Narbonne : quelle est la recette pour réduire sa facture énergétique ?

Les hivers doux jusqu’ici et le bouclier énergétique du gouvernement offrent une double protection aux particuliers. Dans un contexte de forte hausse des prix de l’énergie, la facture pourrait encore être tout aussi élevée pour eux, dès cet hiver… et à plus long terme. Quelles « recettes » concrètes traiter ? Entretien croisé avec les deux conseillers de France Renov du Grand Narbonne.

L’aide financière augmente pour les emplois d’isolement? Les prix de l’énergie en hausse ? Matthieu Clémenté et Olivier Leclerq le savent depuis longtemps… Parce qu’ils sont en première ligne pour recevoir les vagues d’individus, entrants ou sortants, selon des motivations ou des contraintes toujours changeantes. Matthieu et Olivier sont les conseillers de France Renov, intégré à la Maison de l’Habitat du Grand Narbonne. Ils fournissent des informations aux particuliers et même aux professionnels, gratuitement et indépendamment de toute question commerciale… bref, un service public précieux car il permet à chacun de faire des choix éclairés. Lumière!

Face à une énergie chère, quelles sont les principales « fausses bonnes idées » ?

La première consiste à changer de source d’énergie sans prendre le temps de réfléchir aux caractéristiques de votre logement. Ces derniers mois, nous avons reçu un afflux de demandes pour sortir du gaz : on a vu des gens avec des chaudières gaz à condensation quasiment neuves qui veulent s’électrifier, avec des pompes à chaleur qui seraient inadaptées à leur réseau de radiateurs… Certains voulaient même d’arrêter leur système de chauffage central, pourtant de meilleure qualité, pour installer à la place des climatiseurs qui pulsent l’air ! C’est absurde.

Eviter la double peine d’une facture énergétique qui grimpe en hiver et surtout en été

Aujourd’hui, il y a une pression commerciale pour inciter les particuliers à installer la climatisation, en disant que c’est moins cher et qu’elle les aidera à traverser nos étés de plus en plus chauds. En fait, dans la plupart des cas, il s’agira d’une double pénalité : la facture d’électricité augmentera en hiver… et surtout en été ! Il faut aussi rappeler que le prix du gaz, ramené au kWh, reste près de la moitié de celui de l’électricité.

Ce n’est pas non plus le moment de changer de fournisseur d’énergie dans un moment de panique, lorsque personne n’a de visibilité sur les développements imminents. Rappelons au passage la très bonne source, qui est le Médiateur de l’Energie, pour comparer les offres.

Existe-t-il des actions pertinentes, à zéro euro d’investissement, pour limiter sa facture ?

Oui bien sûr. On parle souvent ici d’éco-gestes : rappelons qu’il vaut mieux prendre une douche moins de 5 minutes qu’un bain pour diviser par deux ou trois la quantité d’eau à chauffer. En revanche, les économies sont bien plus anecdotiques sur le fait de couper box internet, horloges et autres LED. Poussés par la réglementation européenne, les constructeurs ont par exemple réduit les temps d’attente d’une moyenne de 10 W à 1 W en quelques années ; couper une box permettra d’économiser 10 kWh dans l’année… 1,9 € !

Ces astuces peu onéreuses aux gains économiques importants

Une action vraiment rentable est sur l’eau chaude sanitaire et les cumulus électriques : ils sont souvent réglés par défaut à plus de 60°C. Leur température peut être abaissée entre 50°C et 55°C sans risque de légionellose ; au contraire, on va même limiter leur mise à l’échelle et donc prolonger leur durée de vie. Régulièrement placés dans les endroits non chauffés de la maison, ces ballons et leurs tuyaux peuvent également être facilement isolés. Pour quelques euros investis, le gain sera conséquent.

