Récolte 2022 : les prix du blé français pourraient-ils baisser ?

Les prix peuvent-ils s’effondrer avec la reprise des exportations de blé vers la mer Noire ? Une récolte record annoncée en Russie pourrait créer une pression à la baisse, mais de nombreuses incertitudes demeurent.

Le calme avant la tempête? Depuis début juillet, le prix du blé tendre livré à Rouen oscille entre 330 et 350 euros la tonne, loin de la forte volatilité enregistrée ces derniers mois. Ce faux plat témoigne de l’attentisme du marché. Avec une question cruciale pour les producteurs de cultures : le prix pourrait-il baisser après la signature de l’accord entre l’Ukraine et la Russie, alors que les exportations de l’Ukraine semblent se redresser ?

« En ce moment, il y a une très grosse part psychologique dans le marché, qui a commencé à vendre la nouvelle de l’annonce du corridor maritime ukrainien à l’export, puis sa signature et enfin le départ des premiers bateaux », explique Nathan, analyste chez Agritel. Cordier. . C’est de la psychologie assez baissière. Le vrai test pour l’expert aura lieu en septembre. « La logistique en Ukraine reste un véritable défi, en particulier la logistique interne et les routes d’exportation vers l’Occident. C’est à ce moment-là que nous verrons également le taux d’exportation que la Russie pourra maintenir. »

Une récolte de blé russe proche de 100 millions de tonnes

Car, plus important encore, les exportations russes se cachent derrière la question des exportations ukrainiennes. « La situation de l’Ukraine est déjà prise en compte dans les évaluations. Le principal moteur du marché sera probablement la capacité d’exportation de la Russie, dont la récolte record s’annonce astronomique », explique Andrée Defois, spécialiste des marchés agricoles chez Tallage/Stratégie Grains.

Après une année de fluctuations entre 250-440 €/t, le blé livré à Rouen s’est stabilisé entre 330-350 €/t depuis juillet.

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Commoprices / La Dépêche Petit meunier

Selon les dernières prévisions de divers analystes, près de 100 millions de tonnes (Mt) de blé tendre pourraient être récoltées en Russie. Jamais vu. De quoi exporter largement plus de 40 Mt (contre 33 Mt la saison dernière) si la logistique et le financement de la filière export tiennent le coup malgré les sanctions économiques qui frappent le pays. « La clé est : la Russie pourra-t-elle exporter 43 ou 45 millions de tonnes de blé pendant la campagne ? Ce serait un rouleau compresseur, qui n’est pas dans le prix aujourd’hui, et qui devrait empêcher les prix européens de monter malgré la tension sur l’UE. du marché du blé et du maïs », explique Andrée Defois. Selon l’expert, sans compter un nouvel épisode dramatique sur le front russo-ukrainien, « il n’y a aucune raison de rester aux niveaux de prix actuels séparés de la disponibilité commode du blé des principales grandes puissances mondiales. exportateurs. »

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Première réponse : sur la base des taux d’exportation actuels, la Russie semble être sur la bonne voie pour livrer près de 4 millions de tonnes en août, après un mois de juillet timide. Il reste à voir si cela se maintiendra dans le temps et combien de temps il faudra au marché pour intégrer ces données dans les valorisations.

En attendant, ces enjeux font du bien à la France qui démarre sur les chapeaux de roues à l’export. Mais faut-il craindre que le prix du grain à Rouen tombe au niveau de 250 €/t, qui était avant la crise ukrainienne ? « Ce scénario ne me semble pas plausible en raison du stress blé et de la situation très tendue du maïs européen en ce moment, qui encourage la consommation de blé dans l’alimentation animale », explique Nathan Cordier d’Agritel. De plus, les fonds sont en position courte nette et n’ont aucune raison de privilégier cette position. 310 €/t reste une zone de support majeure qui n’est pas encore franchie. »

Quelle stratégie utiliser pour vendre des céréales dans ce contexte ? « Pour le maïs, le niveau actuel de 330 €/t peut être intéressant pour ceux qui veulent vendre avant la récolte, car il faut se rappeler que nous avions un prix de 260 €/t pour la récolte 2022 en février », précise Mikaël Juchet, chef de projet Mes Marchés Loiret’ A la Chambre d’Agriculture. Il y a toujours une miséricorde pour la situation et la météo en Ukraine. » Dans le cas du blé, jouer la sécurité avec la promotion de vos engagements est aussi une solution à envisager, car une baisse des prix est possible, même si un scénario comme 2012, où le prix du blé a chuté, n’est pas considéré comme le plus probable . Cependant, entrer dans un effet de cisaillement avec la montée des charges est un réel danger. Le seuil de commercialisation du blé en 2023 pourrait en effet se situer autour de 250 €/t.