Problèmes d’énergie : où sont les passoires à chaleur…

Par Alexandra Tauziac – a.tauziac@sudouest.frPublié le 24-12-2022 à 17h53

La Nouvelle-Aquitaine a un filtre énergétique d’environ 15 %. Où sont-elles ? Quel est le profil de ces maisons très gourmandes en énergie ?

Selon le rapport de l’Observatoire national de la rénovation énergétique (ONRE), dépendant du ministère de la Transition énergétique, la France comptait environ 7,2 millions d’écrans thermiques au 1er janvier 2022, soit près de 20% des logements, probablement…

Selon un rapport de l’Observatoire national de la rénovation énergétique (ONRE), rattaché au ministère de la Transition énergétique, la France comptait environ 7,2 millions d’écrans thermiques au 1er janvier 2022, soit près de 20 % des logements, voire plus. Trop chaud l’été, trop froid l’hiver, souvent trop humide : en pleine crise énergétique, la sobriété prônée depuis des mois par le gouvernement n’est tout simplement pas une option viable dans ces logements mal isolés et surtout énergivores.

Selon les estimations du ministère de la Transition énergétique, à l’échelle nationale, la part des filtres énergétiques, c’est-à-dire des logements dont l’étiquette de diagnostic énergétique (DPE) est F ou G, est un peu plus élevée en milieu rural et en Île-de-France. Il s’agit généralement d’habitations anciennes, chauffées au fioul (mais pas que). Ce sont un peu plus souvent des maisons individuelles que des appartements. Les écrans sont également plus nombreux dans les logements de moins de 30 m². Et la Nouvelle-Aquitaine ?

L’ex-Limousin et les Pyrénées

Globalement, la région, qui compte 71% de maisons unifamiliales et 29% d’appartements, fait un peu mieux que la moyenne nationale avec un peu plus de 15% de filtre. Leur proportion est plus élevée dans les zones plus rurales, où le niveau de vie est plus faible, notamment dans l’ancien Limousin.

Les Pyrénées, où les stations de ski sont confrontées à un parc vieillissant, comptent également de nombreux écrans, qu’il faut d’urgence rénover ou louer car à partir de janvier 2023, les pires filtres thermiques de classe G sont interdits à la location, avant le remplacement de toutes les maisons de classe G en janvier 2025, puis celles du classement F en 2028.

Reconnaître que ces habitations, en plus d’être énergivores, émettent généralement plus de gaz à effet de serre et sont donc plus polluantes. Double peine en cette période alarmante face à l’emballement du réchauffement climatique.

Des logements anciens

Quand on pense à « tamis », on imagine une grande vieille maison pleine de courants d’air. C’est en partie vrai. Les deux tiers de la flotte française ont été construits avant 1974, époque à laquelle il n’y avait pas de normes thermiques. Conclusion : Environ la moitié des maisons construites avant les années 1970 sont équipées d’écrans. La Nouvelle-Aquitaine n’échappe pas à cette règle. Et sans surprise, c’est au nord-est de la région que l’on trouve les logements les plus anciens (plus de la moitié).

Il a fallu attendre 2006 pour voir apparaître le premier DPE obligatoire pour vendre un logement. C’est également durant cette période que sont apparues des normes instaurant des plafonds de consommation dans les logements : d’abord RT 2005, puis RT 2012 et plus récemment RT 2020. C’est pourquoi les logements construits après 2012 sont si « basse consommation ». C’est encore plus vrai après 2021.

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Vraiment fiable le DPE ?

Depuis le 1er juillet 2021, il n’existe qu’un seul mode de calcul pour la constitution des DPE. Basé sur les caractéristiques d’occupation, il devrait être plus pertinent et plus fiable. Est-ce vraiment le cas ? Sur la base d’un sondage publié en septembre 2022, l’UFC-Que Choisir s’interroge. L’association compte entre cinq et six diagnostics réalisés dans sept foyers. Les six d’entre eux sont revenus avec des classes d’énergie différentes. Le prix est décerné à une maison dont la classe est attribuée de B à E, alors qu’il s’agit d’une habitation basse énergie. Un diagnostiqueur est allé jusqu’à recommander l’installation d’un chauffe-eau solaire dans une maison qui en possède déjà un…

D’autre part, les manoirs n’ont pas l’exclusivité du filtre. On retrouve même une proportion plus élevée parmi les petits logements (moins de 40 m²). Deux explications à cela : la première est purement mathématique. Le DPE est basé sur la consommation d’énergie par mètre carré. Et pour un même nombre de personnes, la part de consommation est fixe que vous viviez dans 30 ou 60 m² (cuisine, salle de bain, etc.), ce calcul pénalise la plus petite surface habitable.

« Une autre raison pourrait être que les habitants de petites maisons sont moins susceptibles de faire des travaux de rénovation coûteux », explique Rafaël Bunales, directeur adjoint de l’Arec Nouvelle-Aquitaine (Agence régionale d’évaluation de l’environnement et du climat). Soit parce qu’ils sont locataires ou doivent négocier avec une copropriété, soit parce qu’ils ne veulent pas perdre de surface en installant une isolation des murs, qui représente pourtant 20% à 25% des déperditions de chaleur (30% pour les toitures) et sont complaisants. avec des rénovations plus partielles et moins efficaces (fenêtres, chauffage).

Le paradoxe du gaz

Enfin, si en toute logique, les logements anciens chauffés au fioul sont considérés comme les plus polluants et les plus énergivores, il semblerait à l’inverse que les logements chauffés au gaz affichent un meilleur DPE. Le paradoxe quand on sait qu’elles sont encore considérées comme émettant plus de gaz à effet de serre. Une partie de l’explication est qu’il s’agit généralement de maisons des années 1990 assez bien isolées.

Les autres raisons sont plus complexes. Le gaz est la principale source d’énergie, contrairement à l’électricité, qui n’existe pas dans la nature. « Ainsi, nous considérons qu’il faut 2,58 kilowattheures d’énergie pour produire 1 kWh d’électricité, explique Rafaël Bunales. C’est pourquoi nous appliquons un coefficient multiplicateur qui pénalise les « logements chauffés électriquement », qui sont en revanche moins polluants.

Cette infographie a été réalisée à partir des données de l’Ademe, qui répertorie les DPE actuellement en vigueur en France. Étant donné que ces données sont très partielles pour des villes spécifiques, il ne s’agit pas d’une carte exacte, mais d’une image globale du filtre thermique dans la région.