Qui est Thomas Thomassin, le protagoniste du quatrième et nouveau roman d’Élodie Llorca, Invasions Domestiques ? Après avoir été téléopératrice dans une compagnie d’assurances dont le métier est d’aider sa police à distance, elle cache une personne disparue. De l’aide, le célèbre Thomas en aura besoin, car, pas de chance, à la veille de la Toussaint, les canalisations de son appartement fuient.
Après avoir laissé un message à une dizaine de plombiers, l’un d’eux, Joël, le rappelle à minuit vingt précises. Le rendez-vous est pris pour le lendemain, 8h. A sept heures cinq, le sauveur est déjà là. Celui qui dit « Ne vous inquiétez pas pour la plomberie, c’est mon affaire » ne réparera pas la fuite tout de suite. Du « tu me paies quand le travail est fait » au « tu sais, ce n’est pas dans la nature de Joël de laisser son client en difficulté », le technicien s’immisce peu à peu dans la vie de Thomas. Cela apporte un grain de folie aux jours terribles du téléopérateur.
Rejeté par Christelle qui la trouvait trop secrète, en délicatesse avec ses parents avec lesquels il ne put s’imposer dès la mort de son frère cadet Fabrice, éloigné de son ami Antoine, aujourd’hui marié et père de famille, le mari mène une vie solitaire existence. Jusqu’à cette rencontre improbable avec Joël.
Raconté à la première personne, Invasions Domestiques est un moment irrésistible de lecture trépidante. Soutenue par de délicieux dialogues et une interprétation théâtrale, l’écriture d’Élodie Llorca (Suresnes, 1974) est volcanique. On ne résiste pas à son sens de l’observation ou au détail qui tue : « Son slip était retroussé et à travers la trame de coton il voyait bien sa ligne. » Elle raconte, avec un plaisir évident, les aventures de son anti-héros passionné du découpage, de l’assemblage, des collages dont le sujet principal est sa collègue Kim-Ly. Un hobby qu’il pratique dans le secret de son annexe. Une histoire, caractérisée par des moments absurdes, agrémentée de situations incroyables, particulièrement bien écrites sans trop où elles surgissent, en filigranes d’une certaine vitesse, réflexions pénétrantes sur les moments de bascule, quand tout nous échappe et que nous n’avons aucune prise. rien.
« Une heure plus tard, j’ai repris contact. L’engin se poursuivait. Il m’a expliqué qu’il était coincé avec une Japonaise dont la chaudière faisait une dépression nerveuse. Je suis en train de la réchauffer », a-t-il dit d’un ton ambigu. , donc je ne comprenais pas si cela voulait dire la chaudière ou cette femme. Je me demandais si la vulgarité d’un homme comme lui séduirait Kim-Ly.