Les attaques de la Russie contre les infrastructures ukrainiennes ont provoqué des coupures d’électricité et d’eau, notamment dans la capitale Kiev, tuant au moins six personnes, ce que Volodymyr Zelensky a qualifié mercredi de « crime contre l’humanité » devant le Conseil de sécurité de l’ONU.
Selon l’armée de l’air ukrainienne, la Russie a tiré environ 70 missiles sur l’Ukraine, dont 51 ont été abattus, et envoyé cinq bombardiers. Ils ont ciblé les infrastructures stratégiques alors que le temps froid s’installait en Ukraine.
S’exprimant par vidéo devant le Conseil de sécurité de l’ONU, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a dénoncé des « crimes contre l’humanité ».
« Avec des températures en dessous de zéro, des millions de personnes sans énergie, sans chauffage et sans eau, c’est définitivement un crime contre l’humanité », a déclaré M. Zelensky dans un mois au pied levé, lors d’une réunion d’urgence qu’il a personnellement convoquée.
L’ambassadeur de France auprès des Nations unies, Nicolas Rivière, a qualifié les attaques russes de « violation manifeste du droit international humanitaire » et a souligné le soutien de la France à l’Ukraine lors du Conseil de sécurité.
« La Russie n’a pas réussi à gagner la guerre qu’elle mérite contre l’armée ukrainienne, la Russie lance une guerre terroriste contre les civils », a déclaré le chef de la diplomatie ukrainienne Dmytro Kouleba. « Le terrorisme russe échouera. L’Ukraine gagnera ».
Le porte-parole présidentiel russe Dmitri Peskov a déclaré mercredi que le Kremlin ne doutait pas de son succès en Ukraine, malgré les revers survenus ces derniers mois.
Selon le chef de la police ukrainienne Igor Klymenko, l’attaque russe de mercredi a fait au moins 6 morts et 36 blessés.
A Kyiv, « trois personnes ont été tuées. Parmi elles se trouvait une jeune fille de 17 ans », a déclaré le maire Vitaly Klitschko.
Auparavant, il avait annoncé qu’il y avait un problème d’infrastructure et que « l’eau potable avait été arrêtée dans tout Kyiv » à cause des bombardements.
Des travaux en soirée ont permis de rétablir l’électricité sur la rive droite de Kyiv, selon les autorités locales.
– « Etat promoteur du terrorisme » –
Après ces attentats, trois centrales nucléaires ont été « déconnectées » de la centrale, sans provoquer d’effet sur le niveau de rayonnement à ce stade. La production de Zaporijjia (sud), qui était occupée par les Russes, a été arrêtée.
A Kramatorsk, dans l’est, Denys Vinnyk, 23 ans, a confié à l’AFP qu’il était « préoccupé » par cette coupure, comme Ksenia Tcherkachina, rencontrée devant le restaurant où elle travaille, dans le noir : « On peut encore endurer. Mais la l’approvisionnement en électricité et en chauffage n’est pas stable ».
A Lviv, dans l’ouest de l’Ukraine, une partie de l’électricité est revenue, mais avec des coupures ponctuelles, selon les autorités. La deuxième ville du pays, Kharkiv, dans le nord-est, était, pour sa part, sans électricité le soir.
Conséquence directe de ces attaques russes, la Moldavie, qui souffre déjà de gros problèmes énergétiques causés par la guerre en Ukraine, a subi des « coupures d’électricité » et a limogé le vice-Premier ministre du pays, Andrei Spinu.
Dans le secteur diplomatique, le Conseil de l’Union européenne a qualifié mercredi dernier la Russie d' »État qui propage le terrorisme », lors d’un vote voté près de neuf mois après l’invasion de l’Ukraine.
Le président Zelensky s’est félicité de ce vote rapide qui « doit isoler la Russie à chaque pas et prendre ses responsabilités pour mettre fin à la politique terroriste ».
Le Parlement européen a annoncé que l’attaque contre son site Internet avait été menée par un groupe pro-Kremlin.
La porte-parole de la diplomatie russe, Maria Zakharova, a pour sa part présenté la proposition de qualifier au Parlement européen de « propagandiste stupide ».
– Echange de prisonniers –
Ailleurs en Ukraine, un bébé né il y a deux jours a été tué dans la nuit dans une attaque russe contre une maternité de Vilniansk, dans la région de Zaporijia (sud), selon des travailleurs humanitaires, ont-ils indiqué à l’AFP.
Malgré le conflit en cours, notamment à l’Est, Moscou et Kiev continuent d’échanger des prisonniers de guerre.
« Un échange a eu lieu aujourd’hui avec Kyiv selon l’arrangement 35 contre 35 », a déclaré mercredi un haut responsable de l’agence d’invasion russe, Denis Pushilin.
Les prisonniers ukrainiens libérés étaient « 22 membres du personnel de la sécurité nationale, huit gardes-frontières, quatre marines, un membre de l’armée nationale » et un civil « qui a été amputé » d’une jambe, selon le chef de cabinet du président ukrainien, Andrii Iermak.
Le président français Emmanuel Macron a annoncé mercredi qu’il allait « réfléchir directement » avec son homologue russe Vladimir Poutine « dans les prochains jours » notamment sur l’énergie nucléaire de l’Ukraine, qui inquiète.
Mais M. Peskov a indiqué qu’il n’y avait actuellement « aucun accord » ou « proposition ferme » pour une telle conversation téléphonique.
Entre-temps, les États-Unis ont annoncé une nouvelle aide militaire de 400 millions de dollars américains à l’Ukraine pour obtenir plus d’armes, de munitions et d’équipements de défense aérienne. Le Royaume-Uni a envoyé un hélicoptère Sea King en Ukraine et prévoit d’en fournir deux autres.