois.
Ce sommet de l’OTAN intervient alors que l’Ukraine continue de payer un lourd tribut sur le terrain en raison de l’invasion russe.
Ainsi les autorités ukrainiennes ont fait état mardi de plusieurs frappes meurtrières contre des civils, notamment à Lyssytchansk, la ville jumelle de Severodonetsk, qui se situe dans une poche de résistance stratégique ukrainienne dans le bassin du Donbass (est).
Ces frappes sont intervenues au lendemain d’un attentat qui a ravagé un centre commercial bondé de Krementchouk, à 330 kilomètres au sud-est de Kyiv, faisant au moins 18 morts et une quarantaine de disparus, selon les autorités ukrainiennes.
Ce bombardement est « l’un des actes terroristes les plus éhontés de l’histoire européenne », a démenti le président ukrainien Volodymyr Zelensky, appelant à ce que la Russie soit désignée « Patrone de l’Etat de terreur » après cette frappe sur « la ville « pacifique ».
Lors d’une intervention en direct mardi soir devant le Conseil de sécurité de l’ONU, il a suggéré l’envoi d’une commission d’enquête et a de nouveau exigé que la Russie soit expulsée de son siège permanent.
« Le cycle de la mort, de la destruction doit cesser. Pour le bien de l’Ukraine, de la Russie et du monde entier », a plaidé Rosemary DiCarlo, secrétaire générale des Nations unies pour les affaires politiques, au début de la réunion.
Moscou, qui assure depuis le déclenchement de la guerre vouloir « dépolitiser » et « dénazifier » son voisin, a toutefois écarté mardi son offensive jusqu’à ce que l’Ukraine capitule.
« Nous devons ordonner aux troupes ukrainiennes de déposer les armes et d’exécuter toutes les conditions imposées par la Russie. Ensuite, tout sera terminé en un jour », a déclaré Dmitri Peskov, porte-parole de Vladimir Poutine.