La France connaît cette semaine une première vague de chaleur inédite après un début d’année très chaud et sec. La situation est proche de la sécheresse de 1976, explique Serge Zaka, agroclimatologue ITK.
En quoi ce printemps 2022 est-il particulier sur le plan météo ?
Serge Zaka : Il y a beaucoup de choses à dire sur cette année. C’est la 3ème saison la plus sèche de France et la plus sèche du sud-est de la France. Nous avons également eu un mois de mai 2022 exceptionnel. Ce fut le plus chaud jamais enregistré après plusieurs semaines de chaleur extrême. C’est donc l’une des sources les plus chaudes et l’une des plus sèches jamais vues en France.
S’oriente-t-on vers un nouvel été 1976 ?
Malheureusement, nous ne sommes pas trop loin des chiffres de 1976 et 2011. Tout dépend de ce qui va se passer dans les prochaines semaines. Le pic de température à venir aura des effets sur la basse température. Nous approchons également de l’année 1921 où il y avait une sécheresse tous les mois de l’année. Qui a tué des millions de personnes en Union soviétique. Mais maintenant nous n’en sommes pas là mais nous sommes plus proches de 1976 et 2011.
Dans le Sud-Est de la France, nous sommes dans une situation hydrique dangereuse
Que faudrait-il pour s’éloigner du scénario de sécheresse de 1976 ?
Pour éviter les conditions de sécheresse, il est important qu’il n’y ait pas d’orages. Ce qu’il faut, c’est une baisse de la température et des précipitations efficaces, appelées barrières d’écoulement vers l’ouest. C’est ce que nous avons constaté la semaine dernière dans le nord de la France, mais quand la canicule arrivera, ce qui est tombé sous forme d’eau sera perdu. Dans le sud-est de la France, il n’y a pas eu de pluie. Nous sommes dans des conditions hydriques dangereuses, qui ont un impact sur l’agriculture mais aussi sur les feux de forêt, les insectes et les oiseaux.
Blé : danger de brûlure dans le nord
Le pic de chaleur qui débute ce mercredi 15 juin au soir présente le plus de risque pour quelle production agricole ?
Nous sommes dans la première phase de canicule depuis l’invention du thermomètre. On pouvait atteindre des températures de 40 à 42°C de Nantes à Biarritz, réalisant ainsi des records annuels. Nous serons autour de 40°C en Méditerranée et 35-39°C dans certaines régions de France, nous serons très proches des records de juin. Cela aura des impacts très importants sur l’environnement et l’agriculture. Les prairies seront affectées : la croissance de l’herbe s’arrêtera sous l’effet de la chaleur et du manque d’eau, ce qui entraînera moins de fourrage. Pour les céréales, le blé est très avancé, sauf dans le Nord où il y a un petit risque de brûlure. Mais nous sommes déjà en baisse de 15 % en moyenne pour les céréales à cause de la sécheresse.
Il va commencer à avoir un impact sur la vigne et l’horticulture
Et maintenant, cela va commencer à avoir un impact sur la vigne et l’arboriculture, qui ont des racines profondes, notamment en Méditerranée. Dans les élevages, il existe un risque de changement drastique du THI (température et humidité) sur la côte atlantique et le sud-est, ce qui peut entraîner des problèmes de bien-être animal, une perte de rendement laitier ou de faibles taux de reproduction, surtout si la canicule se poursuit dans Juillet et Août.
[ALERTE ÉLEVAGE] Nouvelle carte des risques pour les chaleurs bovines.
Samedi, la situation s’aggrave et dans le sud-ouest, on constate un indice de stress thermique de +90.
En conséquence, on peut s’attendre à des accidents mortels de bétail. #canicule #Thread 1/4 pic.twitter.com/EHPBlZmK8h
Des grosses chaleurs suivies d’orages intenses avec de la grêle : les agriculteurs doivent-ils se préparer à ces épisodes de plus en plus fréquemment du fait du changement climatique ?
Attention aux poulets, risque de mortalité accru