La base est de baisser vos besoins et surtout d’avoir une consommation d’énergie en adéquation avec vos usages. Le terme « sobriété » est devenu à la mode. Tout le monde considère désormais 19°C comme la température « idéale » de l’air dans une pièce. Mais cela ne veut rien dire : tout dépend de la sensation de chaleur, qui dépendra de vous-même, selon que vous êtes particulièrement âgé ou plus jeune, ou des températures des murs de la pièce où vous vous trouvez. Beaucoup de gens viennent chez nous pour faire des travaux, avec la première idée reçue : « Je change mes fenêtres pour faire de grosses économies »… En effet, ces parois vitrées sont froides, donc inconfortables. La première action, peu onéreuse, consiste en la pose de rideaux, pour tester le ressenti, avant d’investir si besoin en menuiserie. Idem pour le confort d’été : la végétalisation de la façade sud de la maison, par exemple avec des vignes qui apporteront ombre et humidité, peut vous faire vous sentir bien sans climatisation.

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Alors quels sont les meilleurs investissements en travaux, avec coût/bénéfice ?

Avant tout, nous encourageons les gens à avoir une vision globale des consommations et des usages, pour ensuite prioriser le travail. Il faut se rappeler où sont les premiers consommables : 60% pour le chauffage, 25% pour l’eau chaude… et les besoins croissants en rafraîchissement. Nous allons d’abord améliorer l’enveloppe du bâtiment pour diminuer ces besoins, notamment la toiture. Et pour l’isolation, il faut maintenant penser au confort d’été comme au confort d’hiver : une laine minérale de 20 cm d’épaisseur isolera du froid comme une épaisseur équivalente de laine de bois ou de ouate de cellulose, mais elle en isolera deux à trois. fois moins à cause de la chaleur.

Une fois cela fait, nous pouvons renouveler les systèmes de production d’énergie. Soulignons ici l’intérêt du solaire thermique pour l’eau chaude : installer un chauffe-eau solaire individuel coûte 5 000 €, mais l’aide publique peut actuellement monter jusqu’à 4 000 € pour les plus modestes. 1000€ c’est le prix d’un cumulus neuf installé ! On constate également une forte augmentation de la demande de poêles à bûches ou d’inserts, synonymes d’autonomie pour les particuliers… C’est un complément intéressant qui peut passer en mode « principal » en temps de crise. Cette « autonomie » latérale est également recherchée pour la partie électrique, avec des systèmes solaires photovoltaïques en autoconsommation : pourquoi pas, après avoir bien travaillé pour baisser les besoins. Et attention à adapter votre consommation à la production des panneaux : souvent, vous avez besoin d’électricité le matin et le soir… alors que le solaire produit dans la journée.

Electricité : attention aux factures sur consommation estimée

« Si vous avez un compteur Linky, inscrivez-vous sur l’espace Enedis, ça prend 5 minutes »… Et ça peut faire économiser beaucoup d’argent ! Matthieu Clementé et Olivier Leclercq incitent les particuliers à utiliser l’outil du distributeur d’électricité pour régler leurs factures en fonction de leur consommation réelle. « Sinon vous avez des bilans de consommation et des régularisations, qui peuvent arriver parfois deux ans après. On a le cas d’une personne qui a dû débourser 1 400 € pour une régularisation : avec un chauffage électrique, elle restait à la même température de chauffage nuit et jour ». Les conseillers regrettent qu’Enedis tarde à tenir sa promesse : mettre un compteur déporté dans le salon de la maison, « comme dans une voiture, où l’on voit facilement si l’on fait trop d’excès de vitesse et si l’on consomme trop ».

Allo, le conseiller Renov’ Habitat Grand Narbonne ?

Pour les communes du Grand Narbonne, les conseillers en énergie Matthieu Clémenté et Olivier Leclercq répondent aux questions des particuliers sur le renouvellement énergétique, les projets de construction, les énergies renouvelables, ainsi que les aides financières. Renov’ Habitat Grand Narbonne fait partie du comptoir France Renov’, piloté par l’ANAH au niveau national, avec le soutien financier de la Région Occitanie et de la communauté d’agglomération Grand Narbonne. Service gratuit, sur rendez-vous ou à distance : 04 68 65 41 68 / habitat@legrandnarbonne.com