Les agriculteurs sont nombreux aux portes d’Agen et il faut les écouter. Rencontre avec Adrien Boueilh, céréaliculteur à Castelculier.
Adrien Boueilh vient de reprendre l’entreprise familiale, créée par ses arrière-grands-pères et dans laquelle il travaille avec son père depuis 2011.
Vous êtes-vous senti naturellement destiné à devenir agriculteur ?
Adrien Bouilh. « Pas du tout. Mon rêve était de devenir pilote d’avion dans l’armée. La licence professionnelle droit et gestion s’appliquait aux organisations et entreprises agricoles. Ce n’est qu’après cette formation que j’ai pensé à travailler dans l’exploitation familiale. hectares en pleine propriété et travaux au total sur près de 500 hectares, majoritairement en fermage. »
Cette ferme a-t-elle toujours été destinée au grain ?
« Mes arrière-grands-pères pratiquaient la polyculture. Mon père a voulu arrêter l’élevage au début des années 80. Il agrandit peu à peu l’exploitation familiale, grâce à des activités commerciales dans l’agriculture. Il s’est également spécialisé dans le polonais. Lorsque je l’ai rejoint, nous avons essayé de privilégier les produits à plus forte valeur ajoutée. C’est ainsi que nous sommes également devenus des entreprises de semences. »
Est-ce la même approche qui vous a fait commencer à cultiver du houblon ?
« C’est vrai et nous avons créé la première houblonnière de 3 ha. Adeline, ma compagne, a réussi à intégrer la ferme pour m’accompagner dans ce projet atypique pour la région. Nous développons actuellement un peu plus de 2 hectares. phase d’observation, car nous n’avons fait que deux récoltes. Nous sommes repartis avec cinq variétés américaines particulièrement résistantes aux maladies et susceptibles de s’adapter à notre climat. Deux variétés semblent s’être assez bien adaptées à nos conditions pédoclimatiques et apportent toutes la qualité attendue.
Pourquoi étiez-vous particulièrement intéressé par la culture du houblon ?
« Amateurs de bières artisanales, nous avons décidé de cultiver du houblon biologique. Je soulignerais que pour le reste de nos cultures nous sommes en conventionnel. La demande de houblon biologique est élevée parmi toutes les brasseries artisanales, bien qu’elles n’aient pas l’obligation d’inclure du houblon biologique. afin d’obtenir le label de bière bio. Le houblon, qui n’inclut que quelques grammes par litre dans la fabrication de la bière, a droit à une dérogation. En raison de son image, de nombreuses brasseries bio privilégient un approvisionnement 100% bio. Cette démarche bio, je osons l’admettre, n’est pas une conviction personnelle, mais une réponse à la demande du marché. »
Vous semblez avoir quelques réserves sur l’approche bio…
« Je ne suis pas vraiment sûr qu’on respecte plus l’environnement dans le travail bio que dans le travail classique. Avec le bio, on traite beaucoup plus souvent, car on agit de manière préventive. Il faudrait alors considérer, par exemple, les émissions de CO2. en raison de la consommation supplémentaire de diesel. Il est vrai que nous n’utilisons pas d’engrais et de produits chimiques. Dans l’ensemble, cependant, je ne suis pas sûr du véritable avantage environnemental. J’ai soumis à nouveau mon projet pour répondre au marché. Le houblon conventionnel français est souvent destiné aux grandes brasseries industrielles, mais en plus on le trouve souvent moins cher dans les grands pays producteurs, USA, Allemagne ou pays de l’Est.L’Espagne aborde la culture du houblon bio avec tout ce que l’on peut craindre. , étant donné que leurs normes écologiques ne sont pas les mêmes que les nôtres… »
L’agriculture biologique demande souvent beaucoup de travail. Pouvez-vous trouver le personnel?
