Sérifontaine. 9 000 euros en plus sur la facture d’électricité, un grille-pain cassé

« On prenait x4 aux heures de pointe en hiver » déplorent Julien et Cécile Rémond, boulangers de Sérifontaine. Le prix du kWh est passé de 10 cents à 39 cents. « Nous constatons une augmentation de 265 % pendant les heures de pointe en hiver et de 142 % pendant les heures creuses », confirment-ils. Pour se préparer au pire, les jeunes boulangers se sont basés sur leur consommation de l’année dernière. De 15 000 € la facture passerait à 24 000 €, soit une augmentation de 9 000 €.

Pour les accompagner, l’Association Nationale des Boulangers leur a transmis le guide de l’efficacité énergétique en boulangerie-pâtisserie. A l’intérieur, la possibilité d’obtenir un tarif bloqué est évoquée, avec un contrat pour un maximum de 36 kWh. Seulement si Julien veut que son four chauffe, il a besoin d’au moins 38 kWh. « On nous conseille aussi de ne pas ouvrir le four l’après-midi, mais cela voudrait dire qu’on ne vendra plus de pain », explique-t-il.

Un salaire pour deux

Pour le moment, Julien et Cécile n’ont pas encore trouvé de solution pour compenser cette augmentation. Surtout parce que, comme souvent, elle ne vient pas seule. « Toutes les entreprises souffrent, donc toutes les matières augmentent. Les emballages ont pris 25 %, le sucre et les œufs ont doublé, le morceau de beurre est passé de 130 € à 200 €… Mais il faut continuer à payer pour tout produire. Et avec deux boulangers, un chef pâtissier, deux vendeurs et deux professeurs doivent faire face aux salaires.« Nous ne prenons qu’un seul salaire pour nous deux », confient Julien et Cécile, démoralisés.

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Des projets qui tombent à l’eau

Le couple a repris la boulangerie il y a quatre ans. Après une première année relativement normale, les jeunes ont subi de plein fouet la crise sanitaire. Aujourd’hui la crise énergétique leur tombe dessus. « On se demande pourquoi on en fait autant, soupire Julien. On a une petite fille de deux ans, dont on s’occupe de sa grand-mère. Parfois, il vaudrait mieux travailler à l’usine… On avait envie de faire beaucoup de choses, comme dans les travaux de magasin, mais c’est un budget que nous n’avons plus. Nous devions également ouvrir un deuxième magasin à Neuf-Marché (Seine-Maritime), mais on nous a dit que le prix du kWh là-bas serait multiplié par 8.6, et que nous devrions nous considérer chanceux non seulement de prendre x4… »

Pour le moment, aucune aide n’est prévue pour les boulangers. Julien et Cécile n’ont pour l’instant pris qu’une seule décision, augmenter le prix de la baguette de cinq centimes. « On n’est encore qu’à 0,95 € la baguette », précise Julien. On ne peut pas répercuter toutes les augmentations, sinon ça passerait à 2,50 €, et on ne vendrait plus de gâteaux ! La plupart de nos clients comprennent, mais dans les zones rurales, nous ne pouvons rien faire. En ville, si l’un augmente, l’autre aussi. Ici c’est différent. On essaie de faire le maximum malgré la flambée des prix, et on continue de tout faire chez soi. On n’a pas choisi ce métier pour être gelé ! »