lun. 31 octobre 2022 à 8:00 •

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AP3C : connaître le climat de chaque exploitationpour faire évoluer le système de production

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Terrain net moyen
Dans le Massif central, particulièrement exposé au changement climatique et notamment aux sécheresses récurrentes, plusieurs projets sont menés pour mieux comprendre l’ampleur du phénomène, ses conséquences sur l’agriculture et surtout identifier des pistes d’adaptation pour les agriculteurs. Développer deux. Noms de code : AP3C et Hoop 2.
« Nous pensions avoir trouvé la solution au changement climatique ! Ça a duré 2 ans… », se lamente Olivier Tourand, agriculteur creusois. (©Pixabay)
AP3C, pour l’Adaptation des Pratiques Culturelles au Changement Climatique, est un projet « né à la campagne » puisqu’il a été initié par Olivier Tourand, éleveur de bovins mixtes de la Creuse. Idéal pour « aider les agriculteurs à mieux appréhender le changement climatique, ou plutôt, à trouver des adaptations possibles à leurs élevages », son objectif, insiste le producteur, venu le présenter au Livestock Summit 2022, lors de la conférence ‘Vos installations, nous’. Je parle de cela : lutter contre le changement climatique.
Opérant dans un département du Massif central, une région où ce dernier est important, il a observé, ces dernières années, la multiplication des aléas climatiques. « Mes parents ont eu une sécheresse dans leur carrière, j’en ai eu plusieurs ! Nous ne pouvons pas rester passifs. Dès 2008, pour y faire face en limitant les émissions de GES, et convaincu de l’intérêt aussi pour la vie des sols, il adopte des techniques culturales simplifiées, notamment le semis direct. Dans le processus, il a commencé à planter des cultures de couverture post-récolte, des mélanges de 7 à 8 espèces, pour une couverture permanente du sol.
Mais il déchante vite : en été, le secteur devient de plus en plus sec et les haies ne germent plus. « Nous pensions avoir trouvé la solution au changement climatique ! Ça a duré 2 ans…, se souvient-il. En effet, pour lutter contre ce phénomène, le mot « solution » doit être banni car les possibilités d’adaptation dépendent trop des territoires et, surtout, ne sont pas durables. « C’est fini de gérer sa ferme toute l’année ! », dit-il. Même pour les stocks fourragers, il faut prévoir 18 mois pour combler les manques. Cette année, il se réjouit d’avoir semé de nombreuses prairies temporaires de luzerne, sur lesquelles les animaux ont pu paître malgré la sécheresse.
De ses observations et expériences, Olivier Tourand a tiré la conclusion suivante : il faut « connaître le climat de chaque exploitation pour savoir produire ». « L’obtention d’informations localisées permettrait une analyse fine des impacts du changement climatique sur le territoire », a-t-il déclaré. Et derrière « adapter les systèmes de production », du Massif central en l’occurrence, et « sensibiliser tous les acteurs » au problème.
Cerceau 2 : optimiser la gestion de l’eau en élevage
De là est né le projet AP3C, en association avec les chambres d’agriculture de la région à travers le Sidam (Service Interdépartemental d’animation du Massif Central qui regroupe également la chambre régionale d’agriculture de Bourgogne-Franch Comté pour le Morvan, avec des conseillers dans chaque département). Il s’agit de répondre à 3 questions : « Quel sera le climat en 2050 dans le Massif Central ? Quels seront les impacts sur l’agriculture de notre territoire à l’échelle parcellaire ? Comment s’adapter, alors, à celui du système d’exploitation ? «
D’où les 3 approches privilégiées : climatique, agronomique et systémique. Il y a 22 départements concernés, non seulement en Auvergne mais aussi dans le Limousin et la Haute-Occitanie. Essentiellement des domaines de polyculture-reproducteur. Un climatologue est engagé pour faire des projections jusqu’en 2050, mesurant, entre autres, la fréquence de tel ou tel climat, par exemple le déficit ou l’excédent de pluie. « Du début du processus en 2015 à 2050, 40 ans se sont écoulés, soit presque la durée d’une carrière d’agriculteur », note l’exploitant. Quelques découvertes clés à retenir :
+0,35-0,40°C/10 ans en moyenne annuelle, voire jusqu’à +0,55°C/10 ans au printemps.
Autrement dit : une eau qui n’est pas forcément récupérable (excès soudain sous forme d’orages).
Donc : moins d’eau disponible pour les cultures.
≈ – 100 mm/50 ans au nord-ouest du Massif central et – 300 mm/50 ans au sud.