« Les travaux de désherbage et d’arrangement des cultures en général demandent beaucoup de main d’œuvre. Pour lutter contre les mauvaises herbes, on utilise un désherbant thermique, qui les brûle. et pas assez motivé pour travailler au rythme du climat. Il m’a fallu cinq ans pour constituer une équipe fiable. Autrefois, les jeunes faisaient le tour des fermes pour gagner un peu d’argent. Aujourd’hui, ce sont les parents qui les envoient à nous de… les élever!Ces mêmes parents qui, sans hésiter, nous font remarquer qu’on en fait trop pour eux…C’est parfois compliqué.On est juste installé à côté d’Agen donc on arrive à trouver un peu de travail saisonnier mais il y a beaucoup de turnover. C’est difficile de trouver du personnel en dehors de la période scolaire. Une solution facile serait de contacter des agents qui peuvent nous envoyer rapidement des dizaines de travailleurs étrangers d’Afrique du Nord et de plus en plus des pays de l’Est. rejette actuellement cette solution. Il y a une barrière de la langue et j’ai bien peur que la qualité du travail ne soit pas toujours au rendez-vous. Parmi les semences p J’ai un cycle continu avec l’ivraie, le grain et le houblon d’aujourd’hui, ce qui me permet de garder du personnel, des jeunes motivés toute l’année. Mais je suis dégoûté par le taux de chômage, alors qu’il y a beaucoup de travail à la campagne. Le système social est pervers. »
Avez-vous dû endurer des excès « d’agro-boulangerie » ?
« Comme beaucoup d’agriculteurs, on se fait gronder quand on roule sur les routes ou quand on pulvérise des produits complètement naturels… Il ne faut pas traiter le mercredi après-midi car il y a des enfants. Pas même le week-end. Mais c’est la météo qui dicte le travail avec l’urbanisation qui galope autour d’Agno, nous sommes entourés de néo-ruraux qui ne supportent pas la simple présence d’un tracteur au milieu des champs à cause du bruit qu’il fait. Je ne parle pas de ceux qui sont allés jusqu’à Nous volons les irrigants. Aux yeux de beaucoup, nous sommes sûrement classés parmi les pollueurs. Et pourtant, nous créons des paysages qu’ils admirent… Font-ils un lien entre ce qu’ils mangent à chaque repas et notre travail ? Non, je ne le suis pas bien sûr, on sait si peu de choses sur la réalité de notre profession. »
En tant que producteur de céréales, avez-vous droit aux subventions de la PAC (Politique Agricole Commune) ?
« Oui, mais on devrait vivre décemment même sans cette aide. La PAC est un moyen de contrôler les agriculteurs, en leur imposant des réglementations parfois complètement stupides. Par exemple, il faut mettre des haies et laisser les terres en jachère pour préserver la biodiversité. Cela s’appréhende à grande échelle. plaines céréalières. En Lot-et-Garonne, on est noyé dans les bois. On travaille sur 110 parcelles sur 500 hectares. La réglementation dans un paysage extrêmement morcelé ne doit pas être la même que sur les grands plaines céréalières. La PAC a été conçue par des technocrates qui viennent rarement de Bruxelles ou de Strasbourg ils vont sur le terrain… »
Vous craignez une inflation galopante et certains problèmes d’approvisionnement ?
« Ce n’est plus une question de peur, c’est une question d’anxiété. Il y a quelques mois, en monnaie constante, les prix des céréales étaient au même niveau qu’au début des années 1960, alors que tous les prix ont explosé en plus de six mois. siècle. Le prix des céréales a doublé, et dans le même temps, le prix des engrais a triplé avec la crainte qu’ils ne soient plus disponibles. Sans oublier le prix du GNR (gazole non routier), qui a été multiplié par près de Trois. Cependant, en raison des conditions climatiques que nous avons connues – et cela se reproduira inévitablement – nos rendements sont devenus très faibles. »
Quel avenir pour les céréales dans ce contexte ? Malgré tout cela, vous continuez à investir et semblez attaché à votre travail ?
« Ce métier, qui n’était pas un métier au départ, est devenu une passion. Je ne regrette pas de m’être installé, mais je suis motivé par la diversification et les nouveaux projets. C’est pourquoi je peux vous faire confiance qu’en 2023 nous développerons l’agriculture et activité brassicole Nous serons à la ferme organisé une réception pour faire le tour des houblons et de la brasserie Nous vendrons notre bière sous la marque Houb’s (houblon et orge réunis pour les Bières du Sud) C’est ce projet, en ce moment, qui me permet de ne pas trop penser aux problèmes à venir.