Jeudi 23 juin, séance de rendez-vous d’affaires à la Maison pour tous du Bois l’Abbé à Champigny-sur-Marne, organisée à l’initiative de la préfecture dans le cadre du club entreprise inclusive. En ligne pour s’asseoir à la table d’Enedis, le gestionnaire du réseau électrique, Zabiullah est prêt. Droit, petit polo et pochette à la main, le trentenaire, arrivé d’Afghanistan en 2018, explique avoir terminé sa formation d’électricien il y a un mois et demi. « Là-bas, j’ai étudié le génie civil. Mais ma situation ne me permettait pas de reprendre ces études alors j’ai poursuivi ma formation d’électricien », raconte-t-il dans un français plus que correct, atténué par un léger accent. « A chaque fois que j’envoie mon CV dans une agence d’intérim, on me dit que je n’ai pas assez d’expérience », se plaint-il. Zabiullah a multiplié les expériences dans divers secteurs depuis quatre ans, dans la restauration, dans la vente, dans les chantiers…
“Votre expérience, ce n’est pas un problème“
« Votre expérience n’est pas un problème. Vous parlez bien le français, votre accent n’est pas une barrière », encourage Christophe Lacote, responsable des entretiens pour Enedis. Avec une vingtaine de postes à pourvoir en région parisienne, en concurrence avec d’autres opérateurs, le recruteur ne compte pas laisser échapper les talents. « Avec nous, vous pourrez voir différents endroits, différentes régions, voire différents pays. Nous offrons des emplois pour les techniciens qui travaillent sur le terrain et pour les chargés de projet qui supervisent la connexion des clients. Pour lequel souhaitez-vous postuler ? Zabiullah choisit de devenir chef d’entreprise, sans cacher ses projets personnels : « Mon objectif serait de travailler 3 ou 4 ans pour acquérir de l’expérience, puis me lancer en freelance ». « C’est une grosse ambition », commente le recruteur.
Le Grand Paris Express et les Jeux olympiques pèsent sur les besoins de métiers techniques
Fort de 30 ans d’expérience, ce chargé de relations collectivités démontre son urgence à recruter. « Nous avons de nombreux gros projets à venir, notamment avec le raccordement du Grand Paris Express et les sites des Jeux Olympiques de 2024. En 2021, nous avons augmenté nos connexions de 10 % et nous suivons la même année de tendance. La demande devient donc de plus en plus pressante ».
Le stress du premier entretien
Originaires de Vitry-sur-Seine, Kenza, Suzanne et Alyssa, toutes trois âgées de 19 ans, passent leur premier entretien de leur vie et sont assez stressées. Heureusement qu’elles ne sont pas venues seules, leurs conseillères Pôle Emploi, Léa et Audrey, les ont accompagnées et leur ont prodigué le dernier conseil : « Ayez toujours sur vous un CV et une lettre de motivation. Ayez la tenue et le ton corrects et relisez vos notes au passage », répète Léa comme un mantra. « On nous accompagne, on se sent moins seul. Sans vous nous serions partis ! » Alyssa se confie à Léa.
Motiver
Nelson, 20 ans, s’efface et reste au téléphone. Venu avec le groupe, il n’a pas passé d’entretien car aucune des offres d’emploi ne correspondait à ses projets. « J’aimerais avoir un emploi dans le tourisme, comme agent de voyage ou dans le sport », envisage-t-il.
Comment accompagner un jeune moins motivé ? « On se serre les coudes. On lui fait comprendre que s’il a décidé de s’engager, ce n’est pas pour rien. Il faut essayer d’établir une relation de confiance, d’aller à son rythme pour qu’il se sente à l’aise », suggère Léa.
Temps partiel ou temps complet : s’adapter aux besoins des demandeurs
L’après-midi, les métiers des services à la personne (aides-soignants, petite enfance, ménage, etc.) sont au premier plan. Dans le hall de la Maison Pour Tous il n’y a que des candidates, comme Nadia et Rachida, 60 et 50 ans. Les deux amis sont venus en voisins : ils habitent la tour Carpeaux, à quelques centaines de mètres. Nadia cherche à faire du ménage, aider des personnes en situation de handicap ou encore être cantine, à condition qu’elle soit à temps plein. Depuis six mois, elle fait le ménage au collège Boileau, près du Bois l’Abbé, mais ce n’est pas suffisant : avec seulement deux heures de travail par semaine, elle gagne à peine 350 euros. Trop peu pour compléter la pension de son mari, enseignant à la retraite. Cette année le besoin se fait d’autant plus sentir avec l’inflation : « J’ai une fille de 30 ans et une belle-mère de 70 ans que je dois aider en Algérie. Je retourne les voir tous les étés, mais cette année le billet d’avion coûte 1 000 € ! », se plaint le sexagénaire originaire de Sidi Bel Abbès. Le billet est déjà payé, mais Rachida espère combler le vide de son budget. Elle a postulé chez Auxilife, spécialiste de l’accompagnement des personnes à mobilité réduite.
Pour sa compagne Rachida, la donne est différente. Avec deux enfants à la maison, elle ne cherche qu’un emploi à temps partiel. Et après avoir brièvement essayé d’être femme de ménage, elle ne cherche que des familles dans des bureaux ou des cantines : « J’ai tenu deux jours. Les gens ne sont pas sympas, on doit aller partout, on se fait reprocher d’être en retard au niveau des transports… et puis en deux jours je n’ai gagné que 60 €. Comment veux-tu travailler comme ça ? »
Fortes tensions sur les services à la personne
Dans le Val-de-Marne, les emplois à pourvoir dans les services domestiques ne manquent pas, multipliés par 4,6 entre les premiers trimestres 2021 et 2022, selon les données de Pôle Emploi. Présent jeudi, Jean-Victor, propriétaire d’une franchise O2, spécialisée dans les services à la personne à Villejuif et au Kremlin-Bicêtre, fait état d’une réelle difficulté à stabiliser les effectifs. « Les gens restent en moyenne un an. En deux ans, nous avons dû procéder à une trentaine d’embauches pour un effectif de 10 personnes au total. Aujourd’hui nous ouvrons 5 postes, pour anticiper la rentrée, mais aussi pour combler d’éventuels départs ». Pour ce rendez-vous d’affaires, l’entreprise avait reçu 11 CV avant la journée, mais seuls deux candidats se sont présentés. Pour attirer les gens, Jean-Victor essaie de rendre les offres plus attractives, en proposant par exemple des bonus et des chèques cadeaux. Récemment, il a également augmenté son salaire d’environ quinze cents au-dessus du salaire horaire minimum. Un effort timide : « Il faut aussi savoir rester rentable », rappelle-t-il.
Des entreprises de plus en plus demandeuses de ces rendez-vous
A Babychou, dans le secteur de la petite enfance, les résultats de la journée sont fructueux. Les 8 interviews de l’après-midi ont donné lieu à 8 interviews de 8 secondes ! Même succès chez Bien Vieillir, qui offre des services aux personnes âgées. Après 5 entretiens, l’agence Ile-de-France a procédé à 2 recrutements. De quoi ravir Nadia Megdoud, salariée du Pôle Emploi de Vitry-sur-Seine, co-organisatrice de l’événement : « On est bien, hein ? Écris le! « .
« Lorsque nous organisions des événements de ce type il y a quatre ou cinq ans, très peu d’entreprises étaient présentes, se souvient Laurent Jeanne, maire de Champigny. Nous accueillons aujourd’hui une vingtaine d’entreprises. Beaucoup proposent directement des CDI et sont beaucoup moins exigeants sur les profils ».
Au total, une trentaine d’employeurs ont répondu jeudi, du géant allemand du hard discount Lidl au spécialiste du travail en hauteur Colibri, en passant par Enedis ou une entreprise de services à la personne. 86 emplois devaient être couverts.
Job dating au pavillon Baltard
La veille c’est à Nogent-sur-Marne, au pavillon Baltard, que l’association Visemploi 94 avait organisé, avec le même succès, un job dating dans le cadre de la célébration des 20 ans du club Vivre et entrepreneurs. « Nous avons eu 200 offres d’emploi d’entreprises et 200 candidats avaient postulé », raconte Catherine Thibaux, responsable de l’équipe 94 de l’association qui propose du mentorat pour aider les personnes éloignées de l’emploi à se réinsérer dans une carrière professionnelle.
Bus destination emploi chez Transdev
Cette même semaine, le territoire du Grand Paris Sud Est Avenir et l’opérateur de transport en commun Transdev ont organisé deux journées de rendez-vous d’affaires à Créteil avec un bus d’affaires, pour tenter de recruter des chauffeurs, mécaniciens, agents de médiation… Une simulation de conduite de bus, baptisé Destination emploi, qui a ensuite fait escale à Sucy-en-Brie, Champigny et encore Brie-Comte-Robert. « Je travaille depuis longtemps dans la sécurité à Créteil-Soleil, les horaires ne s’adaptent plus à mon rythme de vie depuis que j’ai des enfants. A la recherche d’un emploi plus accommodant. Je suis intéressé par le métier de médiateur des services de renseignements », témoigne Didier, arrivé un peu par hasard. « Ces rencontres sont l’occasion de découvrir des métiers méconnus en tension. Nous avons constamment besoin de recruter de nouveaux agents. Nous les formons nous-mêmes et sommes en mesure de leur offrir des perspectives de carrière », explique Sandrine Noël, chef de projet ressources humaines chez Transdev.
Propos recueillis par Raphaël Bernard et Florent Bascoul
Quels sont les secteurs qui ont du mal à recruter ?
Avec des prévisions d’embauches en forte hausse dans tous les secteurs, les difficultés à trouver la perle rare s’accroissent : plombiers et chauffagistes dans le secteur du commerce, couvreurs dans le BTP ou encore chaudronniers et métallurgistes dans l’industrie…
Quel secteur recrute-t-il le moins ? Exploitants d’installations sportives et culturelles. Sur la troisième marche du podium de ce classement des professions qui embauchent le moins en 2019, ce sont les exploitants de structures sportives et culturelles qui se distinguent par le manque d’offres d’emploi, avec seulement 83 projets de recrutement prévus cette année.
Quel est le meilleur métier en 2021 ?
La médecine reste l’une des professions les mieux rémunérées au monde en 2021.
Quel est le travail qui rapporte le plus ? Voici le salaire de quelques métiers bien rémunérés dans le monde de la santé : Cardiologue : jusqu’à 9 000 € par mois. Chirurgien : jusqu’à 11 500 € par mois. Dentiste : jusqu’à 7 500 € par mois.